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Liban - La situation

Les affrontements de Tarik Jdidé exacerbent la polémique Mikati-Futur

Les inquiétants développements des derniers jours ont éclipsé tous les autres dossiers en suspens et exacerbé au plus haut point la polémique entre le Premier ministre et le courant du Futur.
Le chef de l’État, Michel Sleiman, s’est informé auprès du ministre de l’Intérieur, Marwan Charbel, et du commandant en chef de l’armée, Jean Kahwagi, des derniers développements. Les résultats de l’enquête de la police militaire sur l’incident de dimanche, à Halba, qui a mis le feu aux poudres, a été au centre de l’entretien avec le chef de l’institution militaire, mais aucun détail n’en a filtré. Sans les révélations du député Khaled Daher, on n’aurait même pas appris que trois officiers de l’armée et dix-neuf militaires de son poste ont été placés en état d’arrestation, dans cette affaire.
Le chef de l’État a également écouté les explications du ministre des Affaires étrangères, Adnane Mansour, retour de Doha, au sujet des raisons qui ont poussé le Qatar à conseiller à ses ressortissants de quitter le Liban.
Pour sa part, l’ambassadeur d’Arabie saoudite, reçu hier par le Premier ministre, Nagib Mikati, et le ministre du Tourisme, Fady Abboud, a précisé que son pays ne suivra pas sur ce terrain le Qatar, le Koweït, les Émirats arabes unis et Bahreïn. M. Mikati s’est également entretenu au téléphone avec le ministre des Affaires étrangères du Koweït, qui lui a assuré que ces mesures « sont dues à l’état de sécurité qui règne au Liban et sont provisoires »
Il n’empêche : les décisions prises par les autorités de ces pays du Golfe ont inquiété par leur soudaineté. Des sources diplomatiques en ont minimisé la portée, alors que d’autres, au contraire, se sont montrées alarmistes. Une chose est sûre, ces décisions portent un coup sérieux à la saison touristique, si elles ne sont pas abolies prochainement, encore que les ressortissants eux-mêmes qui se trouvent au Liban ont flairé dans ces décisions une manipulation médiatique qui ne les concerne pas.

 Les chabab de Tarik Jdidé
Sur la situation à Tarik Jdidé, un quartier secoué dimanche soir par des combats de rue qui se sont soldés par l’expulsion de Chaker Berjaoui, chef du parti du Courant arabe, prosyrien, le ministre de l’Intérieur a été laconique. Il a affirmé que la situation dans le quartier s’est calmée et que les « chabab » du coin ont « passé leurs nerfs hier (dimanche) », mais « qu’aujourd’hui, ça va ! ». Les affrontements de Tarik Jdidé ont fait deux morts et plusieurs blessés, rappelle-t-on.
M. Charbel a par contre lancé une pointe aux responsables politiques de tous bords, en affirmant : « S’ils ne s’assoient pas pour dialoguer, ils en assumeront tous la conséquence. » Une façon à lui de dire que la sécurité du pays est autant l’affaire des forces de l’ordre que des leaderships politiques, ce que le commandant de l’armée avait affirmé dès dimanche.
Curieusement, les événements n’ont pas été jugés assez graves pour qu’un Conseil des ministres soit convoqué, encore moins une séance de la Chambre. Le Premier ministre a quand même décidé d’annuler la visite officielle qu’il devait effectuer en Espagne, pour suivre de plus près les développements de l’état de la sécurité, en particulier à Tripoli.
Le gouvernement, pour sa part, se réunira demain, au Sérail, avec à son ordre du jour une cinquantaine de points ordinaires. Mais il va de soi que les développements des derniers jours prendront le pas sur les autres questions, d’autant qu’on attend le verdict, aujourd’hui, du juge d’instruction militaire, dans l’affaire de l’arrestation de Chadi Mawlaoui, qui avait déclenché des remous à Tripoli la semaine dernière. Son maintien en état d’arrestation pourrait être le point de départ de nouvelles tensions à Tripoli, alors que sa remise en liberté détendrait certainement l’atmosphère, du moins au niveau des groupes salafistes.
Le ministre des Finances, Mohammad Safadi, lui, a proposé une réunion de la Chambre.

Mikati invité à démissionner
C’est sur ce fond que les députés de Beyrouth, réunis au siège de la maison centrale du courant du Futur, ont réclamé hier la démission du gouvernement. Dans un communiqué final, ils ont en effet considéré que ce qui s’est produit dans la capitale est « un plan des mercenaires du régime syrien pour entraîner ( les Libanais) à la discorde », accusant le régime syrien, qui est passé à l’offensive à l’ONU, de chercher à « exporter sa crise au Liban ».
«La lourde tâche qui nous revient et revient aux habitants de Beyrouth est de faire échec à ce plan hypocrite », souligne le communiqué, qui a fait assumer à M. Mikati et à son gouvernement « l’entière responsabilité » de tout ce qui se passe dans le pays et lui a demandé de démissionner.
Le gouvernement a été accusé de « couvrir les agissements des milices relevant des renseignements syriens et de leurs affidés pour raviver les luttes internes, allumer la discorde confessionnelle et rendre ainsi service au régime syrien (...) en lui offrant à nouveau l’occasion d’exercer son chantage arabe et international. C’est ainsi que le gouvernement, qui s’est voulu de stabilité, a fini par faciliter le retour de la guerre civile au Liban ».

Réponse du Premier ministre
La réponse de M. Mikati ne s’est pas fait attendre. Le premier ministre a résolument durci le ton à l’égard du bloc parlementaire, affirmant qu’il considérait de « son devoir national » de rester à la tête du gouvernement et d’éviter au pays « les malheurs d’un pari politique erroné » et accusant le courant du Futur d’avoir directement participé aux combats à Tarik Jdidé, dimanche soir..
M. Mikati a également accusé le bloc du Futur d’user d’un « double langage », de lui adresser des « signaux positifs » de sa volonté de coopération, puis de le poignarder dans le dos. « Ce procédé n’échappe plus à personne », a-t-il dit.
« Nul n’ignore les efforts du Premier ministre pour éteindre les flammes allumées par d’autres, dont certains députés du Futur avec leur forfanterie dénuée de tout sens national et leur manière de pousser leurs partisans à la désobéissance civile et aux manifestations de rue, dont celle qui a eu lieu hier à Beyrouth », a ajouté le communiqué, qui a enfin accusé le courant du Futur, ou du moins certains de ses députés, de « falsifier la vérité, en ignorant la prise de position « honorable » adoptée par M. Mikati à l’égard de la lettre adressée à l’ONU par la Syrie.
Les inquiétants développements des derniers jours ont éclipsé tous les autres dossiers en suspens et exacerbé au plus haut point la polémique entre le Premier ministre et le courant du Futur.Le chef de l’État, Michel Sleiman, s’est informé auprès du ministre de l’Intérieur, Marwan Charbel, et du commandant en chef de l’armée, Jean Kahwagi, des derniers développements. Les...
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