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À La Une - Liban-Syrie

Les parents des otages chiites en Syrie suspendent leur campagne contre les intérêts turcs

Les parents des pèlerins chiites enlevés en mai dernier dans la région d’Alep ont organisé hier matin un sit-in devant les locaux de la Turkish Airlines, dans le centre-ville, empêchant les employés d’avoir accès à leurs bureaux. En soirée, ils devaient toutefois suspendre leur campagne contre les intérêts turcs.

Un bref et timide sit-in des parents des otages chiites à l’entrée du siège de la Turkish Airlines, devant l’immeuble des lazaristes, dans le centre-ville. Photo Hassan Assal

L’affaire des pèlerins chiites libanais enlevés le 22 mai dernier par un groupe de l’opposition syrienne dans la région d’Alep, alors qu’ils revenaient par voie terrestre d’un pèlerinage en Iran, a connu hier un nouveau rebondissement. Les proches des otages ont en effet entamé, en début de matinée, la campagne contre les intérêts turcs qu’ils avaient menacé de lancer au début de la nouvelle année en vue de faire pression sur le gouvernement d’Ankara pour l’amener à intervenir auprès des ravisseurs syriens afin qu’ils libèrent les pèlerins chiites.


Mettant ainsi leur menace à exécution dès le premier jour (ouvrable) de l’année, les parents des otages ont débuté leur campagne et leur mobilisation par un sit-in, tôt hier matin, devant les locaux de la compagnie Turkish Airlines à l’entrée de l’immeuble des lazaristes, dans le centre-ville de Beyrouth. Les protestataires ont entrepris dans un premier temps de monter au premier étage de l’immeuble où se trouvent les bureaux de la compagnie turque et ont placé des scellés à la cire rouge pour fermer les bureaux. Les forces de l’ordre sont toutefois rapidement intervenues et ont amené les manifestants à se contenter d’organiser un sit-in à l’entrée de l’immeuble en question. Il n’en reste pas moins que les parents des otages ont empêché les employés d’avoir accès à leurs bureaux.


Dans un communiqué rendu public par la suite, et diffusé par l’Agence nationale d’information (ANI), le comité représentant les parents des otages a réaffirmé sa détermination à mener « une vaste campagne de boycott des produits et des intérêts turcs au Liban ». Dans son communiqué, le comité a espéré que les Libanais « se montreront solidaires » avec ce mouvement, qui sera « pacifique » de manière à permettre « à la commission ministérielle (chargée de suivre ce dossier) et au directeur général de la Sûreté générale, le général Abbas Ibrahim, de poursuivre leurs efforts » pour obtenir la libération des otages. Le communiqué invite sur ce plan la commission en question à « fixer un calendrier à son action ».


Les proches des otages ont d’autre part refusé « tout marchandage visant à obtenir la libération de certains prisonniers relevant d’organisations terroristes, tels que le Jordanien Abdel Salam Abdel Malak ». « Nos fils sont innocents, ajoute le communiqué. Ils étaient en visite (en Iran et en Syrie) et ils sont totalement étrangers à la politique ou à une quelconque organisation politique ». « Nous demandons à toutes les parties de se tenir à nos côtés, car nous sommes tous à la même enseigne, nous sommes tous libanais, souligne le communiqué. Aujourd’hui, nous sommes, nous, concernés, mais demain nul ne sait qui pourrait vivre une même situation. »

La suspension de la campagne
En soirée, le comité des parents des otages devait annoncer, dans un communiqué de presse, « la suspension provisoire » de la campagne contre les intérêts turcs « à la demande de la commission ministérielle chargée de ce dossier et du directeur de la Sûreté générale, le général Abbas Ibrahim, afin de permettre la poursuite des efforts déployés pour clore ce dossier ». « Nous espérons que cette affaire sera réglée dans les plus brefs délais par les autorités turques, afin que les relations avec celles-ci redeviennent comme avant des relations amicales et fraternelles. »


Auparavant dans la journée, le ministre de l’Intérieur Marwan Charbel avait démenti, dans une déclaration à une radio locale, que les intérêts turcs soient menacés, du fait de la fermeture, par les parents des otages, hier matin, des bureaux de la compagnie Turkish Airlines. « Les autorités turques, a notamment déclaré sur ce plan le ministre de l’Intérieur, n’agissent pas sous la pression. Toutes les pressions exercées sur elles sont sans effet, d’autant que d’autres facteurs constituent un élément de pression sur elles au sujet de ce même problème. »
Rappelant que l’État poursuit ses efforts sur ce plan et a même soulevé la question avec l’émissaire onusien et arabe Lakhdar Ibrahimi, M. Charbel a déclaré que « ce genre d’actions (menées par les parents) n’aboutira pas aux résultats escomptés au cas où l’escalade se poursuit ». « La seule voie possible est de faire preuve de sagesse et de patience », a affirmé M. Charbel qui a exclu dans ce cadre que « la pression sur les autorités turques aboutisse au retrait de l’ambassadeur de Turquie ». Et le ministre de l’Intérieur d’ajouter à cet égard : « Nous espérons que la Turquie fera preuve de compréhension et qu’elle continuera à soutenir l’État et à intensifier ses efforts avec plus de sérieux dans le but de clore ce dossier. »


Il convient de rappeler que le rapt des pèlerins chiites – au nombre de onze, dont deux ont été libérés – avait été revendiqué par un groupe dirigé par un homme se faisant appeler Abou Ibrahim, basé à Azaz près de la frontière turque, et se réclamant de l’Armée syrienne libre (ASL), principale force de l’opposition armée. Mais cette dernière avait démenti toute implication dans ces enlèvements.
Les proches des otages libanais ont déjà mené plusieurs coups d’éclat au Liban, bloquant notamment la route de l’Aéroport international de Beyrouth. Plusieurs dirigeants libanais se sont rendus à Ankara pour demander aux autorités turques d’intervenir auprès des rebelles.


Deux Turcs avaient été pris en otage au Liban cet été, où une vague de rapts avait visé notamment des Syriens, avant d’être libérés.
Le clan chiite libanais des Moqdad avait revendiqué le rapt de l’un d’eux en représailles à l’enlèvement en Syrie d’un de leurs membres (autre que les onze pèlerins) par des rebelles qui l’accusent d’être un tireur embusqué à la solde du Hezbollah.

 

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