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Économie - Éclairage

Les dépôts des banques à la BCE explosent, faut-il s’en inquiéter ?

Les dépôts sur un jour des banques de la zone euro auprès de la Banque centrale européenne (BCE) atteignent des records depuis décembre, un signe révélateur du degré d’anxiété des instituts de crédit mais qui, selon la BCE, ne doit pas être surinterprété.
Depuis l’aggravation des tensions en zone euro cet été, les dépôts ont considérablement augmenté et ils ont culminé entre mardi et mercredi à 528 milliards d’euros, un énième record absolu.
La BCE met à disposition des banques de la zone euro deux instruments pour faciliter la gestion de leurs liquidités à très court terme : la « facilité de prêt », pour les emprunts d’urgence, et la « facilité de dépôt », pour déposer leurs excès de liquidités durant 24 heures.
En temps normal ce dernier instrument n’est presque jamais utilisé car les dépôts sont toujours moins rémunérateurs (0,25 % actuellement) que les prêts interbancaires. Aussi les banques préfèrent-elles normalement prêter leurs surplus de liquidités à d’autres banques.
« La méfiance des banques entre elles est certainement l’un des principaux facteurs d’explication de l’usage massif de la facilité de dépôt de la BCE, malgré son taux rédhibitoire », selon Stefan Schilbe, économiste de HSBC Trinkaus.
La flambée des dépôts est aussi liée à la première opération de prêt de la BCE sur trois ans fin décembre, qui a permis à 523 banques de la zone euro d’emprunter 489 milliards d’euros à très bon marché.
Cette opération inédite de la BCE doit permettre aux banques de la zone euro de faire face à des enjeux financiers cruciaux sans sacrifier leur fonction primaire : prêter à l’économie réelle. Une seconde opération de ce type doit se tenir le 29 février.
Les banques de la zone euro doivent notamment rembourser au premier trimestre plus de 200 milliards d’euros de titres de dette arrivant à échéance, et 600 milliards sur l’ensemble de l’année.
Aussi « certaines d’entre elles peuvent être tentées de déposer leur “cash” à la BCE en attendant de faire face à leurs remboursements », glisse Gilles Moëc, économiste de Deutsche Bank, évoquant un « effet d’aubaine » engendré par l’opération de décembre.
Par ailleurs, 70 banques ont l’obligation en Europe d’augmenter leurs fonds propres d’ici au 30 juin pour être capables de résister aux chocs de la crise en zone euro, ce qui risque également de freiner l’octroi du crédit.
« Les flux (du crédit) se réduisent très, très vite », s’inquiète M. Moëc, qui juge que ce déclin n’est pas uniquement le fait de la baisse de la demande qu’implique le ralentissement de l’économie.
Et la situation n’est pas prête de changer de sitôt. « Le délai de transmission d’une amélioration des conditions de financement des banques à une augmentation du crédit au secteur non financier, c’est trois trimestres », estime-t-il.
Le président de la BCE Mario Draghi a cependant récemment réfuté la théorie du retour à l’expéditeur des prêts de son institution : « Des signes tangibles nous montrent que cet argent ne reste pas simplement dans la facilité de dépôt, mais qu’il circule dans l’économie », a-t-il déclaré.
Plusieurs indices semblent lui donner raison. Ainsi, de récentes émissions obligataires à court terme en Italie et en Espagne ont été couronnées de succès, avec une nette détente des taux et une forte demande.
Or les banques italiennes et espagnoles sont précisément celles qui ont le plus participé à l’opération de prêts sur trois ans de la BCE, croient savoir les analystes de Morgan Stanley.
Autre signe de détente, les taux sur certains segments du marché interbancaire se sont réduits depuis l’opération de la BCE, constate M. Schilbe de HSBC Trinkaus.
En outre, les montants des dépôts sont aussi dépendants d’un autre mécanisme d’ordre technique, les « réserves obligatoires » des banques auprès de la BCE, qui brouille sa fonction de baromètre du marché interbancaire.
Ainsi, le reflux brutal des dépôts en fin de semaine, autour de 400 milliards d’euros, coïncide avec le début d’une nouvelle période de constitution des réserves obligatoires des banques, qui se déroule sur une base mensuelle.
En début de période les banques placent généralement peu d’argent auprès de la BCE et se « rattrapent » à la fin de la période en augmentant fortement leurs dépôts, de manière à respecter la moyenne exigée.

© AFP
Les dépôts sur un jour des banques de la zone euro auprès de la Banque centrale européenne (BCE) atteignent des records depuis décembre, un signe révélateur du degré d’anxiété des instituts de crédit mais qui, selon la BCE, ne doit pas être surinterprété.Depuis l’aggravation des tensions en zone euro cet été, les dépôts ont considérablement augmenté et ils ont...
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