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Culture - Spectacle

Ainsi soit-il

Bayt al-Tabib est, jusqu’au 13, la scène d’un spectacle rare. S’il est normal aujourd’hui de peindre à la bombe une fraction de mur sur un beat hip-hop (quitte à se faire arrêter dans un pays comme le Liban...), il serait plus insolite de peindre à la craie, sur fond de musique, en contant une histoire biblique.

François Bergeron va remplir la toile de 10 mètres tout en contant une histoire biblique. Photo Hassan Assal

François Bergeron est un artiste à la craie québécois. Il est aussi conteur. Il est aussi très croyant. Le mélange des trois provoque une explosion des sens.
La première partie du spectacle est assurée par un joueur de cloches. Comme son nom l’indique, l’art de jouer de la musique en faisant sonner les cloches qui généralement ornent les arbres de Noël. Les «instruments» sont posés sur une table. De loin, on pourrait même les prendre pour des icônes de la vierge. De prime abord, on est dubitatif. Mais dès que les sons se font entendre, la salle baigne d’un coup dans une atmosphère de sérénité. Les notes alignées composent des chants d’église et donnent envie de fermer les yeux. Pour prier? Non, pour se laisser aller tout simplement.
François Bergeron entre ensuite sur scène. La salle est calme. Lui un peu moins. Gilet satiné et pantalon en toile, l’habit ne fait décidément pas le moine mais l’artiste. Une toile de 10 mètres est tendue au milieu de l’estrade. Les lumières s’éteignent. Les notes d’une musique de Denis Riedinger s’élèvent dans l’air. Bergeron prend une craie en main et commence à l’étaler dans un coin. Élargissant petit à petit ses gestes. Quelques minutes plus tard, la magie opère. Quand par coups fermes, il trace certains contours. Une montagne. Et son reflet sur la mer bleue. En quelques secondes, cet homme a dessiné un paysage complet.
C’est avec un accent canadien à couper au couteau que l’artiste va, tout en promenant ses mains sur la toile, conter une histoire tirée de la Bible. Il raconte un fragment de la vie du Christ et le peint. Ce soir, il peint la tempête (pour les non-initiés, Jésus et ses disciples décident de traverser une mer déchaînée par la tempête qui fait tanguer la barque et paniquer les disciples. Jésus calme la tempête. Et les disciples reconnaissent ses pouvoirs surhumains). Bergeron parcourt les mètres avec une facilité déconcertante. Sa voix est tantôt solennelle tantôt tremblante en fonction des passages qu’il lit. Les couleurs de sa craie deviennent sombres quand l’instant est grave et reprennent en pastel dans les moments d’espoir. La représentation de l’embarcation piégée par des vagues mortelles est d’un réalisme effrayant. Le Radeau de la méduse prend une connotation divine.
Les dix mètres de la toile recouverts et l’histoire ayant repris son cours paisiblement, l’artiste quitte la scène quelques instants. Juste le temps que des lumières noires révèlent un tableau derrière le tableau. Sur une même toile, François Bergeron a peint deux œuvres. L’une visible à l’œil nu dont le public a observé l’élaboration durant la soirée. L’autre, peinte, en même temps et sans que le public s’en aperçoive, avec des craies spécialement conçues pour n’être visibles qu’à travers certains types d’éclairage. Standing ovation pour l’artiste qui s’en va après avoir livré ses quelques mots de paix. François Bergeron semble avoir gagné son ticket pour le paradis!
François Bergeron est un artiste à la craie québécois. Il est aussi conteur. Il est aussi très croyant. Le mélange des trois provoque une explosion des sens.La première partie du spectacle est assurée par un joueur de cloches. Comme son nom l’indique, l’art de jouer de la musique en faisant sonner les cloches qui généralement ornent les arbres de Noël. Les...
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