L'émissaire international Kofi Annan a conclu dimanche une mission en Syrie sans parvenir à un accord pour mettre fin à un an de violences, au moment où les forces du régime intensifiaient leur offensive sur la province rebelle d'Idleb et d'autres bastions de la contestation.
M. Annan a quitté Damas après avoir présenté au président Bachar el-Assad une "série de propositions concrètes" en vue d'arrêter le bain de sang, mais sur le terrain, la spirale de la violence a fait plus de 120 morts en deux jours et rien ne montre qu'elle va faiblir.
"La situation est si mauvaise et dangereuse qu'on ne peut pas se permettre d'échouer", a affirmé l'émissaire de l'ONU et de la Ligue arabe aux journalistes au terme de sa visite, se déclarant "optimiste" tout en reconnaissant que sa tâche était ardue. "Cela va être difficile, mais nous devons espérer", a-t-il dit au terme de son second entretien avec le président Assad.
La visite de deux jours de M. Annan visait à négocier une sortie de crise alors que les violences en un an de révolte réprimée dans le sang ont fait plus de 8.500 morts, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
M. Annan a indiqué avoir présenté "une série de propositions concrètes qui auraient un impact réel sur le terrain", sans en préciser la teneur.
Les autorités syriennes n'ont pas réagi dans l'immédiat à ces déclarations. Mais la veille, le président Assad avait donné le ton en prévenant que tout dialogue serait voué à l'échec tant qu'il y aurait "des groupes terroristes oeuvrant pour semer le chaos", en référence aux rebelles.
Alors qu'il recevait M. Annan, le régime a intensifié son offensive contre les combattants rebelles notamment dans les régions d'Idleb (nord-ouest), de Damas et de Hama (centre), et sa répression des manifestations à travers le pays.
Au moins 34 personnes, en majorité des civils, ont été tuées dimanche.
Dans la province d'Idleb, 15 personnes, dont quatre civils, ont péri dans des combats dans la ville même d'Idleb que les rebelles tentent encore de défendre après l'assaut lancé samedi par l'armée. Ailleurs dans la région, quatre autres civils, dont une femme et son enfant, et sept soldats ont été tués, en majorité lors de combats.
Depuis plusieurs jours, des troupes se préparaient à une offensive semblable à celle lancée contre Baba Amr, quartier rebelle de Homs repris le 1er mars par l'armée après un mois de siège et de pilonnage meurtrier.
Ailleurs dans le pays, cinq rebelles et six soldats ont été tués dans des combats dans la province de Damas et dans la ville de Hama.
Un jeune homme a en outre été tué dans la capitale, où les forces de sécurité ont arrêté une dizaine d'étudiants qui tentaient de manifester et frappé des étudiantes à l'université de Damas.
Et dans la ville de Homs, quatre civils, dont trois frères, ont été tués par une roquette qui s'est abattue sur leur maison, tandis qu'un officier de l'armée a été tué dans une embuscade près de la frontière avec le Liban.
Par ailleurs, un champion de boxe, Ghiath Tayfour a été abattu par des hommes armés à Alep (nord), selon l'OSDH, un meurtre attribué à un "groupe terroriste" par l'agence officielle Sana. Dans la même ville, une militante kurde a été tuée à l'aube par des tirs à un barrage.
Sur le plan diplomatique, le ministre allemand des Affaires étrangères Guido Westerwelle a évoqué depuis Riyad la possibilité de de s'inspirer de l'expérience du Yémen où le président Ali Abdallah Saleh, rejeté par la rue, a fini par accepter de partir au terme d'une crise de 11 mois, en vertu d'un accord de transition lui accordant l'immunité pour lui-même et ses proches.
De son côté, le prince saoudien Saoud al-Fayçal s'en est pris au régime syrien, l'accusant de commettre une "boucherie", tandis que Damas a accusé Doha et Riyad d'envenimer la crise.
"Le Qatar et l'Arabie saoudite sont les principaux responsables de la poursuite des événements en Syrie", a écrit le quotidien gouvernemental Techrine.
La veille, le Qatar, chef de file des pays arabes critiques de Damas, avait dénoncé "un génocide" et appelé à nouveau à l'envoi de forces arabes et internationales en Syrie.
Principal soutien du régime, Moscou maintient son refus de tout ingérence et renvoie dos à dos le régime et les rebelles.
La Chine, également très critiquée pour son appui à Damas, a dépêché pour sa part un émissaire, Zhang Ming, qui a entamé en Arabie saoudite une tournée qui doit le conduire en Egypte puis en France, pour expliquer sa position.
M. Annan a quitté Damas pour Doha. Selon un diplomate turc, il doit aussi visiter prochainement les camps de réfugiés syriens à la frontière syro-turque.
Lundi, les ministres des Affaires étrangères américain, européens et russe célébreront au siège des Nations unies à New York le Printemps arabe, mais la Syrie devrait dominer les débats qui s'annoncent conflictuels, selon des diplomates.
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Antoine-Serge : Plutôt VALET que CONCIERGE !
07 h 29, le 12 mars 2012