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Le Liban d’antan, un havre de paix et de culture

Dans les années quarante, le Liban était déjà un centre universitaire vers lequel convergeaient les étudiants en provenance de la région mais aussi du reste du monde en quête de savoir. Parmi eux, les Polonais eurent une présence significative et laissèrent des traces indélébiles. Une jeune Polonaise relate cette période.

Des étudiantes polonaises à l’USJ.

Marzena Zielinska-Schemaly, jeune étudiante polonaise, a voulu faire toute la lumière sur cette période, quand ses compatriotes fuyaient l’insécurité mondiale pour venir entreprendre des études au Liban. Ses recherches, elle les a rassemblées dans un livre en préparation qui sera édité par Dar an-Nahar, avec le soutien financier du ministère polonais des Affaires étrangères.
Mariée à un Libanais et établie à Zouk Mikaël, Marzena raconte : « Mordue d’histoire, j’ai voulu, à travers ce livre, rendre un dernier hommage à ces jeunes étudiants qui ont excellé pour la plupart, malgré un contexte historique difficile.» L’auteure avoue avoir été surprise de découvrir que de nombreux habitants de Zouk Mikaël parlaient couramment le polonais. C’est une des multiples traces laissées par ces étudiants qui habitaient des foyers dans cette région de la montagne libanaise, ainsi qu’à Ghazir, à Bdadoun, à Ajaltoun et à Baabdate.
Le cadre historique
Avec l’éclatement de la Seconde Guerre mondiale, en 1939, la Pologne est envahie par l’Allemagne. Un peu plus tard, l’est de la Pologne à son tour est occupé par l’URSS. La plupart des habitants hostiles au régime sont alors déportés en Sibérie. «Ce fut une période très sombre de l’histoire de mon pays », affirme Marzena. L’offensive de l’Allemagne contre l’URSS en juin 1941 changea la donne. En 1942, l’Union soviétique accepta d’évacuer 115000 civils et militaires polonais vers l’Iran. D’un autre côté, le pouvoir au Liban passa aux mains des Alliés et des représentants de la France libre. En 1945, avec l’aide des autorités britanniques et internationales, les réfugiés polonais en Iran furent transférés vers la Palestine et le Liban en attendant une amélioration des circonstances politiques leur permettant de regagner la Pologne.
La situation stable au Liban, loin des affres de la guerre, donna l’opportunité à ces Polonais d’entreprendre ou de continuer leurs études. «Ici, ils rejoignirent les bancs de l’USJ et de l’AUB, se spécialisèrent dans la médecine, l’art dentaire, la pharmacie, l’architecture, la physique », explique Marzena. On raconte que les cinq premières étudiantes inscrites à la faculté d’art dentaire de l’USJ, qui était réservée aux hommes, furent des Polonaises. Les femmes constituaient 80% des étudiants polonais dans les universités au Liban, «mais ces étudiantes étaient réservées et gardaient leurs distances». Halina Chojecka, diplômée en histoire de l’AUB, se rappelle ces années : «Ô Beyrouth, la ville de ma jeunesse ! Tu étais l’oasis après des années désertiques et amères passées en Union soviétique.»
«J’ai découvert dans les archives de l’USJ que sur les 36 étudiants des promotions de régime spécial en 1942-1943, 1944-1946 et 1947, trente étaient polonais, trois tchèques, un autrichien et deux hongrois », précise l’étudiante. Ces Polonais avaient leur propre confrérie et étaient pris en charge financièrement par la délégation de l’Assistance sociale polonaise à Beyrouth. «Une fois les examens passés avec succès, ces étudiants recevaient une attestation de docteur en médecine et prêtaient le serment d’Hippocrate.» L’un d’eux, le militaire étudiant Stanislaw Kasina, raconte: «Je suis très fier de mon diplôme de l’USJ. Je le montre même à mes invités. Tout le monde est curieux de savoir comment je l’ai obtenu.»
Par ailleurs, quelques étudiants polonais rejoignirent la nouvelle Académie libanaise des beaux-arts de Beyrouth (ALBA). Dans la première promotion de 1948, il y avait cinq diplômés dont trois Polonais.
Ce travail de fourmi, Marzena l’a commencé au Liban dans les archives des bibliothèques universitaires, pour le poursuivre à Londres où elle a pu rencontrer d’anciennes étudiantes et rassembler des témoignages et des photos de cette période mémorable.
Marzena Zielinska-Schemaly, jeune étudiante polonaise, a voulu faire toute la lumière sur cette période, quand ses compatriotes fuyaient l’insécurité mondiale pour venir entreprendre des études au Liban. Ses recherches, elle les a rassemblées dans un livre en préparation qui sera édité par Dar an-Nahar, avec le soutien financier du ministère polonais des Affaires...
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