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Nos Lecteurs ont la Parole

Liban S.A.R.I. – Société à responsabilité inexistante

Nous nous sommes surement tous un jour ou l’autre demandé comment notre pays et notre économie nationale se sont maintenus durant toutes ces longues années de guerre ? Comment avons-nous pu survivre dans un environnement instable et incertain alors que le monde qui nous entoure avance à grande vitesse et que nous reculions au même rythme à contre-courant ? Comment avons-nous résisté économiquement alors que toutes les données négatives nous poussaient à la dérive ?


La réponse à ces questions est très claire : notre économie locale s’est maintenue durant toutes les années de guerre et a pu survivre jusqu’à présent grâce à ses trois piliers centraux et vitaux : la communauté d’expatriés dans le monde, le secteur privé et les ressources humaines.


Il est donc crucial dans ces moments difficiles que nous traversons, tant au niveau local que régional et même encore international, de :
– maintenir notre économie libanaise, libre et indépendante des tiraillements politiques qui enveniment le monde des affaires,


– offrir des opportunités à nos ressources humaines qui quittent constamment le pays,


– maintenir des liens étroits avec nos expatriés qui représentent le vrai « pétrole » libanais, le pétrole que nous devons chercher et maintenir à jamais !


Notre pays est désormais connu pour avoir exporté l’alphabet, pour constamment exporter ses cerveaux, ses talents, ses jeunes, ses familles, ses entreprises... mais surtout pour importer les problèmes des autres sur notre terre.
Notre communauté d’expatriés constitue une de nos plus grandes ressources. Leurs transferts de fonds et leurs investissements contribuent positivement à notre croissance économique. Leurs visites périodiques et régulières à leur terre d’origine soutiennent clairement notre secteur touristique et les échanges commerciaux qu’ils développent, nous incitent à créer de nouveaux marchés. Il est clair que nous pouvons et devons beaucoup mieux exploiter cette mine d’or négligée !


L’homme d’affaires libanais est renommé pour ses capacités à s’adapter très rapidement aux situations difficiles et à tout changement brusque et inattendu de son environnement. Il a acquis l’expérience de substituer certaines crises en opportunités et a surtout appris à transformer les défaites en succès. Son courage l’a toujours poussé à continuellement investir malgré les risques et incertitudes qui l’entourent.


Nous sommes fiers de notre secteur privé libanais et de nos sociétés qui ont réussi, malgré les guerres et les instabilités, à surmonter tous les obstacles et qui se sont étendues dans le monde entier selon des normes internationales et suivant une gouvernance de haute qualité. Notre secteur privé est connu pour être un des plus performants de la région. Ce n’est que grâce à son développement et son expansion que nous pouvons espérer bâtir une croissance régulière stable et continue.
Nos entreprises, dont la croissance constitue « l’oxygène » de notre économie, arrivent à se maintenir et à se développer grâce à leurs dirigeants qui sont continuellement poussés par une volonté farouche de réussir, qui sont motivés à aller de l’avant et qui dessinent des stratégies de croissance claires selon des plans prédéfinis.
Nous avons des conseils d’administration efficaces, des comités exécutifs performants et des comités d’audit méticuleux et réguliers : on ne peut s’empêcher donc de se demander s’il serait possible un jour d’appliquer cette « formule magique » à notre secteur public et d’essayer de gérer notre pays comme une grande société !
Mais il est certes inutile de s’aventurer dans cette métaphore vu que les ingrédients de réussite ne sont pas regroupés : il n’y a aucune volonté commune, mais, par contre, plusieurs résolutions contradictoires entre les partenaires, il n’y a pas une seule vision claire qui regroupe les protagonistes autour d’objectifs communs, mais plusieurs concepts qui tournent autour d’intérêts personnels.
Les stratégies qui sont rarement tracées ne sont maintenues qu’à très court terme et changent continuellement avec les permutations fréquentes des décideurs. Nos infrastructures sont quasi inexistantes et il existe très peu de plans viables pour les bâtir avec des moyens utopiques. Quant au recours aux créanciers, il est de plus en plus difficile vu que ces derniers sont méfiants et prêtent difficilement à une « société » rongée par une corruption galopante. Les dépenses sont en augmentation continue et créent un déficit récurrent sans aucun plan clair de restructuration et de réduction de coûts.


Nous assistons continuellement à des conflits entre partenaires au lieu de complémentarité qui est indispensable pour la réussite des projets. Nous sommes témoins d’une incapacité totale de procéder à des appels d’offres basées sur des cahiers des charges clairs et transparents qui pressent à prendre la meilleure décision pour le bien général et non à accepter des solutions de compromis peu productives et efficaces, sans vainqueur et vaincu.
Si cette « société » devrait porter un nom, ce serait Liban S.A.R.I. : Société à responsabilité inexistante.

Dr Fouad ZMOKHOL
Président du Rassemblement des dirigeants et chefs
d’entreprise libanais (RDCL)

Nous nous sommes surement tous un jour ou l’autre demandé comment notre pays et notre économie nationale se sont maintenus durant toutes ces longues années de guerre ? Comment avons-nous pu survivre dans un environnement instable et incertain alors que le monde qui nous entoure avance à grande vitesse et que nous reculions au même rythme à contre-courant ? Comment avons-nous...

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