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À La Une - Un peu plus de...

Euro Liban

Les élections dans l’Hexagone sont terminées. La France est passée à gauche. La majorité des Libanais est déçue. Le Liban est à droite. Il l’a toujours été. Chiraquien jusque dans l’épine dorsale. Malgré la fin d’une campagne assez ennuyeuse, des débats insipides et un revirement vers l’Ouest, les discussions iront bon train. Parce que les Libanais, français ou pas, s’intéressent toujours à l’ailleurs. Aux autres. Une appropriation surprenante, aussi tendre que drôle.
Le débat du 2 mai a été massivement suivi. Dîners dans des apparts, visionnage à plusieurs. Entre Franco-Libanais et Libanais tout court. « Il a bien taclé Hollande. » « Quel bouffon, ce Sarko. » « Sacré démago. » « Putain de menteur. » Ah ça, pour donner notre avis, nous sommes très forts. Et pour prendre position, adopter un clan, nous sommes les rois. Il ne manquait plus, dimanche dernier, que les voitures klaxonnant place Sassine, arborant des drapeaux du PS, avec des photos de Hollande placardées sur le pare-brise à l’arrière d’une BMW 2002. Elles auraient fait l’aller-retour sur l’autostrade Beyrouth/Jounieh, des roses rouges sortant des fenêtres. Et le pire, c’est que ça n’aurait étonné personne. On a toujours eu ce petit quelque chose de fanitude pour les autres. On s’enthousiasme pour un rien. Pour nos élections bien sûr, slogans, parodies, posters, manifestations, meetings. Dans une effervescence on ne peut plus exaltée. Et on finit le dimanche du vote, le doigt encré après s’être tapé 2 heures de route pour aller placer son bulletin dans l’urne de ce village situé à côté de Nabatiyeh, dont nous sommes originaires et où on n’a jamais mis les pieds. Une espèce de retour électoral aux sources. Là, ça se comprend, on élit nos députés, qui généralement n’en foutent pas une, pour qu’ils élisent à leur tour le président de la République qui n’en fout pas une non plus. Mais quand il s’agit de la France, pourquoi autant de « patriotisme » ? Surtout quand on n’a pas la double nationalité. Qu’est-ce qu’on s’en fout de l’augmentation du nombre de fonctionnaires, à moins qu’ils viennent prêter main-forte aux nôtres qui sont les plus grands glandeurs de la planète ? En quoi l’impôt sur la grande fortune peut-il préoccuper les Libanais habitant Tripoli ? En quoi le programme de l’un ou de l’autre des candidats va-t-il influer sur la hausse du prix du baril d’essence chez nous ? Allez comprendre ce qui anime les Libanais. Comme souvent d’ailleurs.

Préparez-vous cette année à voir les mâles s’exciter devant leur poste, un drapeau dans une main, une bière dans l’autre. Cet été, c’est l’Euro 2012. Après avoir déprimé (ou hurlé de plaisir) en matant le Barça face au Real dans un des matchs les plus regardés du monde, les voilà qui vont porter les couleurs de l’Espagne, de l’Allemagne ou de la France. Les femmes quant à elles vont s’intéresser au ballon rond dès les quarts de finale pour mater le torse de Benzema ou celui de Torres. La Manchaft et la Roja vont en affoler plus d’une. Tank top bien moulant à l’effigie d’un joueur. Les clubs, elles connaissent moins et se demandent pourquoi Messi ne joue pas. Toujours est-il que la testostérone va se dégager de plus d’un poitrail bien en sueur. Attendons-nous à voir les walls de FB inondés de Goooooooo Germany, Ouaiiiiiiiis 2-0, de photos et de vidéos du match en cours. Le sang libanais sera en juin prochain ibérique ou germanique, entre autres. Rebelote pour la place Sassine et les autostrades. Le 1er juillet, on assistera à un défilé plus éloquent que notre sempiternel 22 novembre. Il ne manquera qu’un avion de chasse (le seul qu’on ait) lâchant une fumée jaune, rouge et noire ou aux insignes de Juan Carlos.

En attendant, on se tape depuis quelques semaines déjà les commentaires stupides des facebookiens à propos du show télévisé The Voice. Là aussi, à part la présence de Jhony Maalouf (écriture improbable de son prénom), ex-candidat libanais écarté au profit de Atef et de Louis, on ne comprend pas bien ce mégatrip. Qui ? Si vous ne regardez pas TF1 le samedi soir, vous n’allez pas comprendre grand-chose. De toutes les façons, il n’y a rien à comprendre. Le Libanais est enthousiaste et c’est ce qui est extraordinaire. D’ailleurs, il y a quelques années, les candidats de la Star Academy n’avaient également rien compris à l’hystérie des téléspectateurs libanais pour un programme totalement franco/français. Go la Roja ! !

Les élections dans l’Hexagone sont terminées. La France est passée à gauche. La majorité des Libanais est déçue. Le Liban est à droite. Il l’a toujours été. Chiraquien jusque dans l’épine dorsale. Malgré la fin d’une campagne assez ennuyeuse, des débats insipides et un revirement vers l’Ouest, les discussions iront bon train. Parce que les Libanais, français ou...
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