Pour la première fois depuis le début des événements en Syrie, le mouvement du 14 Mars, du moins ses comités estudiantins, a organisé hier une manifestation contre le régime Assad, précisément contre son représentant à Beyrouth : l’ambassadeur Ali Abdel Karim Ali.
Des étudiants des Forces libanaises, du PNL, des Kataëb, du courant du Futur, de la Jamaa islamiya et du Mouvement de l’indépendance ont commencé à se rassembler dès 18 heures dans le parking du campus de la rue Huvelin de l’Université Saint-Joseph.
Certains étaient venus avec des drapeaux qu’ils ont distribués à leurs camarades, d’autres brandissaient des calicots et des portraits, d’autres encore tapaient sur des tambourins.
« Le peuple veut le départ de l’ambassadeur », « Ambassadeur rentre chez toi » et « La Syrie veut la liberté », scandaient les manifestants. Ils lançaient également des slogans contre l’ancien ministre Michel Samaha et contre le président du Conseil supérieur libano-syrien, Nasri Khoury.
Mais il y avait aussi une cacophonie certaine : beaucoup d’étudiants ont préféré les slogans de leurs propres partis, choisissant même ceux qui englobent le nom ou le prénom de leur chef : Samir (Geagea), Saad (Hariri), Nadim (Gemayel), Samy (Gemayel) et Bachir (Gemayel)...
Nombre d’entre eux ont brandi des portraits : celui de l’ambassadeur de Syrie frappé de l’inscription « out now », celui du ministre des Affaires étrangères, Adnane Mansour, où l’on pouvait lire « mire sans musique », ou encore celui de Ali Mamlouk, le chef du bureau syrien de la Sûreté impliqué avec l’ancien ministre Samaha dans des tentatives d’attentats terroristes au Liban, avec l’inscription « Wanted », rappelant ainsi les portraits des quatre généraux brandis lors des manifestations ayant suivi l’assassinat de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri.
La libération du prisonnier libanais, Yaacoub Chamoun, des geôles syriennes après 26 ans de détention a poussé certains manifestants, dont le frère de Béchara Roumié détenu depuis plus de 30 ans en Syrie, à porter des calicots appelant le gouvernement à s’occuper de ce dossier, alors qu’une étudiante Kataëb brandissait le portrait de Boutros Khawand.
Des membres du mouvement du 14 Mars se sont joints aux étudiants, notamment les députés Ahmad Fatfat, Ammar Houri et Dory Chamoun, les anciens députés Farès Souhaid et Élias Atallah, ainsi que Naufal Daou et Toufic Hindi. Il y avait également l’ancien candidat aux élections du Metn, Selman Samaha.
La marche a commencé à 19 heures, Samaha et Hindi emprisonnés ensemble à l’époque de la tutelle syrienne en août 2001 étaient côte à côte.
Il a fallu une quinzaine de minutes pour descendre la rue du Liban, remonter l’avenue Charles Malek et arriver devant le palais Bustros où plusieurs membres du 14 Mars attendaient, notamment le député d’Achrafieh, Nadim Gemayel, et la journaliste May Chidiac.
Les chefs des mouvements estudiantins se sont alors adressés à la foule. Quelques manifestants ont brûlé les portraits de Ali Mamlouk, de Ali Abdel Karim Ali, de Adnane Mansour et de Nasri Khoury, alors que les personnalités s’adressaient à la presse.
Ahmad Fatfat a souligné à L’Orient-Le Jour que « d’autres manifestations suivront ». De son côté, Élias Atallah a noté que « le rassemblement d’hier n’était qu’une phase d’échauffement qui donnera lieu à d’autres événements plus importants ». Pour sa part, Nadim Gemayel a indiqué que « cette marche s’inscrit dans l’esprit des manifestations du 14 Mars 2005 », rappelant que « les étudiants avaient eu un rôle important dans la révolution du Cèdre ». « D’autres manifestations de plus grande envergure suivront », a-t-il souligné en conclusion.
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commentaires (5)
14 ou 8 Mars nos manifestations de toutes les couleurs deviennent de plus en plus du pur folklore local . Antoine Sabbagha
Sabbagha Antoine
05 h 21, le 30 août 2012