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À La Une - Révolte

Le chef rebelle d’Alep promet le « tombeau » à l’armée syrienne

L’opposition demande des armes lourdes et une réunion du Conseil de sécurité ; plus de 114 morts hier.

Les rebelles d’Alep, qui ont repoussé jusqu’à présent tous les assauts de l’armée assadiste contre la ville martyre, paradent sur un char pris aux loyalistes, hier. Photo YouTube/AFP

Il fait nuit noire quand il arrive dans une ferme isolée au milieu de champs d’oliviers du nord syrien. Le colonel Abdel Jabbar el-Oqaidi, chef militaire des rebelles d’Alep, s’assoit sur de larges coussins avant de lancer : la ville sera le « tombeau » de l’armée. L’homme, un ex-colonel de l’armée du régime passé dans l’opposition, est souriant et reposé, malgré la chaleur et surtout les combats qui ont fait rage quelques heures plus tôt dans plusieurs quartiers d’Alep.

« Nous ne demandons à l’Occident qu’une zone d’exclusion aérienne », pour empêcher les bombardements aériens, dit-il. « Nous sommes prêts à faire chuter ce régime », assure également l’officier rebelle. « Il n’y a pas de repli stratégique de l’Armée syrienne libre (ASL) à Alep. Nous attendons l’attaque », assure-t-il, refusant pour des raisons de « secret militaire » de dire combien de rebelles y combattent actuellement, avant d’ajouter que « l’armée ne peut qu’utiliser ses avions ou son artillerie lourde à distance, bombarder les villes, détruire les maisons. Elle ne peut pas pénétrer dans la cité ». « Nous sommes positionnés partout dans la ville et nous avons des armes pour nous défendre contre les hélicoptères », dit-il, accusant le régime de vouloir « commettre un massacre ».


Parallèlement, le président du Conseil national syrien (CNS), principale coalition de l’opposition, Abdel Basset Sayda, a demandé aux pays « frères » et « amis » d’armer les membres de l’ASL qui combattent « avec de vieilles armes ». « Nous voulons des armes qui nous permettraient d’arrêter les chars et les avions de combat », a-t-il ajouté, affirmant que « le régime a planifié de grands massacres » à Alep. La rébellion a besoin de soutien pour opérer « un changement significatif » dans la révolte, a-t-il dit à Abou Dhabi. Il a aussi souligné que M. Assad, « un criminel », devrait être jugé pour « des massacres » de Syriens et « ne devrait pas se voir accorder un refuge ».


De plus, dans un communiqué hier, le CNS a réclamé une réunion « d’urgence » du Conseil de sécurité de l’ONU pour empêcher les massacres de civils que le régime s’apprête à commettre, selon lui, à Alep.


Depuis samedi, un déluge de feu s’était abattu sur cette métropole de 2,5 millions d’habitants. Et hier, des blindés ont tenté de prendre d’assaut le quartier Salaheddine à l’aube, mais ont été repoussés par les combattants de l’ASL qui ont pu détruire un char, a indiqué le militant Abou Hicham el-Halabi, qui a aussi fait état d’un « exode massif des habitants » du quartier de Hanano. L’ONU a d’ailleurs indiqué hier que près de 200 000 personnes avaient quitté la ville depuis le début des affrontements. De violents combats avaient lieu aussi dans les quartiers de Bab el-Jadid, de Zahra’ et d’Arkouba, a précisé l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).


Ailleurs dans le pays, les violences ne connaissaient pas non plus de répit. Des affrontements se déroulaient à Homs, d’après l’OSDH, et des affrontements ont aussi été signalés à Idleb. Au final, plus de 114 personnes auraient été tuées hier, selon la chaîne al-Jazira, au lendemain d’une journée au cours de laquelle les violences ont fait plus de 168 morts.
Dans ce contexte, le journal officiel al-Watan affirmait hier que l’offensive lancée par l’armée loyaliste pour déloger les rebelles d’Alep vise à libérer cette ville des « terroristes ». « L’armée syrienne a commencé (samedi) une opération très délicate à Alep pour éradiquer le terrorisme, faire régner l’autorité de la loi et libérer les Aleppins des terroristes envoyés de différentes régions du monde pour faire tomber l’État, semer le chaos et tuer le plus possible de Syriens », écrivait-il. Le journal affirmait également que les « jihadistes » à Alep sont de différentes nationalités : tunisienne, afghane, koweïtienne, tchétchène, saoudienne, égyptienne et française.


Au niveau diplomatique, plusieurs pays occidentaux et l’ONU avaient exprimé leur préoccupation face à la perspective d’un assaut sur Alep, Washington craignant un nouveau « massacre », tout comme le médiateur international pour la Syrie, Kofi Annan, qui a exprimé son inquiétude au sujet de la « bataille imminente » à Alep, ainsi que le président français François Hollande souhaitant une intervention rapide du Conseil de sécurité de l’ONU. Le pape Benoît XVI a également lancé hier un appel à l’arrêt immédiat de l’effusion de sang en Syrie, tout en demandant à la communauté internationale de tout faire pour aider à la résolution du conflit.


Dans ce contexte, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov avait assuré au cours du week-end que la Russie allait poursuivre ses contacts avec l’opposition syrienne.


Sur le plan humanitaire, la Jordanie a ouvert hier le premier camp officiel de réfugiés afin de faciliter l’accueil des dizaines de milliers de personnes fuyant les violences en Syrie voisine. Le camp de Zaatari, situé à Mafraq, près de la frontière avec la Syrie, peut accueillir jusqu’à 120 000 réfugiés.


De même, plus de 12 000 Syriens fuyant les violences dans leur pays se sont réfugiés depuis un mois en Algérie, a-t-on appris hier de source proche du ministère de l’Intérieur. Cet afflux s’explique par un accord bilatéral algéro-syrien facilitant le déplacement des Syriens de et vers l’Algérie en n’imposant notamment aucun visa entre les deux pays. Selon plusieurs sources, ces migrants seraient entre 18 000 et 20 000, alors que certains journaux affichent jusqu’à 23 000 Syriens réfugiés, des chiffres invérifiables car les décomptes sont fondés sur les arrivées et ne tiennent pas compte des départs.

 

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