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Liban - Initiative

Corrompre et se faire corrompre : la lutte contre un système tenace

Transparency Lebanon mesure l’état du Liban actuel au niveau de la transparence, et propose des solutions afin de lutter contre la corruption.

Rabih el-Chaër, directeur général du bureau exécutif de Transparency Lebanon.

En 2013, le Liban sera évalué par les inspecteurs de l’ONU sur la question de l’accès à l’information, la corruption et la transparence. Pour Transparency Lebanon, filiale de Transparency International, il s’agit de se pencher sur un système dont tous connaissent les rouages, mais que peu pensent pouvoir assainir.
L’index de corruption permettant d’évaluer la transparence dans chaque État a été établi par Transparency International afin de situer les pays selon leur niveau de corruption, prenant en compte les études et les sondages de plusieurs instances internationales. Le Liban occupe la 128e place sur 176 pays. Ce chiffre figure dans le rapport annuel publié mercredi par l’organisation internationale qui relève de surcroît que la corruption atteint toutes les institutions de l’État. Le Liban fait ainsi partie des 50 pays les plus corrompus au monde. Il s’agit d’une réalité que beaucoup de contribuables mesurent d’ailleurs dans la vie de tous les jours.
Et par rapport au monde arabe ? En 2011, le Liban a fait partie des pays les plus corrompus, occupant les dernières places du classement au Moyen-Orient. En effet, le Liban ne dépasse que l’Irak, le Yémen et la Libye dans le monde arabe sur le classement de la transparence. Même la Syrie, en pleine révolution, est plus transparente que le Liban au niveau des institutions. La situation libanaise est donc désastreuse, mais elle l’est encore plus lorsqu’il s’agit de voir à quels pays le Liban doit se comparer : c’est-à-dire à la Tunisie, au Maroc et à l’Égypte, avec lesquels le Liban occupe des places similaires dans le classement de la corruption.

 

(Lire aussi : Près de 500 médicaments frelatés sur le marché libanais)


Le but de Transparency Lebanon, selon Rabih el-Chaër, directeur général du bureau exécutif, n’est pas de critiquer les dirigeants de l’État mais de « faire s’écrouler un système favorisant la corruption ». « Le Liban n’a toujours pas de budget clair. Les administrateurs eux-mêmes parfois n’ont pas idée des budgets qu’ils font voter. Sur les taxes payées au Liban, 2 milliards de dollars sur les 5 milliards de dollars s’échappent des feuilles budgétaires », déclare-t-il.
Rabih el-Chaër évoque également la lenteur de la justice au Liban. « Les citoyens ne veulent pas saisir la justice pour leurs affaires car ils savent que la durée moyenne d’un procès est de cinq ans. » Selon lui, le citoyen n’a plus le choix que de suivre le système, émigrer ou de s’associer, au contraire, au crime qu’est la corruption, puisque les sanctions sont absentes.
On comprend donc qu’il s’agit d’épurer un système entier afin d’attaquer ses failles. « La loi elle-même est faite pour ne pas être appliquée », note Rabih el-Chaër. Transparency Lebanon cherche donc à offrir un cadre juridique aux citoyens, une base première pour les pousser à utiliser leurs droits. Dans ce projet est évidemment incluse l’institution policière : les citoyens, n’ayant pas confiance dans leurs gardiens, cherchent trop souvent à se faire justice eux-mêmes, selon lui.


Rabih el-Chaër tend à baser ce combat sur les quelques origines juridiques qui le permettent. « L’article 353 du code pénal exempte celui qui a payé un pot-de-vin de toute pénalité s’il prend l’initiative de dénoncer l’infraction. » Le citoyen se trouve donc directement impliqué : par la dénonciation systématique, les Libanais pourraient contribuer à faire la lumière sur les cas où la corruption prend le dessus et espérer ainsi voir le projet de Transparency aboutir.
Quid du secteur privé ? « Bon gré, mal gré, il est complice du système à qui il faut proposer des alternatives réalistes. » Transparency Lebanon a organisé des colloques avec des cadres d’entreprises afin de sensibiliser les entrepreneurs et les employés sur les problèmes posés par la corruption. Avec 800 chefs d’entreprise, la filiale de Transparency International essaie d’étudier la relation des sociétés avec l’État et leur vision de la transparence au Liban. Il s’agit de « revitaliser le Networking » et de « monter les hommes d’affaires contre les pots-de-vin ».
Par le biais des médias, Rabih el-Chaër souhaite que les investigations apportent des connaissances à l’ensemble des citoyens, identifient les responsables d’un système global et clarifient les interactions de toute nature. « L’action ne sera vraiment possible que lorsque la société civile sera au courant » des abus commis, déclare-t-il. « Cela ne se fait pas du jour en lendemain, bien évidemment, et il y a des risques à prendre. Mais les arrangements, les cartels, les pots-de-vin, cette jungle globale dans laquelle nous vivons nous prouvent qu’il faut prendre ces risques », martèle Rabih el-Chaër.


Transparency Lebanon souhaite mettre en place ses objectifs en relation directe avec les élus, quel que soit leur bord. « Nous sommes apolitiques, mais nous ne sommes pas seuls, grâce aux médias. Les élus doivent faire appliquer le projet du comité central contre la corruption », ajoute-t-il. « On en a assez de tourner en rond perpétuellement. Et si le combat peut prendre plusieurs années, nous avons conscience que cela n’est rien dans la vie d’une nation. Le potentiel est là, alors gardons espoir. »

 

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commentaires (3)

CHIMERES ...................

leylaricha

13 h 49, le 08 décembre 2012

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Commentaires (3)

  • CHIMERES ...................

    leylaricha

    13 h 49, le 08 décembre 2012

  • Une solution existe ! Nettoyer les écuries d'Augias...

    SAKR LEBNAN

    05 h 35, le 07 décembre 2012

  • L'article termine en parlant "du projet du comité central contre la corruption que les élus doivent faire appliquer". Où se trouvent ce comité et son projet ? Ce n'est pas clair. D'autre part, que peut-on attendre en termes de lutte contre la corruption dans un pays dont le chef du gouvernement même se voit obligé d'arrêter un projet de "bateaux producteurs d'énergie électrique", dénonçant "qu'il y a dans le coût une commission réservée de 26 millions de dollars" (!!) et demandant "que ce coût soit renégocié" avec les compagnies, turques dans le cas ? Puis on ne sait plus rien à ce jour sur la question ? Et les citoyens continuent dépendants de la "mafia des moteurs particuliers" qui leur fournit de l'énergie et dépensant des sommes fabuleuses tous les mois, en plus du coût de l'énergie fournie par l'Etat.

    Halim Abou Chacra

    03 h 50, le 07 décembre 2012

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