« Dans les prochains mois, on risque de changer de monde. Il faut donc que le Liban se dote d’un président, tant qu’il figure encore parmi les priorités de la communauté internationale. » C’est par ce constat qu’un diplomate occidental basé à Beyrouth résume pour L’Orient-Le Jour l’objectif de la visite de l’émissaire spécial de l’Élysée pour le Liban, Jean-Yves Le Drian, attendu dans la capitale libanaise mardi et mercredi pour une nouvelle tentative de débloquer la présidentielle. Après la hausse de ton du Quintette impliqué dans le dossier libanais (États-Unis, France, Arabie saoudite, Égypte, Qatar), l’émissaire français revient exhorter les protagonistes libanais « à remplir leur devoir », sans pour autant proposer une nouvelle initiative. Selon nos informations, il s’agira plutôt d’« inaugurer une nouvelle phase du processus », principalement axée sur le profil et le programme du futur chef de l’État.
Six mois après son dernier déplacement à Beyrouth, M. Le Drian devrait s’entretenir avec le Premier ministre sortant, Nagib Mikati, et le président de la Chambre, Nabih Berry, les deux dirigeants de facto du pays en période de vide à la tête de l’État. Des réunions sont également prévues avec les chefs de file politiques, dont le leader des Marada et candidat du tandem chiite à la présidentielle, Sleiman Frangié, le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, ainsi que le bloc du Renouveau (relevant de l’opposition) et celui de la Modération nationale (députés ex-haririens). Également au programme une réunion à Bkerké avec le patriarche maronite, Béchara Raï.
Toutefois, le diplomate français ne se réunira probablement pas avec le chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, à l’heure où leur dernière réunion était relativement tendue. Les milieux diplomatiques relativisent cependant. « M. Bassil est en voyage, son déplacement a été planifié bien avant le retour de M. Le Drian au Liban », souligne la source précitée. Aucune réunion n’est prévue non plus avec le chef de l’armée, Joseph Aoun, pourtant perçu comme un sérieux présidentiable. « Cette fois-ci, la mission de M. Le Drian ne porte pas sur la situation au Liban-Sud, mais sur la présidentielle », explique la source diplomatique.
M. Le Drian revient à Beyrouth une douzaine de jours après le communiqué publié par les ambassadeurs à Beyrouth des Cinq, dans lequel ils s’étaient prononcés pour des « consultations, limitées en termes de portée et de durée, entre les blocs politiques ». « Le choix du terme “consultations” est voulu pour donner un cachet officiel et constitutionnel à la démarche », décrypte le diplomate occidental, faisant valoir que lors de leurs entretiens avec les chefs de file politiques (en avril dernier), les cinq ambassadeurs avaient réussi à leur arracher un engagement à essayer de s’entendre et, surtout, à ne pas torpiller le quorum de toute (éventuelle) séance électorale. « C’est sur cet engagement que M. Le Drian mise pour tenter de faire progresser les choses », déclare la source. Elle indique que l’émissaire de l’Élysée devra par la suite rédiger un rapport qu’il remettra au président Emmanuel Macron. Ce dernier évoquera le dossier libanais avec son homologue américain, Joe Biden, lors de leur sommet prévu le 6 juin en France.
« Cette réunion et la visite prévue de M. Le Drian à Beyrouth sont une dernière chance pour le Liban », prévient un diplomate français.
Pour un Français vivant au Liban c’est exaspérant de voir ces tergiversations de la part de ces hommes politiques libanais qui ne pensent qu’à leur confort et non à celui du pays ? Qu’ils se remémorent une chose : « Les frontières ne sont pas éternelles ». À bon entendeur….
13 h 39, le 28 mai 2024