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À La Une - Crise

Syrie : 4.000 morts en trois semaines

Lakhdar Brahimi "effrayé" par la tâche.

Les secours tentent de trouver des survivants dans les décombres d'un immeuble bombardé à Alep (Syrie), dans le quartier de Bustan Pasha, le 23 août 2012. James Lawler/AFP

Au moins 4.000 personnes ont péri en Syrie depuis début août, faisant de ce mois le plus meurtrier depuis le début en mars 2011 de la révolte en Syrie, a affirmé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

 

"Avant même sa fin, août est le mois le plus meurtrier avec la mort de plus de 3.000 civils armés ou non, de 918 soldats et de 38 déserteurs", a déclaré à l'AFP Rami Abdel Rahmane, président de l'OSDH.

 

La Syrie est en proie depuis 17 mois à une révolte populaire qui s'est militarisée face à la répression, l'opposition armée regroupant désormais des déserteurs ainsi que des civils ayant pris les armes.

 

"A ce bilan, s'ajoutent plus de 200 corps qui ont été enterrés sans qu'on puisse les identifier", a indiqué le chef de cette ONG qui se base sur un large réseau de témoins et de militants.

Depuis des semaines, les découvertes macabres se multiplient en Syrie, de nombreux cadavres de personnes, souvent exécutées sommairement, étant régulièrement retrouvés, notamment à Alep (nord) et à Damas, les deux plus grandes villes du pays.

"A Damas, on a pu prouver que des corps appartenaient à des combattants (insurgés), à des militants ou à leurs proches", a expliqué M. Abdel Rahmane.

Mais à Alep, où régime et rébellion se livrent une bataille cruciale, "le conflit prend des allures de guerre civile car il y a des clans pro-régime qui se battent contre des rebelles", a-t-il poursuivi. "Ce qui se passe n'est pas normal et ça se multiplie", a dénoncé le chef de l'OSDH.

Pour la seule journée de jeudi, plus de 50 corps non identifiés ont été retrouvés à travers la Syrie, dont 14 dans le quartier de Tadamoun à Damas et 21 à Alep et sa province. La plupart sont retrouvés les mains ligotées, une balle dans la tête.

 

Ces exécutions "se répandent en Syrie et impliquent un plus grand nombre de victimes qu'avant", a estimé Nadim Houry, directeur de Human Rights Watch au Liban. "Cela montre une recrudescence de la brutalité dans le conflit. Plus il y a d'exécutions en masse, plus il est difficile de sortir de cet abysse", a-t-il ajouté.

 

Et vendredi, l'aviation et les chars du régime de Bachar el-Assad se sont de nouveau déchaînés sur plusieurs bastions rebelles à travers la Syrie.

 

Les obus et les roquettes se sont abattus sur Deraa dans le sud, Idleb dans le nord-ouest, Alep dans le nord, Homs et Hama dans le centre, la banlieue de Damas et Deir Ezzor dans l'est où au moins 21 personnes dont 12 femmes et un enfant ont péri dans l'effondrement de deux immeubles atteints par les bombes, a précisé l'OSDH.

 

La guerre en Syrie a fait quelque 25.000 morts, en grande majorité des civils, selon un bilan de l'OSDH, et a poussé à la fuite plus de 200.000 Syriens dans les pays voisins selon le Haut Commissariat aux réfugiés de l'ONU (HCR). De plus, plus de 2 millions de personnes en Syrie ont besoin d'aide.

 

Malgré l'escalade, les Syriens sont descendus par milliers dans la rue pour crier leur haine à l'égard de M. Assad, comme tous les vendredis depuis le début de la révolte. "Le monde nous dégoûte!" ont-ils crié à Deraa pour exprimer leur déception et colère face au blocage diplomatique.

 

Par ailleurs, un journaliste américain indépendant, Austin Tice, 31 ans, entré clandestinement en Syrie, y a disparu depuis plus d'une semaine, selon le Washington Post et le groupe de presse McClatchy, ses plus récents employeurs, inquiets pour sa sécurité. Lundi, la japonaise Mika Yamamoto a été tuée dans un quartier d'Alep. Elle était la quatrième journaliste étrangère à mourir en Syrie. Plusieurs reporters syriens ont également été tués.

 

 

Au niveau diplomatique, devant le blocage au Conseil de sécurité de l'ONU entre Occidentaux d'un côté et Russes et Chinois de l'autre, Paris et Berlin ont fait ensemble pression pour que cette instance prenne des décisions au moins sur l'aspect "humanitaire". Ce Conseil doit tenir le 30 août à New York une réunion ministérielle consacrée à cette aide.

 

La France a évoqué dans ce contexte la possibilité d'instaurer une zone d'exclusion aérienne à la frontière avec la Syrie à des fins humanitaires. Une telle zone est militairement faisable, selon des experts qui insistent toutefois sur la nécessité d'un mandat de l'ONU.

 

Comme on lui demandait sur la chaîne de télévision France 24 si une zone d'exclusion aérienne allant "de la frontière turque à Alep" était envisageable, le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a d'abord expliqué qu'une "no fly zone globale" en Syrie était exclue. Cela voudrait dire, a-t-il souligné, "interdire tout vol sur le territoire syrien, ce qui veut dire clouer l'aviation syrienne au sol, ce qui veut dire, en fait, rentrer en guerre. Cela ne pourrait se faire que s'il y avait une coalition internationale capable de le faire. Pour l'instant, elle n'est pas réunie".

En revanche, a poursuivi M. Le Drian, "l'hypothèse d'une zone particulière autour de laquelle il pourrait y avoir une espèce d'interdit, cette hypothèse émise par Hillary Clinton (la secrétaire d'Etat américaine, NDLR) mérite d'être étudiée".

 

L'opposition syrienne réclame que cette zone, sur le modèle de celle mise en place en Libye lors de la révolte qui a renversé le dirigeant Mouammar Kadhafi dans le sillage du Printemps arabe, soit instaurée notamment dans le Nord, limitrophe de la Turquie.

 

Enfin, Le nouveau médiateur des Nations unies et de la Ligue arabe pour la Syrie, Lakhdar Brahimi, a déclaré vendredi être "effrayé" par sa mission, au début d'un entretien avec le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon.

"Quand vous m'avez appelé, j'étais honoré, flatté, touché et effrayé. Je suis encore dans cet état d'esprit", a affirmé M. Brahimi.

 

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