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À La Une - L’éclairage

L’augmentation de l’échelle des salaires pourrait mener le Liban à sa fin

Les organismes économiques mettent en garde contre la situation périlleuse dans laquelle se trouve actuellement le Liban.

Le dossier économique a pris le dessus sur les différentes autres questions ces derniers jours, après le sommet spirituel tenu lundi à Bkerké, à la demande des organismes économiques qui avaient rendu visite au patriarche maronite pour le tenir au courant des dangers de l’adoption de l’échelle des salaires telle quelle et d’une banqueroute du pays similaire à celle de certains pays européens.


La question de l’échelle des salaires avait fait l’objet de contacts entre différents hauts responsables et les organismes économiques depuis que la mesure avait été envisagée. Les organismes avaient déjà plus d’une fois mis en garde contre l’extrême danger qui consisterait à approuver celle-ci dans le cadre de la récession économique, de la stagnation financière et de la baisse du taux la croissance, compte tenu des répercussions de cette situation sur les citoyens. Le gouvernement devrait au contraire œuvrer pour relancer la dynamique économique aux plans commercial et industriel, et ce dans tous les secteurs afin de n’adopter la mesure qu’une fois enregistrée une hausse substantielle du PNB et du taux de croissance, avaient souligné les organismes économiques.


Les organismes ont également mis en garde le président de la République, le président de la Chambre et le Premier ministre contre la situation périlleuse dans laquelle se trouve actuellement le Liban, et la crainte réelle d’assister à un effondrement de l’État. D’autant que le gouverneur de la Banque du Liban avait lui aussi demandé aux principaux concernés de geler le processus, soulignant qu’il ne pouvait assurer qu’une couverture de 500 millions de dollars américains, alors que l’augmentation dépasserait un milliard de dollars et aurait des répercussions sur l’ensemble des secteurs productifs, ainsi que sur les travailleurs et les citoyens. Ces derniers auraient donc à assurer eux-mêmes la couverture des dépenses impliquée par l’échelle des salaires, à travers de nouvelles taxes imposées par le cabinet pour couvrir la hausse du budget, assurer un équilibre budgétaire et baisser le pourcentage du déficit pour le maintenir à 20 %.


Les organismes économiques ont donc couru demander l’aide de Bkerké, qui a organisé ce sommet spirituel, lequel s’est penché sur la situation économique gravissime du pays et le danger de l’adoption de l’échelle des salaires. Bkerké a également convié les organismes à tenir une réunion au patriarcat pour dresser un bilan de l’état des lieux et prendre les mesures adéquates pour remédier à la situation. Le président des organismes économiques, l’ancien ministre Adnane Kassar, a remis dans ce cadre un mémorandum à la Chambre sur les retombées de l’échelle des salaires sur l’économie locale, qui aurait pour effet de creuser le déficit financier de pas moins de deux milliards de dollars supplémentaires. Le mémorandum cite également les mesures requises pour redresser la situation, notamment la rationalisation des emplois au niveau du secteur public, la consolidation des facteurs de croissance et la préservation de la stabilité des taxes, qui est l’un des facteurs les plus influents dans la préservation de la stabilité économique. M. Kassar a adjoint à ce document un deuxième mémoire sur l’influence des nouvelles taxes sur le financement du projet du gouvernement relatif à l’échelle des salaires, qui expose les retombées du poids des nouvelles taxes sur la situation économique, du fait de l’ébranlement de la stabilité taxale, ainsi que les répercussions négatives sur les citoyens. Ce document rejette le fait d’imposer au citoyen ce qu’il ne pourrait supporter, tout comme il met en garde contre la destruction systématique de l’économie et du secteur privé. Les organismes annoncent enfin leur rejet de toute décision hâtive du gouvernement sans discuter avec les partenaires fondamentaux (travailleurs et patrons) et qui se ferait à leur détriment et aux dépens de tous les Libanais.


Le Premier ministre Nagib Mikati a pour sa part discuté avec les organismes économiques et le gouverneur de la BDL et a échelonné l’augmentation des salaires sur quatre ans, ce qui n’empêche cependant pas les retombées négatives de cette mesure sur la situation économique. Le Conseil des ministres avait également rejeté une proposition du président de la République d’annuler l’augmentation sur les salaires des présidents, des ministres et des députés, et de baisser tous les salaires de 20 % pour permettre à l’État d’absorber le poids financier. Le chef de l’État avait demandé au Premier ministre de régler la question de manière sage et objective, loin de la surenchère politique et électorale et conformément à des critères économiques et financiers qui n’épuiseraient pas le Trésor et ne mèneraient pas le pays directement au gouffre financier et économique.


La question économique s’est également invitée de facto à la table de dialogue, abordée par plus d’un participant dont l’ancien Premier ministre Fouad Siniora, qui a lui aussi mis en garde contre les retombées extrêmement graves de la démarche du gouvernement. M. Siniora a indiqué que le Liban n’avait toujours pas contenu les répercussions de l’augmentation qui avait été adoptée au début des années 1990, mettant en garde contre un effondrement économique sur le modèle grec. « L’Europe est venue au secours de la Grèce. Nous ne trouverons personne pour nous aider », a souligné Fouad Siniora. L’ancien Premier ministre a souligné que la décision du gouvernement n’était rien d’autre que de la publicité électorale. Des propos appuyés par un autre ancien Premier ministre, Michel Aoun, qui a mis l’accent sur le fait que le gouvernement ne pouvait pas se placer en position de confrontation avec les revendications pressantes des fractions sociales. La situation ne supporterait aucune surenchère, a ajouté le chef du Courant patriotique libre, estimant que loyalistes et opposants assument tous deux la responsabilité de trouver une solution à la situation étouffante d’une manière qui soit en harmonie avec les ressources de l’État. À son tour, le chef du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt, a soutenu les propos de MM. Siniora et Aoun, appelant l’ensemble des forces politiques à plancher sur un projet sur le projet, qui serait ensuite déféré à la Chambre. Sans consensus, tout projet d’augmentation des salaires ne remplit pas ses objectifs, a noté M. Joumblatt. Les interventions de MM. Siniora, Aoun et Joumblatt ont également obtenu l’aval du vice-président de la Chambre, Farid Makari, qui a lui aussi mis en exergue la nécessité de sortir la question du bazar des surenchères électorales.


Face à ces interventions, Nagib Mikati a indiqué qu’il avait pris en compte trois considérations avant de proposer son projet : le taux d’inflation, les revenus et les retombées économiques sur le pays. Il a précisé avoir coordonné avec la Banque centrale du point de vue de la situation monétaire et de l’inflation avant de faire sa proposition, afin de tenir compte la capacité de l’État à supporter la démarche. Il a enfin appelé à une coopération afin d’assurer des revenus de manière équitable, sans épuiser les citoyens.


Les organismes économiques poursuivront dans les jours à venir leur initiative, et pourraient tenir une rencontre à Bkerké, puis initier une série de visites auprès des différents pôles du pays pour les mettre en garde contre les dangers de cette initiative, qui pourrait mener le pays à sa fin certaine.

 

 

Pour mémoire :

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