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Onze journalistes arabes à Berlin pour un meilleur dialogue entre l’Orient et l’Occident

Gedenkstätte Berliner Mauer à la Bernauer Strasse : où l’on se souvient des vies brisées de ceux qui vivaient à côté du mur

Au Gedenkstätte Berliner Mauer, les bâtons en bois rappelent le mur de Berlin.

La dernière fois que j’avais pleuré ainsi devant des photos de personnes ayant vécu et souffert à cause de la guerre, c’était il y a plusieurs années au mémorial de la Shoah à Paris.
La même chose m’est arrivée récemment. J’étais au Gedenkstätte Berliner Mauer, à Bernauer Strasse, c’est-à-dire au mémorial du mur de Berlin, dans une drôle de rue divisée en deux pendant 38 ans.
J’étais horriblement triste en regardant des images et courts-métrages en noir et blanc, ceux de personnes qui menaient de petites vies normales, douces et amères, avant le 13 août 1961, date de la construction du mur de Berlin.
J’étais un peu embarrassée, mais en même temps soulagée du fait que les gens visitant le site, debout à côté de moi, ne savaient pas que je n’avais pas de famille à Berlin-Est, un grand-père qui était mort sous le feu en franchissant la clôture, ou même un membre de la famille grièvement blessé au cours de la Seconde Guerre mondiale...
C’est ce même sentiment que j’avais eu il y a longtemps à Paris. Je n’ai pas un grand-oncle qui est mort dans un camp de concentration, une grande tante qui a été expulsée de chez elle, ou un vieux cousin du troisième degré qui se souvient d’avoir porté l’étoile jaune en allant à l’école.
Plus que ça, je vis au Liban, à la frontière d’Israël, et mon pays est en guerre avec l’État hébreu depuis 1948.
Je sais pourquoi j’étais embarrassée, car je me souviens de l’exemple que l’une de mes professeurs d’école avait donné une fois concernant l’hystérie, la simplifiant un peu trop. C’est comme si quelqu’un se promène à Londres aujourd’hui et fond en larmes quand il se souvient du grand incendie de 1666, avait-elle dit.
Je ne suis pas hystérique, ou c’est ce que j’aime penser. Et je sais pourquoi j’ai fondu en larmes devant ces images. Mes blessures ne sont pas encore guéries, et peut-être qu’elles ne le seront jamais : je suis née à Beyrouth, une ville coupée en deux par des tireurs embusqués et des barricades pendant 13 ans. Le Liban a été témoin, durant 15 ans, de guerres et d’atrocités, et il est encore l’objet de nombreuses crises, de nombreux conflits et de bouleversements.
Mon expérience des guerres, des divisions, des barricades et de l’injustice, ainsi que mon travail de journaliste m’ont appris que malgré les guerres et le racisme, tous les êtres humains rient, pleurent, aiment et meurent de la même façon.

 

Pat. K.

(Traduit en anglais et publié sur le site du Goethe Institut lors de la formation qui s’est tenue à Berlin).

La dernière fois que j’avais pleuré ainsi devant des photos de personnes ayant vécu et souffert à cause de la guerre, c’était il y a plusieurs années au mémorial de la Shoah à Paris.La même chose m’est arrivée récemment. J’étais au Gedenkstätte Berliner Mauer, à Bernauer Strasse, c’est-à-dire au mémorial du mur de Berlin, dans une drôle de rue divisée en...