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À La Une - France

Un groupe lié à el-Qaëda revendique la tuerie de Toulouse

Le suspect, Mohamed Merah, abattu lors d'un assaut lancé après 32 heures de sièges; Sarkozy annonce un durcissement de la lutte contre l'apologie du terrorisme.

Les hommes du RAID, l'unité d'élite de la police française qui a mené l'assaut contre Mohamed Merah, le suspect des tueries de Toulouse et Montauban, retranché dans son appartement de Toulouse pendant plus de 32 heures. Ce jeune français d'origine algérienne se revendiquant d'el-Qaëda, a été abattu d'une balle dans la tête durant l'assaut, pendant lequel il a résisté en tirant sur les forces de l'ordre. Pascal Pavani/AFP

Un groupe lié à el-Qaëda a revendiqué, dans un communiqué mis en ligne jeudi, la tuerie de Toulouse et appelé la France à reconsidérer sa politique "hostile" aux musulmans.


Le texte, signé par l'organisation "Jund al-Khilafah" (les soldats du Califat) qui a par le passé revendiqué des attaques en Afghanistan et au Kazakhstan, a été publié sur le site Shamekh, qui diffuse généralement les communiqués d'el-Qaëda. Selon le communiqué, la tuerie de Toulouse a été perpétrée par "Youssef le Français", qualifié "d'un des chevaliers de l'islam". "Cette opération bénie a ébranlé les piliers sionisto-croisés dans le monde entier (...) et nous la revendiquons", affirme encore le texte.

 

Ce texte a été diffusé quelques heures après la mort de Mohamed Merah, suspecté d'avoir tué, dans la région de Toulouse (sud de la France), sept personnes, un prof et trois enfants dans une école juive ainsi que trois militaires d'origine maghrébine. Merah, qui était retranché depuis plus de trente heures dans son appartement de Toulouse, a été abattu lors d'un assaut lancé par une unité d'élite de la police, le Raid, ce matin.

 

Le président français, Nicolas Sarkozy a justifié jeudi l'opération. Dans une courte allocution radiotélévisée, le chef de l'Etat s'est réjoui de la mise "hors d'état de nuire" de Mohamed Merah. "Tout a été fait pour que le tueur soit livré à la justice mais il n'était pas concevable d'exposer des vies pour atteindre cet objectif", a-t-il plaidé.

 

Comme il l'a répété depuis lundi et la tuerie de l’école juive de Toulouse, le président a également lancé un appel à l'unité en demandant aux Français de "surmonter leur indignation et ne pas laisser libre cours à leur colère". "Nos compatriotes musulmans n'ont rien à voir avec les motivations folles d'un terroriste, il ne faut procéder à aucun amalgame", a-t-il souligné, "avant de prendre pour cible des enfants juifs, le tueur a tiré à bout portant sur des musulmans".

 

Mercredi, les autorités musulmanes, comme celles du judaïsme, avaient rejeté tout amalgame entre l'islam et ces crimes. "Ces actes sont en contradiction totale avec les fondements de cette religion", a assuré Mohamed Moussaoui, président du Conseil français du culte musulman (CFCM).

 

Sortant d'une réunion avec le Premier ministre François Fillon et plusieurs membres du gouvernement, Nicolas Sarkozy a par ailleurs affiché sa fermeté en annonçant un renforcement de l'arsenal pénal destiné à lutter contre l'apologie du terrorisme et des idéologies "de haine". 

"Désormais, toute personne qui consultera des sites internet qui font l'apologie du terrorisme ou qui appellent à la violence sera punie pénalement, a dit Nicolas Sarkozy. Toute personne se rendant à l'étranger pour y suivre des travaux d'endoctrinement à des idéologies conduisant au terrorisme sera puni pénalement".

 

Mohamed Merah, un Français d’origine algérienne se réclamant d'el-Qaëda, a été tué jeudi après 32 heures de siège  de l'appartement de Toulouse où il était cerné par le Raid (Lire les détails du déroulement du siège en cliquant ici).

 

Après des heures d'attente, la fin s'est déroulée très vite : vers 11H00 trois détonations ont retenti, puis quelques minutes après les policiers du Raid ont pénétré à l'intérieur de l'appartement où ils ont progressé "pas à pas", selon une source proche de l'enquête.

L'ancien délinquant a résisté et une fusillade a éclaté. Finalement, le suspect "a sauté par la fenêtre une arme à la main, en continuant de tirer. Il a été retrouvé mort au sol", a raconté le ministre de l'Intérieur Claude Guéant. Les policiers du Raid l'ont abattu d'une "balle dans la tête" alors qu'il fuyait, a précisé le procureur de Paris François Molins. Dans la fusillade, un policier a été blessé, selon une source policière. (Lire le récit des derniers instants de Merah)

 

Mohamed Merah a revendiqué dans des discussions avec les policiers être l'assassin entre le 11 et le 19 mars à Toulouse et Montauban de trois militaires d'origine maghrébine, de trois enfants de 4, 5 et 7 ans et d'un professeur dans une école juive. Il projetait encore d'assassiner deux policiers et un militaire dès mercredi, selon le procureur le procureur de Paris François Molins. 

 

Ce dernier a précisé, aujourd'hui, que Mohamed Merah a filmé les trois tueries. "On le voit au cours de son rendez-vous avec le vendeur de motos (sa première victime le 11 mars) s'enquérir de sa qualité de militaire et l'abattre de deux balles en lui disant +Tu tues mes frères, je te tue+", a déclaré François Molins. "On le voit abattre les militaires à Montauban dans une scène extrêmement violente" et s'enfuir au guidon "de son scooter aux cris de +Allah Akbar+", le 15 mars, a poursuivi le procureur. "Et on le voit enfin commettre sa tuerie sur les lieux de l'école juive de Toulouse lundi matin", a-t-il conclu.

La police a trouvé le sac qu'il avait confié à quelqu'un contenant la caméra dont il s'était sanglé lors de ses crimes. Merah a indiqué aux négociateurs de la police "avoir posté (les vidéos des tueries), mais on ne sait ni où, ni comment, ni quand".

 

S'épanchant volontiers, le suspect a affirmé "être un moudjahidine, appartenir à el-Qaëda et avoir voulu venger les enfants palestiniens autant qu'avoir voulu s'en prendre à l'armée française" du fait de sa présence en Afghanistan, selon Claude Guéant. Il entendait aussi punir la France pour sa loi interdisant le port public du voile islamique intégral.

 

Le jeune Français se serait radicalisé dans les milieux salafistes et à la faveur de deux séjours en Afghanistan et au Pakistan. Lors des discussions avec les policiers, il s'est vanté d'avoir été formé par el-Qaëda et a affirmé avoir accepté une mission pour le réseau en France et d'avoir "toujours agi seul".

Capable de rester enfermé chez lui à regarder des scènes de décapitation, il n'a exprimé "aucun regret", sinon de "ne pas avoir fait plus de victimes".

 

Si aucun élément n'a permis de le rattacher à une organisation quelconque en France selon le procureur, les enquêteurs devraient beaucoup s'intéresser à ses fréquentations. Parmi les gardés à vue, son frère Abdelkader, 29 ans, avait été inquiété dans une affaire de filière d'acheminement de jihadistes en Irak.

 

La controverse a commencé à apparaître sur une faille dans la surveillance des réseaux islamistes radicaux par le renseignement français. Selon M. Guéant lui-même, Mohamed Merah était suivi depuis des années. En novembre 2011, il avait été convoqué par le renseignement intérieur à Toulouse pour s'expliquer sur ses séjours en Afghanistan et au Pakistan.

"Je comprends qu'on puisse se poser la question de savoir s'il y a eu une faille ou pas. Il faut faire la clarté là-dessus", a reconnu le ministre des Affaires étrangères Alain Juppé. M. Guéant a défendu le travail des enquêteurs en affirmant que "manifester des opinions salafistes ne suffit pas à déférer à la justice".

 

Les services de renseignement occidentaux estimaient récemment à quelques dizaines ces jeunes jihadistes de retour des zones troublées à la frontière du Pakistan et de l'Afghanistan, dont quelques-uns en France où les dernières attaques islamistes remontent à la vague d'attentats à la bombe de 1995.

 

La presse française s'accordait jeudi pour dire que la dérive meurtrière de Mohamed Merah était un défi pour la classe politique française en pleine campagne présidentielle et qu'il y aura un avant et un après Toulouse.

Dès mercredi soir, la campagne a repris sur un ton virulent, le parti de Nicolas Sarkozy accusant le socialiste François Hollande et la candidate du Front national Marine Le Pen de vouloir "instrumentaliser" ces tueries.

 

"C'est parce qu'on tue des juifs en tant que tels que l'Etat d'Israël a été créé", a, par ailleurs, déclaré le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu lors des visites de condoléances aux familles des quatre victimes juives qui ont été inhumées en Israël hier. 

Un groupe lié à el-Qaëda a revendiqué, dans un communiqué mis en ligne jeudi, la tuerie de Toulouse et appelé la France à reconsidérer sa politique "hostile" aux musulmans.
Le texte, signé par l'organisation "Jund al-Khilafah" (les soldats du Califat) qui a par le passé revendiqué des attaques en Afghanistan et au Kazakhstan, a été publié sur le site Shamekh, qui diffuse...
commentaires (2)

Ces nouvelles mesures seront difficiles à mettre en place. Il n'est pas du tout évident de surveiller le trafic internet de toute une nation. Et en voulant épier et contrôler ce qui se passe dans un monde virtuel, on tombe vite dans le piège de la subjectivité et de l'irrationnel.

Robert Malek

11 h 25, le 22 mars 2012

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Commentaires (2)

  • Ces nouvelles mesures seront difficiles à mettre en place. Il n'est pas du tout évident de surveiller le trafic internet de toute une nation. Et en voulant épier et contrôler ce qui se passe dans un monde virtuel, on tombe vite dans le piège de la subjectivité et de l'irrationnel.

    Robert Malek

    11 h 25, le 22 mars 2012

  • Pour la nième fois, les autorités musulmanes devraient d'abord, à voix haute, explicitement, unanimement (c'est-à-dire partout dans le monde et pas seulement en France) et mille fois plutôt qu'une, dénoncer, rejetter, condamner, honnir, maudire, vouer aux gémonies de l'enfer les auteurs de tels actes barbares au lieu de "rejetter" mollement "tout amalgame", en se gardant bien d'aller plus loin. Bon sang !

    Paul-René Safa

    09 h 02, le 22 mars 2012

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