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Sport - Football

Mais qui es-tu, Fortuna Düsseldorf ?

Barrages aller à Berlin, le Fortuna Düsseldorf y défie le Hertha. Après des années de galère, le club de Rhénanie du Nord-Westphalie, emmené par sa vedette Jens Langeneke, tient absolument à remonter. Pour renouer avec sa glorieuse période d’autrefois, qui lui a notamment valu une finale de C2 face au FC Barcelone.

Dans les années 70 et un peu dans les années 80, c’est la folie dans le football allemand. La Mannschaft gagne l’Euro 72, le Mondial 74 à domicile et l’Euro 80, perdant au passage une finale de l’Euro 76 sur une Panenka d’Antonin. Du côté des clubs, le Bayern fait le triplé en C1 de 74 à 76, Hambourg se fait la C2 77 et M’Gladbach se fait les C3 75 et 79, avant d’échouer l’année d’après face à... l’Eintracht Francfort. Pour les puristes pacifistes, on peut également rajouter le triomphe du 1.FC Magdeburg lors de la C2 74 sur le Milan AC, seule coupe européenne remportée par un club « Ossi ». Et puis, au beau milieu de toutes ces grosses cylindrées, il y a le Fortuna Düsseldorf. Un club de Rhénanie du Nord-Westphalie créé en 1895 qui, d’après la légende, doit son nom à la charrette d’une usine à pain nommée « Fortuna ». Voilà. Rien de bien magique, surtout que les succès ne se sont pas vraiment multipliés par la suite. Il y a bien un championnat à se mettre sous la dent en 1933, et voilà. Jusqu’à cette fameuse histoire de finale de Coupe des Coupes en 1979, face au FC Barcelone.

Le plus beau match de l’histoire du club
Qu’on se le dise d’entrée, à l’époque, le Barça, c’est une bonne équipe, mais ce n’est pas la folie non plus. Outre quelques succès dans des compétitions incroyables comme la Coupe latine et la Coupe des Villes de foire, le FC Barcelone n’a encore jamais gagné une compétition continentale majeure. Ce n’est pas encore « plus qu’un club », mais il y a un truc. Johan Ier vient tout juste de partir, laissant derrière lui Johan Neeskens (entre autres), rejoint par Hans Krankl. Du beau monde. En face, le Fortuna Düsseldorf ne pèse pas lourd, et il est même très chanceux de se trouver là. Si le Fortuna a réussi à jouer la C2, c’est parce qu’il a perdu en finale de Coupe d’Allemagne contre l’ennemi intime, le 1.FC Cologne, qui réalise le doublé et s’envole pour la C1.
« C’est clair que c’était David contre Goliath. Il suffisait de voir tous les supporters catalans qui étaient venus au parc Saint-Jacques, à Bâle. Ils étaient 30 000. Les supporters du Fortuna étaient 10 000 environ, et ils comptaient bien faire leur maximum pour soutenir leur équipe. Apparemment, ça a marché, au vu du déroulement du match », se remémore Bernd Jolitz, journaliste à la Rheinische Post, sur place au moment des faits. Mené par les frères Allofs (Klaus et Thomas) ainsi que par Wolfgang Seel (double buteur durant la finale), le Fortuna contraint le FC Barcelone à la prolongation, mais finira par s’incliner 4-3. « Assurément le plus beau match de l’histoire du club », selon Jolitz.

Du succès à la chute, arrivée des pantalons morts
L’équipe a failli créer la sensation. Logique, quand on voit le parcours du club dans les années 70-80, les années où le football allemand cartonnait. Le club est monté pour la première fois dans l’élite en 1971. Deux-trois années pas mal, finissant aux places européennes, et puis boum, le ventre mou. Non, le long terme, ce n’est pas trop ça. À Düsseldorf, on préfère flamber à des moments choisis, tout comme on se montre sur la fameuse Königsallee, l’artère commerçante de la ville. D’où la finale de DFB-Pokal en 1978, celle de Coupe des Coupes en 1979, et les deux victoires en Coupe nationale en 1979 et 1980. Par la suite, le club ne fait plus rien et, à force de jouer avec le feu, finit par se brûler. Descente en 1987, puis ascenseur pendant près de dix saisons, jusqu’en 1997. Et là, les problèmes commencent.
Sportivement, le club sombre, allant même jusqu’à tomber en quatrième division, au début des années 2000. Financièrement, il est à la rue. Alors hop, les supporters décident de mettre un peu d’ordre dans tout ça. « Il y a eu une sorte de révolution de l’intérieur. Face à l’incompétence du président de l’époque, qui avait une grande gueule mais qui ne faisait pas grand-chose, les fans se sont réveillés et ont décidé de faire quelque chose. Ils ont décidé par exemple de mettre en place un conseil de surveillance chargé de désigner la direction du club, dont les membres n’étaient désormais plus élus », résume ainsi Jolitz. En ce qui concerne l’argent, ce sont des fans un peu spéciaux qui ont décidé d’apporter leur soutien : Die Toten Hosen (littéralement « les pantalons morts », NDLR). Le groupe de punk rock originaire de la ville s’est bien entendu ému de la situation de son club de cœur, et a agi en conséquence. « Die Toten Hosen se sont pointés au moment où le club était à terre, dans sa pire période. Ils sont venus et ont décidé de sponsoriser le club durant deux ans (de 2001 à 2003, NDLR). Ils ont vraiment sauvé le club », Jolitz toujours.

La remontée folle
Depuis, ça va mieux au Fortuna. Le changement de direction du club a également permis une diversification du public, des jeunes gens, des femmes, des familles... Même le stade a changé. Le « F95 » ne joue plus au Rheinstadion, mais à l’Esprit-Arena. Bernd Jolitz se rappelle que « la ville s’était proposée pour accueillir des matchs de la Coupe du monde 2006. La ville a donc fait construire un nouveau stade. Finalement, Düsseldorf n’a pas accueilli de matchs, mais on a mis le Fortuna là-bas ». Une arène qui n’accueille pas que des rencontres de football, d’ailleurs. Les frères Klitschko boxent régulièrement là-bas, l’édition 2011 de l’Eurovision s’y est déroulée, et tous les ans, on a droit à une gigantesque soirée pour le 31 décembre nommée « Sensation White », où tous les participants sont priés de se pointer habillés de blanc. D’un point de vue sportif, le club a entamé sa remontée en 2008, passant de la Regionalliga à la 3.Liga, avant de remonter l’année suivante en 2.Bundesliga. Après avoir raté de peu la montée l’an passé, voici que le Fortuna Düsseldorf va tenter sa chance en barrages face au Hertha Berlin. Et qui sait, peut-être que la remontée du club dans l’élite signifierait un renouveau du football allemand...
Dans les années 70 et un peu dans les années 80, c’est la folie dans le football allemand. La Mannschaft gagne l’Euro 72, le Mondial 74 à domicile et l’Euro 80, perdant au passage une finale de l’Euro 76 sur une Panenka d’Antonin. Du côté des clubs, le Bayern fait le triplé en C1 de 74 à 76, Hambourg se fait la C2 77 et M’Gladbach se fait les C3 75 et 79, avant...
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