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À La Une - Rencontre

Marie Munier réinvente le bijou ethnique

Elle eut, la première l’idée, « avant-gardiste », alors, de créer des bijoux inspirés de la préhistoire, de la Grèce antique ou de Byzance. C’était avant. C’était il y a plus de 30 ans. Depuis, Marie Munier maintes fois copiée, « je suis très fière de ça ! », souligne-t-elle, a trouvé de nouvelles sources d’inspiration avant de revenir à ses premières amours.

Marie Munier, combative et patiente. Photo Michel Sayegh

La dame a du caractère, une personnalité bien marquée, « combative et patiente », un regard qui s’impose et dans lequel il est facile de lire les histoires d’une vie. Artiste peintre, elle en a encore le look, Marie Munier a entrepris des études d’architecture d’intérieur, vite abandonnées, pour la peinture abstraite et figurative. Elle expose ses « états d’âme » à l’huile dans de nombreuses galeries, le regard attiré par ces bijoux anciens, certes immortels mais sans vie, présentés dans tous les musées du monde.
« Je me suis demandée, raconte-t-elle avec sa voix légèrement cassée, pourquoi ne pas exprimer ce bijou autrement. Lui redonner vie en le mettant sur une femme actuelle ? J’ai beaucoup réfléchi, beaucoup travaillé... » C’est ainsi que naîtront ses premières créations, mises en scène pour une Libanaise « émancipée et ouverte, qui achète ses robes haute couture à l’étranger ». Marie Munier devient ainsi la première femme dans la région à habiller de ses pièces uniques, souvent proches des sculptures, les princesses italiennes, les marquises du monde, les Linda Sursock, Charlotte Esseily, Nadia Klat et autres figures de la société élégante. « Je créais à partir d’éléments anciens, des pièces rares, des éléments en bronze, des pièces de monnaie, des têtes de méduse, des Vénus récupérées du fond des eaux, que je réinterprétais. Mon désir a toujours été de concevoir un bijou spectaculaire. » Elle expose ses bijoux, comme d’autres leurs toiles, à Bruxelles, Düsseldorf, Vienne, Rome, Dallas et New York. Elle dessine les costumes des hôtesses de l’air de la MEA, « à l’époque elles étaient belles ! » précise-t-elle, et se paie même le luxe, durant plusieurs années, d’assurer ses doigts magiques pour la somme alors substantielle de 50000 livres libanaises. Avec le temps, les pièces rares se font de plus en plus rares. La clientèle se transforme. La guerre et ses dégâts – son époux Roland, neveu de Raymond Eddé et fervent partisan – est gravement atteint à Dekouané, stoppent son élan.

Un duo se forme
Marie Munier s’adapte. Rejointe par sa fille Nathalie qui, après les beaux-arts, a poursuivi sa formation au Gemological Institute of America, à Santa Monica, elle déplace sa boutique de Clemenceau à la rue Sursock. Le lieu ressemble à un écrin de velours où les pièces de l’une et de l’autre créatrices cohabitent en toute complémentarité. Marie Munier semble plus « désinhibée », sa fille plus structurée, plus technique. « Ma mère démystifie le bijou, explique Nathalie. Elle le travaille comme un collage ou une sculpture. Je suis plus carrée, je dois d’abord dessiner, organiser... ».
Le duo fonctionne au rythme des tendances et d’une clientèle diversifiée. Entre pièces contemporaines et antiquité revisitée, les pierres précieuses et semi-précieuses trouvent leur bonheur. Mais Marie Munier s’ennuie. « J’étais frustrée d’avoir à suivre la cliente au lieu de la pousser à me suivre. J’ai donc décidé de refaire mes folies ! » Depuis moins d’un an, elle rouvre ses tiroirs, en ressort les précieux trésors cachés, et se remet, avec le bonheur des premiers jours, à la tâche. « J’ai besoin de m’éclater autrement », poursuit-elle. De ses trésors oubliés, elle récupère de magnifiques épingles à cheveux, qu’elle assortit de diamants et autres saphirs ou encore la tête d’un guerrier de l’époque hellénistique, pour en faire des pièces uniques. Un peu comme ce collier, à la fois étrange et précieux, qui enveloppe le cou de Marie Munier et qui lui donne envie de dire qu’il est aussi beau qu’une pièce antique, la vie en plus. « Je veux rendre le bijou précieux, extravagant. » Sa tasse de café retournée, elle s’en va alors, en solo, lire dans le marc la suite de ses aventures...
La dame a du caractère, une personnalité bien marquée, « combative et patiente », un regard qui s’impose et dans lequel il est facile de lire les histoires d’une vie. Artiste peintre, elle en a encore le look, Marie Munier a entrepris des études d’architecture d’intérieur, vite abandonnées, pour la peinture abstraite et figurative. Elle expose ses « états d’âme » à...
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