Les Frères musulmans et la cause palestinienne

Du point de vue historique, les mouvements islamistes, dont les Frères musulmans, n’ont jamais participé au combat national palestinien, depuis sa naissance en 1948. En cette année, des volontaires sont venus de la Jordanie, de la Syrie et de l’Égypte pour combattre auprès des Palestiniens. Leur nombre total était de 470 combattants seulement, alors qu’à cette époque, les Frères musulmans comptaient près d’un million de membres dans le monde arabe. Selon Sakr Abou Fakhr, les volontaires libanais qui ont soutenu les Palestiniens étaient plus nombreux. Depuis, les islamistes n’ont plus appuyé sur le terrain les Palestiniens.
Pour M. Abou Fakhr, la priorité idéologique des Frères musulmans est d’islamiser la société. Ce qui importe pour eux, c’est de bâtir des écoles, des hôpitaux, de créer des centres d’entraide, etc. Le jihad est relégué à plus tard, en attendant l’instauration du califat.
Même chez les Palestiniens, les Frères musulmans sont apparus sur la scène sociale et politique dans les années 70, avec l’aide financière de l’Arabie saoudite. L’action militaire du mouvement et la création officielle du Hamas n’est venue que suite aux opérations armées du Jihad islamique contre Israël. Plus tard, même l’État hébreu avait encouragé indirectement l’émergence du Hamas, pour contrer l’influence du Fateh. Le soutien des pays du Golfe au Hamas a en outre augmenté après la première guerre du Golfe, lorsque Yasser Arafat a appuyé Saddam Hussein.
Sur le plan théorique, les écrits des Frères musulmans ne considèrent pas la cause palestinienne comme une cause centrale. Elle est l’une des causes musulmanes, à l’instar de Chypre, du Kosovo, de l’Albanie et de la Tchétchénie...
Pour Sakr Abou Fakhr, les Frères musulmans n’ont pas de problème majeur à calmer le jeu avec Israël ou à discuter avec les États-Unis. Leur priorité absolue au stade actuel est la consolidation de leur pouvoir. Et c’est aussi le cas du Hamas.
Pratiquement, les Frères musulmans et les islamistes donnent trop de gages de bonne volonté aux Israéliens. À court terme, Israël semble inquiet, mais en même temps satisfait de la situation présente. Le danger actuel ne pourra venir que de groupuscules jihadistes proches d’el-Qaëda ou du Hezbollah.