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Moyen-Orient - Conflit

De Gaza à Ramallah, des Palestiniens déplorent une nouvelle "Nakba"

« Nous n'avons pas de droits, nous ne sommes pas libres de nos mouvements, les soldats israéliens surveillent nos faits et gestes. Ce n'est pas une vie », dénonce Ahmad Nimer.

Des Palestiniens tiennent un drapeau palestinien lors d'une marche pour marquer le 76e anniversaire de la Nakba à Ramallah, en Cisjordanie occupée, le 15 mai 2024. REUTERS/Mohamad Torokman

La guerre à Gaza plonge les Palestiniens dans une nouvelle « Nakba » ( »catastrophe »), se désole un Gazaoui ayant fui les combats, en référence à l'exode forcé de centaines de milliers de Palestiniens à la création de l'Etat d'Israël il y a 76 ans aujourd'hui.

« La Nakba que nous vivons » cette année à Gaza « est la pire de toutes. Bien plus dure que celle de 1948 », déplore Mohammed al-Farra, 42 ans, chassé avec sa famille par les combats et les bombardements israéliens de leur maison de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, vers la zone côtière d'al-Mawassi. « Nos vies ont été bouleversées », « les destructions et déplacements n'arrivent pas qu'une seule fois comme en 1948 mais se répètent encore et encore durant cette nouvelle Nakba », ajoute-t-il.

Entre le vote de l'ONU entérinant la création d'un Etat d'Israël en novembre 1947 et sa proclamation officielle le 14 mai 1948, une guerre civile voit s'affronter sur le territoire de Palestine milices arabes et juives. Quelque 760.000 Palestiniens vivant sur ce qui deviendra l'Etat d'Israël sont poussés à l'exil et trouvent refuge dans ce qui allait devenir la Cisjordanie et la bande de Gaza, ou vers les pays voisins (Liban, Syrie, Jordanie et Egypte).

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La guerre déclenchée depuis le 7 octobre par les attaques d'un ampleur inédite menées par le Hamas palestinien sur le sol israélien a poussé hors de chez eux, selon l'ONU, environ 70% des 2,4 millions d'habitants de Gaza, pilonnée par l'armée israélienne dans des proportions jamais vues jusque-là.

Une fuite sans issue dans un étroit territoire surpeuplé et assiégé, désormais en ruines, contraignant une grande partie des déplacés à repartir plusieurs fois, rattrapés par les combats là où ils avaient trouvé refuge.

Clés symboles 

« D'après (...) ceux qui ont vécu la Nakba » de 1948 « les bombardements, destructions, déplacements, morts et anéantissements de cette guerre sont sans précédent », estime lui aussi Ahmed al-Akhras, 50 ans, qui a fui le centre de Gaza pour trouver refuge à Rafah, désormais à son tour bombardée et théâtre de combats.

Un demi-million de personnes, certaines déjà déplacées, l'ont encore été une nouvelle fois depuis une semaine par les hostilités dans ce cul de sac du sud de Gaza, adossé à la frontière égyptienne.

En 1948, « pendant la Nakba, la souffrance se limitait à être forcé de partir », assure-t-il, citant l'expérience de sa famille contrainte de fuir la ville de Beersheva, aujourd'hui dans le sud d'Israël.

Mercredi dans plusieurs villes de Cisjordanie occupée, des milliers de personnes ont participé aux marches de commémorations, organisées chaque année le lendemain du jour anniversaire de la proclamation de l'Etat d'Israël, le 14 mai 1948.

A Ramallah, Hébron, Naplouse, ils ont brandi des drapeaux palestiniens, des grandes clés symboles de leurs maisons perdues et arboré des banderoles proclamant leur « droit au retour ».

Cette année, « il y a plus de douleur, pour nous et bien sûr pour les Gazaouis, nous vivons une deuxième Nakba » avec la guerre, explique à l'AFP Manal Sarhane, femme au foyer de 53 ans qui participe à un rassemblement à Ramallah.

Sirènes 

Le grand-père d'Ahmad Nimer a fui en 1948 son village près de Jérusalem et passé sa vie dans le camps de réfugiés de Qalandia, près de Ramallah, où vit désormais aussi l'adolescent de 16 ans.

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« Nous voulons la liberté pour Gaza, que le monde cesse de voir les Palestiniens comme des terroristes et comprenne que nous n'avons pas de droits, que nous ne sommes pas libres de nos mouvements, que les soldats israéliens surveillent nos faits et gestes. Ce n'est pas une vie », explique Ahmad disant le même sentiment d'emprisonnement que celui exprimé par d'autres jeunes Palestiniens interrogés.

Un étudiant palestinien de 20 ans, membre d'un groupe venant manifester, a été tué mercredi près d'un barrage israélien non loin de Ramallah, victime selon les autorités palestiniennes d'une balle israélienne.

A Ramallah, la foule s'est figée quand les sirènes ont retenti comme chaque année pendant une minute pour commémorer la Nakba. Beaucoup ont tendu les bras, en faisant le V de la victoire, selon une journaliste de l'AFP.

Cette marche « est un cri pour dire au monde (...) de nous soutenir, nous et notre lutte », résume Randa Khouffach, 53 ans. « C'est notre terre, ici et à Gaza, et nous avons le droit de vivre ici ».



La guerre à Gaza plonge les Palestiniens dans une nouvelle « Nakba » ( »catastrophe »), se désole un Gazaoui ayant fui les combats, en référence à l'exode forcé de centaines de milliers de Palestiniens à la création de l'Etat d'Israël il y a 76 ans aujourd'hui.« La Nakba que nous vivons » cette année à Gaza « est la pire de toutes. Bien plus dure que celle...
commentaires (2)

Là c'est une vrai Nakba !!! Car ici ils seront chassés. En 1948, ils avaient écoutés les pays arabes et pour beaucoup étaient partis en pensant revenir

Dorfler lazare

23 h 36, le 15 mai 2024

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Commentaires (2)

  • Là c'est une vrai Nakba !!! Car ici ils seront chassés. En 1948, ils avaient écoutés les pays arabes et pour beaucoup étaient partis en pensant revenir

    Dorfler lazare

    23 h 36, le 15 mai 2024

  • Votre droit est absolu. Les USA vous le denie de même que l’Union européenne . Vous n’avez pas à discuter avec Israël comme le stipule Biden pour créer votre état. C’est à l’ONU seule que vous devriez vous adresser, et les USA non pas à opposer leur veto, sinon qu’ils donnent leurs terres aux indiens qu’ils ont combattu, massacrés, parqués, chassés de leurs terres. Assez qu’ils se soumettent aux sionistes juifs. Les seuls interlocuteurs sont les juifs palestiniens.

    Mohamed Melhem

    22 h 58, le 15 mai 2024

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