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À La Une - L'homme de la semaine

Abdoulaye Wade : à 85 ans, l'ex-opposant devenu président s'accroche à son siège

Les opposants jugent sa candidature anticonstitutionnelle.

L'entêtement de Abdoulaye Wade provoque des violences jusqu'alors inédites au Sénégal. Fabrice COFFRINI/

Abdoulaye Wade, opposant pendant un quart de siècle, élu triomphalement en 2000 président du Sénégal, ne compte pas quitter le pouvoir : âgé de 85 ans, il est à nouveau candidat à sa réélection en février, en dépit des pressions de ses opposants et de "pays amis". 


Son élection en 2000 avait suscité d'immenses espoirs après 40 ans de règne socialiste du premier président-poète Léopold Sédar Senghor, puis de son dauphin Abdou Diouf, lequel avait reconnu sa défaite face à Wade, renforçant l'image du Sénégal comme modèle de démocratie en Afrique.


Douze ans après, de nombreux Sénégalais ne comprennent pas la volonté de s'accrocher au pouvoir de ce patriarche qui a contribué à doter le Sénégal de nouvelles infrastructures et qui, au lieu de partir la tête haute, provoque des violences jusqu'alors inédites dans son pays. A l'image du groupe de rap à l'origine du mouvement citoyen "Y'en a marre", à la pointe du combat contre la nouvelle candidature du président, dont la dernière chanson intitulée "Faux ! Pas forcé", dit: "Sors par la grande porte avant que l'on ne te chasse. Qui joue avec la Constitution nous trouve sur son chemin. Abdoulaye! Faut pas forcer".

 

 

 


Wade - 85 ans "plus la TVA", ironisent ses opposants en affirmant qu'il a au moins cinq ans de plus - maintient sa position: entouré de partisans qui chantent ses louanges au quotidien, il se dit sûr d'être réélu dès le 1er tour du 26 février.


Alors que la tension atteint son paroxysme au Sénégal autour de sa candidature jugée anticonstitutionnelle par ses opposants, il a déclaré que "légalement" il pouvait être candidat non seulement en 2012, mais aussi en 2019.  La validité de sa candidature a été confirmée le 29 janvier par le Conseil constitutionnel.

 

 

"Gorgui", comme Kadhafi?


Imaginatif au puissant ego, "Gorgui" (le vieux, en wolof) fascine ou horripile : pour les uns, il est "le bâtisseur", "le modernisateur", pour les autres, "le monarque" ou "l'illusionniste".


Né officiellement le 29 mai 1926, fils de négociant, Wade obtient une bourse pour poursuivre sa scolarité en France et étudie au prestigieux lycée parisien Condorcet, puis à Besançon où il rencontre sa future épouse française, Viviane. Diplômé en droit, en économie et en mathématiques appliquées, il rentre au pays en 1960, année de l'indépendance. Il enseigne à la faculté de droit puis ouvre un cabinet d'avocat.


Alors que Senghor préside avec un parti unique, Wade le convainc en 1974 de le laisser créer le Parti démocratique sénégalais (PDS). Sous le régime Diouf, il est arrêté, emprisonné plusieurs fois. Grand orateur, l'opposant devient "président de la rue".


En 2000, il a 74 ans lorsqu'il accède enfin au sommet, à sa cinquième tentative. En 2007, il est réélu pour un quinquennat, mais a, depuis, modifié la Constitution pour rétablir le septennat.


L'opposition et la société civile contestent sa candidature au sein du Mouvement du 23 juin (M23), jour d'émeutes en 2011  pour dénoncer un projet de loi visant à faire élire le président dès le premier tour avec 25% des voix. Le texte a été retiré sous la pression.


Systématiquement, le président a écarté ses proches qui lui faisaient de l'ombre, à l'exception de son fils, Karim, omniprésent : "super ministre", il cumule Coopération internationale, Transports aériens, Energie.

Wade, libéral convaincu, construit routes, aéroport et grand théâtre à Dakar, écoles, hôpitaux. Mais la presse, critique, dénonce les scandales financiers, les coupures d'électricité récurrentes, la pauvreté, les inégalités. Et la Casamance (sud) reste en proie à un conflit indépendantiste meurtrier que Wade avait promis, en 2000, de résoudre "en 100 jours".


En juillet, Alain Juppé, chef de la diplomatie française, saluant son action en Libye, notait cependant qu'il ne faudrait pas que son entêtement à rester au pouvoir comme Mouammar Kadhafi "produise les mêmes effets" au Sénégal. Un haut responsable américain aux affaires africaines, William Fitzgerald, vient, lui, d'estimer que Wade aurait mieux fait "de partir à la retraite, pour protéger et soutenir une bonne transition dans la démocratie".

 

Lire aussi : Plusieurs milliers de manifestants à Dakar contre Wade

Abdoulaye Wade, opposant pendant un quart de siècle, élu triomphalement en 2000 président du Sénégal, ne compte pas quitter le pouvoir : âgé de 85 ans, il est à nouveau candidat à sa réélection en février, en dépit des pressions de ses opposants et de "pays amis". 
Son élection en 2000 avait suscité d'immenses espoirs après 40 ans de règne socialiste du premier...
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