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Moyen Orient et Monde - syrie

Pour les enfants d’Alep, un quotidien au rythme de la guerre

Balançoire de fortune dans l’entrée de leur immeuble pour ces enfants d’Alep. Miguel Medina/AFP

« Si j’ai peur ? Non, maintenant je suis habitué. » Ahmad, 12 ans, joue au ballon dans une rue du quartier de Seif el-Dawla, à quelques centaines de mètres du front à Alep, ville du nord de la Syrie théâtre depuis deux mois de combats et bombardements incessants. Avec ses deux sœurs, son petit frère et ses parents, il habite dans la maison de son grand-père, où vivent aussi ses oncles, depuis que la famille a quitté sa maison du quartier de Salhine, régulièrement pilonné par l’aviation et l’artillerie de l’armée syrienne. Comme beaucoup d’enfants en Syrie, Ahmad ne va plus à l’école en raison des violences. « Mon école a été détruite et ma maison le sera aussi peut-être bientôt », explique-t-il posément. Sa voix tremble un peu quand il évoque le raid aérien qui a réduit en miettes lundi deux immeubles résidentiels du quartier de Maadi, dans le centre historique d’Alep, faisant cinq morts, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). « Ma tante est morte avec ses deux filles. Ils les ont bombardés et leur maison s’est écroulée. Seul mon oncle a survécu et son corps est entièrement recouvert de blessures », dit Ahmad. Sa mère précise : « Ma belle-sœur a été retrouvée morte serrant ses deux enfants également décédés dans ses bras. » L’ONG Save the children a récemment averti que de nombreux enfants syriens, témoins de meurtres, tortures et autres atrocités, étaient « traumatisés » par le conflit qui a fait plus de 30 000 morts en 18 mois, selon l’OSDH, parmi lesquels plus de 2 000 enfants.
Au pied des banquettes mauves installées le long des murs du salon, Chahad, huit ans, Aya, sept ans, et Hammoud, trois ans, donnent des bouts de pain à manger à un chaton qui s’est faufilé dans la maison. La nuit, quand on dort, papa et maman viennent nous réveiller quand il y a des bombardements. Au début, c’est vrai, on avait peur, maintenant c’est fini », dit-elle derrière un sourire auquel manquent plusieurs dents de lait. Si Aya, comme son frère, se dit désormais « habituée » aux bruits des explosions et aux tirs de francs-tireurs postés dans les immeubles alentour, Chahad, elle, avoue sa peur. « À la télévision, j’ai vu plein de corps par terre », raconte-t-elle. « À chaque bombardement, on va se cacher, on descend à la cave ou on va dans la mosquée, parce que tout le monde meurt », explique-t-elle. « Papa ne nous laisse pas regarder, pour qu’on ne fasse pas de cauchemars », ajoute-t-elle.
Dans l’entrée de leur immeuble, leur père, Ayman, 36 ans, a installé une balançoire de fortune, fabriquée avec une corde, un coussin et un crochet au plafond. « Nous, les filles, on jouait sur les balcons avant. Maintenant, il n’y a plus de balcons, ils sont tous tombés », déplore Chahad, vêtue d’un ensemble jaune. Son frère, lui, peut s’aventurer avec son ballon dehors, mais il ne s’éloigne jamais vraiment de la maison. Ayman et sa femme veillent à garder leurs enfants à portée de vue. Car, quand soudain retentissent de nouveau les tirs de roquettes et les rafales de kalachnikov, ils les rassemblent tous dans la maison, avant de tirer le portail en fer.
Mais à Alep, personne n’est jamais vraiment protégé. Le balcon du salon où la famille passe ses journées donne sur une rue dégagée où roquettes et tirs de snipers peuvent s’engouffrer à tout moment.

(Source : AFP)

 

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