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Culture - Conférence internationale

Forum mondial de la francophonie : quelques idées fortes

Des quatre jours de rencontres, de débats, d’échanges et de brassages d’idées entre experts, spécialistes et jeunes membres de la société civile francophone qui ont participé à ce forum – au cours duquel tous les domaines de la francophonie ont été abordés, de la linguistique au numérique en passant par les médias et l’économie... – on retiendra quelques idées fortes. À méditer !

Claude Hagège : « En guerre contre le globish américanisant. »

À commencer par la franche «déclaration de guerre» du professeur Claude Hagège contre «non pas la mondialisation mais l’américanisation». «Le français semble reculer or ce n’est pas le cas. En réalité, la langue française continue de progresser à travers le monde mais elle est devancée par l’anglais dont la propagation est plus rapide», a soutenu le professeur honoraire au Collège de France.
Pour contrer cette américanisation, l’éminent linguiste a appelé « l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) à prendre des mesures musclées dans les domaines de la culture et de l’éducation (en apportant notamment aux populations francophones le maximum de matériel de travail: livres, ordinateurs, formation des enseignants...) et en faisant pression directement sur les PDG des principales grandes entreprises des pays francophones riches pour les inciter à investir dans les pays francophones moins favorisés ».

Un avenir africain
Abondant dans le même sens, le banquier d’affaires franco-béninois Lionel Zinsou assure, pour sa part, qu’il s’agit bien d’une « guerre entre le français et l’anglais. Mais celle-ci est économique. C’est une guerre de mouvement, de vitesse. Et dans ce combat, la francophonie souffre du fait qu’aucun pays émergent n’est de langue française, alors que les pays riches francophones sont sur la défensive. En 2050, selon l’OIF, 85% des locuteurs francophones seront africains », a rappelé, l’homme d’affaires, actuel conseiller du président béninois et ancien collaborateur au cabinet de Laurent Fabius. « Le futur de la francophonie est porté par les pays pauvres. Il faudrait donc que le Sud de la francophonie accélère sa croissance. Et qu’elle le fasse en “partenariat” avec le Nord, parce que c’est là que se trouve son seul avenir », a-t-il affirmé. Tout en faisant valoir que dans cet effort économique à fournir, «le monde francophone ne part pas de zéro car en affaires, tout tourne autour du contrat, donc de la langue du contrat et donc du cadre juridique dans lequel il sera interprété. Le commerce, le contrat, l’investissement, tout se fait par la langue».
«Le français est devenu, n’en déplaise à certains, une langue africaine, a renchéri l’écrivain et ambassadeur du Congo-Brazzaville à Paris, Henri Lopes. Il est le chemin le plus court qui relie les Africains entre eux et, à ce titre, il rassemble bien plus que les 220 millions de locuteurs recensés par les statistiques. Qui, elles, ne prennent en compte que ceux qui savent lire et écrire, alors que beaucoup sont analphabètes en Afrique. Certains regretteront le temps où le français était la langue des cours d’Europe et de la diplomatie. Il ne l’est plus. Aujourd’hui, le prestige de la langue française ne tient pas à son nombre de locuteurs, mais au fait qu’elle est étendue à tous les continents. Et qu’elle véhicule des notions de solidarité.»
Pour l’écrivaine Denise Bombardier «le français est menacé, on le sait». «Alors prenons les moyens de le défendre, souligne-t-elle. La francophonie est combative et politique. Et à ce titre, il ne faut pas hésiter à la défendre même contre son propre gouvernement. En faisant pression pour que le Canada délivre plus facilement des visas de circulation aux francophones, par exemple», a ajouté sans détours la romancière et essayiste québécoise. Qui, par ailleurs, se déclare « pour la féminisation de la langue, parce que je considère que si on veut habiter le pouvoir, il faut habiter les mots. »

Le français, une langue « contrefeu »
Signalant que «le français est la 3e langue utilisée sur Internet, après l’anglais et l’allemand», Milad Doueihy, titulaire de la chaire de recherche sur la culture numérique à l’Université de Laval (Québec), a indiqué que « le numérique est devenu une culture en soi . Et que si la francophonie n’est pas en rupture avec le réseau de la toile, elle doit neanmoins entrer de manière accrue dans l’ère du numérique.Il faut augmenter les contenus francophones sur le réseau. D’autant que la francophonie est nourrie de cet humanisme qui est porté par la culture numérique ».
Xavier Darcos, directeur de l’Institut français, a déclaré de son côté : « La France a la nostalgie de l’époque où le français était la langue de référence culturelle. Aujourd’hui, le français doit s’inscrire dans le multilinguisme. Dans certains pays qui cherchent une résistance à l’américanisation, il y a un retour vers la littérature française. Le français devient ainsi une langue “contrefeu”. Il faut répondre à cet appel. »
Pour porter et défendre un français ouvert, dynamique et multiple, un groupe de jeunes participants au forum à rédigé un document regroupant leurs demandes prioritaires, à savoir: «La libre circulation dans l’espace francophone, l’éducation et la formation en français, la francisation et la “francophilisation” de l’univers numérique ainsi que la diversité culturelle. »
Quatre grands défis auxquels les instances de la francophonie devraient s’attaquer sans tarder. Et que l’on retrouve dans le communiqué recensant les 15 propositions issues des rencontres de ce forum (voir cadre ci-joint). Celles-ci seront soumises aux instances réunies au Sommet des chefs d’États francophones à Kinshasa au mois d’octobre.
Ces recomandations ont mis au jour «des enjeux qu’on ne peut plus balayer, a relevé Michel Audet, commissaire général du forum, parmi lesquels celui, primordial, de faciliter la mobilité des étudiants, des chercheurs, des entrepreneurs, des artistes... Ainsi que d’apporter un soutien réel au multilinguisme et de traiter la fracture du numérique...»
«Ce forum a montré notre formidable engagement collectif», a constaté Clément Duhaime, administrateur de l’Organisation international de la francophonie, lançant, en conclusion: «Nous avons désormais une responsabilité partagée.»
Portée par l’enthousiasme et l’élan des jeunes participants, l’application des recommandations issues de cet événement – qui, ne nous leurrons pas, dépendra de la réelle volonté politique des pays membres! – sera évaluée au cours de la prochaine édition. Rendez-vous donc dans 3 ans, délai fixé par l’OIF pour la tenue du prochain Forum francophone.
À commencer par la franche «déclaration de guerre» du professeur Claude Hagège contre «non pas la mondialisation mais l’américanisation». «Le français semble reculer or ce n’est pas le cas. En réalité, la langue française continue de progresser à travers le monde mais elle est devancée par l’anglais dont la propagation est plus rapide», a soutenu le professeur...

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