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Moyen Orient et Monde - Syrie

À l’ONU, l’opposition réclame davantage d’aide

Carla Del Ponte nommée commissaire de la commission d’enquête indépendante ; Ankara met en garde contre une « guerre régionale confessionelle ».

Des opposants au régime du président syrien Bachar el-Assad ont réclamé davantage d’aide de la communauté internationale hier à New York à l’occasion de la quatrième journée de l’Assemblée générale de l’ONU. En effet, les États-Unis pilotent en marge de l’Assemblée une réunion du groupe des Amis du peuple syrien avec une vingtaine de pays. Des opposants, qui ont été exfiltrés de Syrie, y ont participé à l’abri des caméras pour des raisons de sécurité.
Ainsi, Laurent Fabius a indiqué que la France avait multiplié les contacts avec la rébellion armée syrienne. « Le processus est complexe, mais le peuple syrien attend depuis un an et demi que l’opposition réussisse à aller de l’avant », a déclaré le ministre français des Affaires étrangères. La France a pris la décision « d’aider directement les structures civiles administrant les territoires libérés du contrôle du régime », a-t-il par ailleurs indiqué.
Lors de cette même réunion, la secrétaire d’État américaine Hillary Clinton a annoncé une aide supplémentaire pour la rébellion syrienne de 45 millions de dollars afin qu’elle puisse « se protéger et se défendre », ont indiqué des diplomates américains, tout en continuant d’exclure la fourniture d’armes, et jugeant également au passage que l’Iran ferait tout son possible pour protéger le président Assad, qualifié de « représentant et copain » du régime iranien à Damas. Refusant toute aide militaire directe et toute intervention armée en Syrie, les États-Unis s’en tiennent à une « aide non létale » (équipements de communications, formation...), qui atteint pour l’instant quelque 25 millions de dollars, en faveur de l’opposition syrienne sur le terrain. Washington a également porté début septembre à 103 millions de dollars son assistance humanitaire en Syrie et aux pays frontaliers qui accueillent des réfugiés. Saluant le « courage » des opposants, un responsable du département d’État a expliqué que la réunion des Amis du peuple syrien devait permettre « d’avoir de première source un état des besoins » de la rébellion.

Résolution
À Genève hier, les 47 États membres du Conseil des droits de l’homme de l’ONU ont adopté par 41 voix pour, 3 contre (Russie, Chine et Cuba) et 3 abstentions (Inde, Ouganda et Philippines) une résolution présentée par le groupe arabe, avec le soutien des États-Unis et de l’Union européenne, qui prolonge « le mandat de la commission internationale indépendante d’enquête » sur la Syrie. L’ancienne procureure du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY), Carla Del Ponte, a d’ailleurs été nommée commissaire de cette commission d’enquête, a-t-on appris de sources diplomatiques.
Le texte demande aussi au chef de l’ONU, Ban Ki-moon, de fournir à la commission « des ressources additionnelles, notamment humaines ». « Le travail de la commission est important. Elle permet de garantir que l’impunité ne pourra pas prévaloir », a déclaré la représentante américaine devant le Conseil, Eileen Chamberlain Donahoe.
Le mandat de cette commission formée il y a plus d’un an et dirigée par le Brésilien Paulo Sergio Pinheiro était arrivé à expiration. Elle a rassemblé, sur la base d’un millier de témoignages recueillis dans les pays voisins de la Syrie – Damas lui refusant un accès sur son territoire – des preuves sur des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité commis par les forces gouvernementales et les milices prorégime, notamment lors du massacre de Houla. Elle a également relevé des crimes de guerre commis par l’opposition armée, mais à une échelle beaucoup plus limitée. La commission a établi deux listes de noms de responsables ou d’unités impliqués dans ces crimes et des éléments de preuve, qu’elle a remis à la haut commissaire aux Droits de l’homme, Mme Navi Pillay. Ces documents ne seront pas pour le moment rendus publics et pourraient servir de base de travail en cas de saisine de la Cour pénale internationale (CPI) par le Conseil de sécurité de l’ONU. La résolution votée hier à Genève condamne à nouveau « toutes les violences, d’où qu’elles viennent, y compris les actes terroristes » et « réitère son appel aux autorités syriennes à respecter leur responsabilité de protéger la population ».
Avant le vote, la représentante russe, Maria Khodynskaya-Golenischva, a expliqué que son pays était « sur le point de parvenir à un compromis » avec les auteurs de la résolution, faisant valoir qu’il s’agissait d’un « texte plus équilibré » qui « condamne les actes de terrorisme ». La Russie, a-t-elle dit, ne peut toutefois pas « accepter » certaines conclusions, notamment celles concernant la tragédie de Houla. Pour sa part, le représentant syrien auprès de l’ONU, Faysal Khabbaz Hamoui, a condamné la résolution, estimant qu’il s’agit d’un « procédé honteux » et d’un « texte très tolérant vis-à-vis d’el-Qaëda ».
La veille, au siège des Nations unies, les secrétaires généraux de l’ONU et de la Ligue arabe, Ban Ki-moon et Nabil el-Arabi, et l’envoyé spécial de l’ONU et de la Ligue arabe, Lakhdar Brahimi, avaient souligné « la nécessité vitale pour la communauté internationale de s’unir pour soutenir le travail » de l’émissaire international, ainsi que le risque de voir la Syrie se transformer en « champ de bataille régionale », selon un porte-parole de l’ONU. Ils ont déploré aussi « la férocité des violations des droits de l’homme commises par le gouvernement et l’opposition » et ont demandé que les donateurs contribuent davantage aux opérations humanitaires en Syrie et en faveur des réfugiés dans les pays voisins, a-t-il ajouté.
 D’ailleurs, Ankara a mis en garde hier, toujours à l’ONU, contre la transformation du conflit syrien en « guerre régionale confessionnelle ».
(Source : agences)

 

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