L’élan vers le pire

Incompétence et narcissisme pour nous gouverner... À quoi peut-on s’attendre encore ?
Plus vous êtes influent et célèbre, et plus vous accroissez votre potentiel d’incompétence.
En effet, l’influence et la réputation édulcorent parfois le jugement de vos pairs. Si par ailleurs vous cumulez réputation, influence et pouvoirs discrétionnaires, l’évaluation de vos pairs sera d’autant plus altérée et irrationnelle que votre compétence passera soit inaperçue, soit pour de la très haute compétence...
Aujourd’hui, l’irrationnel est devenu rationnel ; ni l’inaperçu ni la très haute compétence ne peuvent encore nous leurrer. Beaucoup me diraient que Bill Gates, qui a fait de Microsoft l’une des plus grandes firmes au monde, n’est qu’un programmeur, pas un gestionnaire. Nicolas Sarkozy ne savait pas combien de sous-marins nucléaires possède la France, et pourtant il est devenu président de la République. Les t-shirts et autres produits dérivés estampillés Che Guevara, que les nostalgiques, s’arrachent, sont produits par des capitalistes. Adolf Hitler n’était ni un brillant tacticien ni un brillant stratège, mais un joueur de poker. Chamberlain et Daladier, qui lui étaient à tous égards supérieurs intellectuellement, ne se sont pas moins laissés intimider. Par lui. Mais je répondrai que les exceptions confirment bien certaines règles.
Maintenant il faut se méfier du troupeau qui était assis bien sagement au repos dans son enclos, car il secoue des vagues inquiétantes, anarchiques, et peut, dans une réaction grégaire, incontrôlable, briser une palissade et s’enfuir dans un galop sauvage, renversant tout sur son passage.
Il est temps de réaliser que c’est un pays qu’il faut gouverner, il est temps et grand temps de substituer à l’incompétence la compétence, et à l’individualisme, l’intérêt d’un peuple et d’un pays. Il est temps avant que le temps ne nous dépasse, et que tout le monde trépasse.
Pour conclure enfin un petit sonnet offert à tous nos politiciens qui se reconnaîtront d’ailleurs :
Je me suis rencontré, je me suis reconnu,
Je me suis adoré au tout premier regard,
Quand je rêve de moi comme un vieil inconnu,
Me sourit tendrement à travers le miroir...
Je m’aime à la folie, sans moi je ne suis rien,
Je me suis attendu assis dans ce resto,
Je ne voyais que moi parmi les citoyens,
Entre mille touristes aux allures de nigauds.
Prolonge mon bonheur, demeure entre mes bras,
Toi mon alter ego qui n’a jamais failli !
Je ne suis jamais seul lorsque je pense à moi...
Quand je rentre le soir, je me sens accueilli,
En parlant avec moi, bien loin des caméras,
Je m’écoute encore, je m’aime, je me réjouis.

Ralda KARAM