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À La Une - Un peu plus de...

Rékib l’machkal

L’hiver nous dit enfin au revoir. Le printemps pointe le bout de son nez. L’été est à la porte. Un déjeuner en bord de mer. Sous le soleil exactement. Pas un bruit, juste le vent qui caresse le visage. Sur la table, se côtoient une limonade, une bière, un arak, des cacahuètes, des carottes citronnées et des bizer la2tine. Un rêve. Les serveurs sourient. La clientèle est composée d’habitués. On se salue d’une table à une autre. La terrasse n’est pas vaste. Loin de là.
On a commandé le poisson. Deux daurades et du sultan Ibrahim frits, un le2oss grillé. Quelques crevettes. Le hommos arrive, le taboulé aussi. Kesskon, sahtein. Soudain, deux tables plus loin, un homme s’énerve. Le chien de la femme d’à côté (rien à voir avec la Ardant) venait de pisser juste sous ses pieds. Une légère éclaboussure et le mec pète une durite. Il regarde son copain et commence à parler de plus en plus fort. Arguant que la propriétaire du petit chien ne s’était pas excusée. La propriétaire étant assise sur la table collée à la sienne. De plus en plus fort. Un Libanais lourd comme tant d’autres, tapant du poing sur la table en notifiant qu’il ne permet pas cela parce qu’il n’est pas n’importe qui. Un Libanais arrogant comme beaucoup d’autres. Le restaurant est silencieux. Impossible d’en placer une. Cinq minutes tout au plus. Et la bonne femme se lève, criant à son tour. Ça va, dit-elle, pas besoin d’en faire un plat et de nous insulter indirectement. Le type se lève aussi, hurle de plus belle. Finissant par une phrase élégante, comparant la femme à son chien. Vous êtes des animaux metel kalbkoun. Très chic. L’homme d’un certain âge, assis avec la femme, s’énerve. Les noms d’oiseaux pleuvent. Le monsieur se lève également, insulte l’arrosé. Le ton monte. Le monsieur prend sa chaise en plastique et s’approche du bonhomme pour le frapper. Les serveurs interviennent. Trois femmes septuagénaires s’énervent à leur tour en criant au premier type de se taire parce que les clients déjeunent et qu’ils ont le droit de le faire en paix. Un autre client gueule à son tour, demandant au plaintif de la boucler. Nous tous, morts de rire. Une scène hallucinante. Twilight Zone et en même temps pas vraiment. C’est le genre d’événement qui n’étonne plus personne.
Que les hommes soient bruyants, ça s’saura. Qu’ils soient arrogants et vindicatifs, aussi. Les mâles libanais ont le sang chaud. Celui qui ne fait qu’un quart de tour. Il suffit d’une mini-queue de poisson pour qu’un mec s’excite et pousse une gueulante. Profusion d’insultes et pas les plus softs. Gestes obscènes. Même face à une femme. Aucune retenue. Les limites sont très vite dépassées. Mais pourquoi? Parce qu’on peut, impunément, faire sa loi? Parce que 30 ans de guerre, ça reste dans les gènes? Quelles que soi(en)t la/les explication(s), le terrain reste fertile. Quelques grammes dans le sang ou dans le nez, et c’est parti pour une valse. En boîte parce qu’un bellâtre mate la girlfriend, au bureau parce que les plans ne sont pas terminés. Ta gueule! Kol kh**a. Et j’en passe. Et le plus beau, bien évidemment, se passe sur les routes. À raison, à tort, qui s’en fout. Ça part en vrille pour n’importe quoi. Je t’en colle une, je t’écrase le nez, t’arrache la mâchoire, te tire les cheveux, t’envoie une droite, te tacle dans le tibia et te crache à la figure. Même les femmes s’y sont mises. Du grand art. Comme cette scène dans l’avion, vue par des milliers de Libanais, où un homme, vraisemblablement en pleine crise de nerfs, menaçait de tout casser. Le problème, c’est qu’on ne sait plus comment les choses peuvent tourner. Un flingue par ci, une batte par là... Et c’est le drame. Mais faut avouer que souvent, un type pareil ça peut rassurer. Pas lors d’un esclandre public, mais quand son instinct de félin prend le dessus. Du genre, je protège ma tribu, ma fratrie. On se sent tout de suite en sécurité. Si c’est papa qui assure les arrières de ses gamins et surtout de sa gamine, ça fait très Darth Vader qui sauve son Luke Skywalker de fils. Un sentiment de toute puissance du paternel. Et si c’est l’amoureux, le boyfriend, le mari, ça fait sacrément viril quand même. On a tout de suite envie de se jeter dans les bras de ce superhéros.
Et puis, un petit côté az3ar, ça a toujours plu aux demoiselles. Surtout celles qui ont le sang chaud...
L’hiver nous dit enfin au revoir. Le printemps pointe le bout de son nez. L’été est à la porte. Un déjeuner en bord de mer. Sous le soleil exactement. Pas un bruit, juste le vent qui caresse le visage. Sur la table, se côtoient une limonade, une bière, un arak, des cacahuètes, des carottes citronnées et des bizer la2tine. Un rêve. Les serveurs sourient. La clientèle est composée...
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