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À La Une - Interview

Charles Elachi à L’OLJ : « Et pourquoi pas une femme sur Mars, dans 25 ans ? »

Le directeur américain d'origine libanaise du Jet Propulsion Laboratory de la NASA sera à Beyrouth en novembre prochain.

Charles Elachi, directeur américain d'origine libanaise de Jet Propulsion Lab de la Nasa, lors d'une conférence de presse, à Pasadena, le 5 août 2012, peu avant l'atterrissage du robot Curiosity sur Mars. Avant chaque mission critique, Elachi et les membres de l'équipe de contrôle mangent des cacahuètes porte-bonheur, une tradition remontant aux années 60. REUTERS/Fred Prouser

« Mars est aujourd’hui notre bac à sable et nous sommes prêts à y jouer et à apprendre. » Tels sont les propos qu’avait tenus Charles Elachi, directeur du Jet Propulsion Laboratory (JPL) de la NASA, lorsqu’il avait réussi, en 2004, à envoyer deux robots sur la planète Mars, Spirit et Opportunity. L’Orient-Le Jour avait alors été le premier journal libanais à l’interviewer. Aujourd’hui, à l’occasion de son deuxième exploit (l’envoi sous sa direction d’un autre robot sur Mars, Curiosity), nous avons eu un entretien à bâtons rompus avec lui par téléphone ; un contact Beyrouth-Los Angeles, au siège du JPL.

Quel travail doit accomplir le robot Curiosity (coût: 2,5 milliards de dollars) sur Mars ?
L’objectif principal de Curiosity est de faire des analyses chimiques sur la surface de la planète Mars pour savoir si elle contient des matières organiques. Ceci est important, parce que sur base des résultats d’Opportunity, on sait qu’il y avait un océan sur Mars, des millions d’années plus tôt. Cela signifie-t-il qu’il y aurait eu, par conséquent, une vie ? L’une des manières de tester cette idée est de savoir s’il existe des matières organiques (inévitables pour la vie) entre les rochers qui la couvrent actuellement. Jusqu’à présent, on n’a pas vu de trace de vie sur Mars. Si l’on trouve des matières organiques, on pourrait alors se demander pouquoi la vie a-t-elle cessé, ou si elle avait commencé à cesser lorsque l’océan a disparu. Ce sont là les questions fondamentales auxquelles Curiosity devrait répondre au cours des deux années à venir. Ceci nous aidera également à déterminer l’histoire de la géologie sur Mars, car nous recherchons également l’existence de différents âges. Des analyses nous ont montré que certaines couches supérieures de rochers ressemblent à celles du Grand Canyon. Donc certains rochers sont plus jeunes que d’autres.

Ce deuxième débarquement d’un robot sur Mars sera-t-il suivi par un 3e et un 4e ? Quelle mission prévoyez-vous pour eux ?
Certainement. Nous préparons un programme à long terme où chaque mission (au rythme d’une tous les deux ans) sera axée sur les recherches de matières organiques dans différentes régions de Mars et la présence d’un océan. D’autres missions doivent recueillir et ramener (autour des années 2020) des échantillons que l’on pourra analyser plus en détail dans nos laboratoires. On aura aussi une mission orbitale (MEGEA), pour étudier l’atmosphère de Mars, et une autre du même genre qui sera utilisée pour les télécommunications. Dans les années 2030, on préparera des missions humaines.

 

Dans quelle mesure ces recherches peuvent-elles déterminer l’avenir de la Terre ?
Ce sera important car Mars et la Terre ont été formées presque en même temps, il y a environ 4 à 5 millions d’années, et possèdent, toutes deux, des océans. La question est : pourquoi Mars a-t-elle évolué différemment de la Terre ? Les trouvailles sur Mars aideront à savoir comment la Terre s’est métamorphosée (notamment pourquoi on a plus d’oxyde carbonique dans notre atmosphère) et ce qu’elle nous réserve. En comparant ce qui s’est passé sur Mars et aussi sur Vénus (où nous planifions de futures missions), nous saurons mieux ce qui se passera à l’avenir sur notre Terre.

Verrons-nous donc un homme sur Mars ?
Et pourquoi pas une femme ? Je peux dire que dans 20 ou 25 ans, il serait possible d’envoyer des hommes et des femmes vers Mars. Nous savons comment le faire, mais c’est bien plus compliqué que d’atteindre la Lune puisqu'il faut cinq mois pour arriver à Mars. Par ailleurs, l’une de nos missions doit nous fournir des indications sur les radiations environnantes auxquelles les humains seront soumis. À ce sujet, nous étudions aussi la composition du sol, toujours pour la protection des humains. Nous faisons des travaux sur la technologie, en particulier sur des fusées de la NASA de grandes dimensions qui transporteront les matériaux et les équipements du personnel humain.
Une préparation de grande envergure scientifique pour l’homme qui, selon l’étude des sexes de John Gray, vient de Mars, alors que la femme vient de Vénus!


Charles Elachi sera à Beyrouth en novembre prochain pour donner une conférence à la LAU, dont il fait partie du board of trustees.

 

 

 

Le président Barack Obama saluant l'équipe de Charles Elachi

Embedded video from
NASA Jet Propulsion Laboratory California Institute of Technology

 

 

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