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Culture - Exposition

Jeux de gamins, jeux de vilains...

Une quinzaine de grandes acryliques sur toile et autant de gravures et sculptures en bronze déclinent, à la galerie Mark Hachem*, l’univers faussement naïf du jeune peintre syrien Yaser Safi.

Acrylique sur toile. (160x210 cm)

Entrer à la galerie Mark Hachem, c’est – jusqu’au 24 avril – pénétrer dans l’univers singulier de Yaser Safi! D’emblée, une atmosphère étrange se dégage des peintures, gravures et sculptures de cet artiste syrien trentenaire qui, s’il privilégie la représentation naïve et minimaliste de gamins joueurs, n’exprime pas moins à travers son art une vision frondeuse de la noire réalité qui l’entoure.
Car il se dégage une atmosphère douloureuse de ses grandes toiles peuplées de figures pseudo-enfantines en mouvement. Quelque chose de dramatiquement agressif sort des scènes joueuses qu’il peint, de manière récurrente, à l’acrylique sur toiles de grandes dimensions.
Des peintures mettant en scène des silhouettes saugrenues d’êtres irréels entre enfants-monstres et bouffons. Des personnages étranges, à têtes rondes et faces bleues ou grises, sur buste à prédominance pondérale et pattes courtes, qui évoluent dans un espace-toile dénué de tout repère, mais qui évoque néanmoins une aire de jeux par la présence, disséminés ici et là autour des protagonistes, d’un vélo qui semble abandonné au sol, d’une voiture, d’une marionnette, d’un animal de compagnie ou encore d’une paire de chaussettes.
Ces jeunes trublions sont représentés en masses de couleurs pures et vives émergeant d’un fond entièrement recouvert d’une superposition de touches chromatiques sombres ou claires. Ainsi, ils semblent flotter, voire même «léviter» dans des postures «mouvementées», culbutées, tête parfois à l’envers ou encore marchant dans les airs.

Rébellion masquée
Tout cela est reproduit avec une totale absence de proportions réalistes pour souligner le caractère outrancier et spontané de ces compositions imaginaires émergeant des profondeurs de la mémoire. Cette «mémoire (qui) érige des murs devant notre innocence première», comme l’affirme l’artiste dans un petit texte accompagnant l’exposition.
Et l’on ne manque pas de capter la rébellion masquée qui, derrière les préoccupations esthétiques contemporaines, anime le pinceau de Yaser Safi. Lequel exprime également par une belle série de gravures – dont une particulièrement explicite montrant des têtes décapitées flottant dans un espace fermé ! – cette exhalaison douloureuse qui l’habite. Et lui fait reprendre, encore et toujours, le même thème dans des sculptures en bronze épais incarnant en trois dimensions les silhouettes grotesques de ces gamins au ventre bas et rond, aux pattes courtes, aux faces lunaires et aux jeux... de vilains.
Yaser Safi, ou la fausse innocence d’un art à décrypter !

* Minet el-Hosn, rue Salloum; imm. Capital Gardens, bloc B. Horaires d’ouverture : du lundi au samedi, de 10h à 19h. Tél.: 01/999313.
Entrer à la galerie Mark Hachem, c’est – jusqu’au 24 avril – pénétrer dans l’univers singulier de Yaser Safi! D’emblée, une atmosphère étrange se dégage des peintures, gravures et sculptures de cet artiste syrien trentenaire qui, s’il privilégie la représentation naïve et minimaliste de gamins joueurs, n’exprime pas moins à travers son art une vision...
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