Rechercher
Rechercher

À La Une - Liban-Syrie

Face à Damas, Mikati lève le petit doigt et l'opposition hausse le ton

Le 14 Mars à Sleiman : L'ambassadeur syrien devrait être considéré persona non grata.

L'ancien Premier ministre Fouad Siniora transmettant au chef de l'Etat Michel Sleiman la feuille de route du 14 Mars. Photo Dalati et Nohra

Développement pour le moins inédit, depuis quelques semaines, l'Etat libanais montre une tendance à l'émancipation de l'emprise exercée sur lui par le régime syrien pendant plus de 30 ans de tutelle. Une emprise qui s'était même poursuivie après le retrait des troupes syriennes du territoire libanais, en avril 2005.

 

Au niveau du pouvoir, le président de la République Michel Sleiman a lancé le mouvement quand, le 23 juillet dernier, il protestait - une première depuis le retrait des troupes de Damas du Liban - contre les violations syriennes du territoire libanais. Depuis, le ton présidentiel va crescendo, le point de quasi-rupture ayant été atteint avec l’affaire Michel Samaha.

 

Accusé d'avoir planifié des attentats au Akkar (Liban-Nord) à l’instigation du régime syrien, Michel Samaha a été arrêté jeudi 9 août à son domicile dans le Metn par les services de renseignements des Forces de sécurité intérieure. Il est considéré comme un proche du régime de Bachar el-Assad, confronté à une révolte populaire depuis mars 2011.

 

Alors que Damas devait s'attendre à ce que le chef de l’État s’efforce d’escamoter l'affaire ou, du moins, qu’il n’en ressorte pas les aspects liés à la Syrie, Michel Sleiman déclare s'attendre à un coup de fil du président Bachar el-Assad sur le dossier Samaha. La "petite phrase" suscite un violent courroux du côté du régime syrien, qui l'a fait savoir à l’intéressé la semaine dernière par visiteurs et autres alliés de Damas interposés.

 

Cette semaine, c'est le Premier ministre libanais, Nagib Mikati qui embraye. Sur un mode plus prudent. 

Recevant l’ambassadeur du Liban à Damas, Michel Khoury, qui se trouve actuellement en vacances à Beyrouth, M. Mikati l’a chargé de "remettre une lettre en urgence au ministère syrien des Affaires étrangères l’informant que des positions syriennes continuent de bombarder des localités libanaises frontalières", selon un communiqué du bureau du Premier ministre.
"Ces violations pourraient avoir des répercussions négatives (...) sur la stabilité et le calme à la frontière" en dépit "des mesures de sécurité prises par l’armée libanaise", a poursuivi M. Mikati, affirmant que son gouvernement est "soucieux de protéger les Libanais résidant près de la frontière".


Depuis le début de la révolte en Syrie, la chute d’obus à partir du territoire syrien et les échanges de tirs sont quasi quotidiens, notamment à la frontière nord du Liban. Damas, qui a placé des mines le long de la frontière, affirme régulièrement avoir déjoué des tentatives d’infiltration d’hommes armés à partir du Liban et accuse l’opposition libanaise, qui soutient la révolte syrienne, de faire fournir des armes aux insurgés.

 


La mobilisation du 14 Mars


Si le président de la République et maintenant le Premier ministre semblent commencer à shifter d'une politique de "distanciation" à l'égard du dossier syrien à une certaine distance vis-à-vis de régime de Bachar el-Assad et de ses agissements au Liban, l'on est encore loin de la phase où le gouvernement, dominé par le 8 Mars, mettrait au point une stratégie globale pour contrer les débordements du conflit syrien en territoire libanais. Or ces débordements inquiètent sérieusement la communauté internationale.


Ils inquiètent aussi le 14 Mars, coalition de l'opposition libanaise, qui s’apprête à lancer une stratégie nouvelle prenant en compte les derniers développements sur la scène libanaise en relation avec la crise en Syrie. Une réunion a été convoquée à cet effet demain mercredi à Meerab, QG des Forces libanaises et résidence de Samir Geagea. Une centaine de piliers, de responsables et de députés de l’opposition devraient y prendre part.


Aujourd'hui, le 14 Mars a transmis un mémorandum au président Sleiman dans lequel il appelle à considérer persona non grata l'ambassadeur de Syrie au Liban, Ali Abdel Karim Ali. Dans le mémorandum présenté par l'ancien Premier ministre et chef du Bloc du futur, Fouad Siniora, l'opposition libanaise demande en outre à l’État de porter plainte contre le régime syrien à l’ONU et à la Ligue arabe en raison des fréquentes violations par Damas des frontières libanaises.

 

Évoquant les récents troubles sécuritaires à Tripoli, le 14 Mars a demandé que les régions de Bab el-Tebbaneh (sunnite et anti-Assad) et Jabal Mohsen (alaouite et pro-Assad) soient purgées des armes illégales. La semaine dernière, des affrontements entre ces quartiers historiquement rivaux de Tripoli, ont fait 18 tués et plus de 100 blessés.

 

Concernant l'arrestation de Michel Samaha, le 14 Mars appelle à déférer M. Samaha ainsi que le chef de la sécurité syrienne, le général Ali Mamlouk, devant la Cour de justice et réclame la suspension des accords bilatéraux "imposés au Liban depuis la période de la tutelle". Le général Mamlouk est accusé d’avoir préparé avec l’ancien ministre des attentats ciblant des personnalités politiques et religieuses au Liban en vue de provoquer des tueries interconfessionnelles.

Ali Mamlouk est devenu le 24 juillet chef du bureau de la Sécurité nationale, qui chapeaute l'ensemble de l'appareil sécuritaire syrien, avec rang de ministre, dépendant directement du président Assad.

 

Commentant ce mémorandum, le chef du bloc du Changement et de la Réforme, le général Michel Aoun, a affirmé que la "situation est très dangereuse". "Les frontières entre le Liban et la Syrie sont-elles réellement contrôlées ?", a-t-il demandé. "J’attends de lire un rapport officiel sur la situation à la frontière avant de me prononcer sur cette affaire", a poursuivi M. Aoun à l’issue de la réunion hebdomadaire de son bloc.

 

 

Ali Abdel Karim Ali, "successeur de Ghazi Kanaan"

Aujourd'hui, plusieurs ténors de l’opposition ont vertement critiqué le régime de Bachar el-Assad et demandé, une nouvelle fois, l’expulsion de l'ambassadeur Ali.

 

Le député du Courant du Futur Jamal al-Jarrah a ainsi comparé les agissements du régime syrien à ceux d’Israël contre les Palestiniens. "Le régime syrien a commencé à agir contre son peuple comme le font les Israéliens avec le peuple palestinien. Il démolit leurs maisons et les force à quitter leurs terres", a déclaré M. Jarrah à la télévision Future News.

Il a ajouté que le Premier ministre Nagib Mikati et le chef de la diplomatie Adnane Mansour devraient convoquer l’ambassadeur syrien qui "planifie des enlèvements et des opérations sécuritaires sur le territoire libanais".

 

Le député des Forces libanaises (FL) Antoine Zahra a, quant à lui, critiqué la demande faite par M. Mikati à l’ambassadeur du Liban en Syrie Michel Khoury de "notifier" les autorités syriennes de la poursuite des chutes d’obus sur des villages libanais dans le Nord. "Au lieu de convoquer l’ambassadeur syrien au Liban, M. Mikati a convoqué l’ambassadeur libanais en Syrie, ceci montre clairement la politique du gouvernement envers le régime syrien", a-t-il dit à la Radio Liban libre (RLL).

M. Zahra a estimé que le Liban devait " rompre tous les liens avec le régime syrien, suspendre le Conseil supérieur libano-syrien et expulser l’ambassadeur de Syrie".

 

Le chef du Parti national libéral (PNL), Dory Chamoun, a indiqué de son côté que l’ambassadeur syrien se comportait comme s’il était le successeur de l’ancien chef des services de renseignements syriens au Liban Ghazi Kanaan.

"Les relations diplomatiques sont basées sur des principes et des règles, a souligné M. Chamoun au quotidien koweïtien al-Anbaa publié mardi. Le représentant syrien commet des violations et se considère comme le successeur de Ghazi Kanaan". "Ce genre de pratique est révolu au Liban", a ajouté le leader du PNL.

Interrogé sur les accords signés entre le Liban et la Syrie, M. Chamoun a estimé qu’ils ne servaient que les intérêts de Damas et appelé à leur annulation.

 

L’ambassadeur syrien a, pour sa part, indiqué à la chaîne al-Manar que Damas était engagée par les liens fraternels et les accords entre les deux pays.

 

 

Pour mémoire

Frontières : Sleiman brise le silence et décide la convocation de l’ambassadeur de Syrie

 

Devant le palais Bustros, la grogne des étudiants du 14 Mars contre le représentant et les alliés du régime syrien

 

 

Beyrouth vs Damas à l'ONU : les explications de Bou Faour à « L’OLJ »

Développement pour le moins inédit, depuis quelques semaines, l'Etat libanais montre une tendance à l'émancipation de l'emprise exercée sur lui par le régime syrien pendant plus de 30 ans de tutelle. Une emprise qui s'était même poursuivie après le retrait des troupes syriennes du territoire libanais, en avril 2005.
 
Au niveau du pouvoir, le président de la République...
commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut