« Le refus de former un nouveau gouvernement est une preuve que certains veulent poursuivre la politique d’hégémonie et de monopole du pouvoir », a-t-il dit avant de préciser : « Nous ne disons pas “ôtez-vous pour qu’on s’y mette”, mais tout simplement “laissez le pays souffler de manière à faire baisser la tension pour la période à venir, œuvrer à éliminer les risques sécuritaires qui menacent la nation, et améliorer la situation socio-économique qui se dégrade au fur et à mesure”. » Selon lui, il s’agit d’ « actions urgentes qui sont nécessaires en vue de paver la voie aux élections afin qu’elles se déroulent dans un climat calme et démocratique permettant une concurrence politique par le biais du scrutin ». M. Siniora a en outre souligné que l’idée est d’éviter au pays des troubles supplémentaires qui pourraient survenir en raison des événements qui secouent la région, plus particulièrement la Syrie.
Le chef du bloc du Futur a par ailleurs estimé que le gouvernement, « qui est celui du Hezbollah », s’est maintenu « en vue d’assurer les intérêts du parti sur les plans local et régional, mas aussi dans le but de protéger le régime syrien ». Et d’insister sur le fait que ceux qui continuent de s’attacher à ce gouvernement et à sa continuité « servent en définitive les objectifs pour lesquels ce gouvernement a vu le jour ». Par conséquent, a-t-il ajouté, « tous ceux qui restent soumis à ces forces ne servent ni l’intérêt du Liban ni celui des Libanais ».
Prié de répondre à l’invitation adressée par le président de la République, Michel Sleiman, aux forces du 14 Mars à proposer une alternative au dialogue, M. Siniora a assuré que le camp de l’opposition « porte le plus grand respect au chef de l’État, et au rôle responsable qu’il assume parfaitement en tant que président (...) et en tant qu’arbitre entre les parties en présence ».
« À notre tour, nous disons que le dialogue est le seul langage que nous tolérons et que nous connaissons, à condition que le dialogue soit bénéfique et productif, et non l’occasion de poser devant les caméras, en adoptant des recommandations qui resteront lettre morte et qui sont déconnectées de la réalité », a encore ajouté l’ancien chef de gouvernement.
« Le président de la République sait parfaitement que nous avions participé la dernière fois au dialogue, convaincus par la crédibilité de la première magistrature et surtout pour appuyer son point de vue », a-t-il rappelé. « Résultat pratique : le Hezbollah – dont les armes étaient au cœur du dialogue et la raison pour laquelle le dialogue devait se tenir – a foulé aux pieds toutes les décisions prises dans ce cadre », a-t-il déploré.
L’ancien Premier ministre a rappelé que les forces du 14 Mars avaient présenté, en septembre dernier, une pétition parlementaire et préalablement un mémo au chef de l’État dans lesquels elles explicitaient leur vision relative aux dangers qui menacent le pays, et des suggestions pratiques pour y faire face et trouver une solution.
Selon lui, trois développements majeurs ont fini par vider ce dialogue de tout sens. Tout d’abord, a-t-il dit, le drone iranien lancé à partir du Liban en direction d’Israël, « alors que la déclaration de Baabda venait juste d’être formulée ». Ensuite, les propos du secrétaire général du Hezbollah reconnaissant que son parti envoie effectivement des combattants pour participer aux opérations « jihadistes » en Syrie.
« Si certains d’entre eux n’avaient pas été tués au cours de leur mission, nous n’aurions jamais su que le parti prenait part aux batailles qui se déroulaient en Syrie », a signalé M. Siniora. Quant au troisième développement, a-t-il dit, c’est celui de l’assassinat du général Wissam el-Hassan qui venait de rentrer par l’AIB d’où, semble-t-il, il aurait été suivi jusqu’au moment de l’explosion.
En réponse à une question, l’ancien Premier ministre ne s’est pas privé de dire que son camp politique « n’a plus confiance dans l’autre partie, dans le gouvernement et encore moins dans le Hezbollah ».
Et d’estimer en conclusion que l’opposition est aujourd’hui prête à revenir sur sa décision de boycotter le dialogue, « à condition que l’autre partie avance des initiatives concrètes et pratiques démontrant qu’elle respecte les autres, l’intelligence des Libanais et leur dignité ».
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