Dans Il faut qu’on parle de Kevin, un de ses livres les plus marquants, inspiré d’un véritable fait divers (adapté au cinéma, il a valu à Tilda Swinton une performance remarquable et largement applaudie au Festival de Cannes 2011), elle évoquait les relations entre mères et fils criminels. Dans ce roman construit autour de la personnalité d’un adolescent auteur d’une tuerie dans une école – tragédie ayant réellement eu lieu aux États-Unis –, elle explorait les ambivalences du prétendu «inné» amour maternel. Et posait, sans sensiblerie, des questions aussi troublantes que celles de savoir si un enfant peut porter en lui le gène du tueur, ou encore si une mère peut haïr le fruit de ses entrailles?
Dans Tout ça pour quoi, Lionel Shriver s’attaque, avec le même regard sans complaisance, aux failles du système de santé américain, à travers le récit cruellement réaliste de la confrontation à la maladie de deux familles amies. Mais elle s’y livre surtout à une radioscopie incisive et néanmoins émouvante de la famille, du couple et du mariage.
Quitter New York et partir vivre avec sa famille sur une île africaine. Ce rêve de « l’outre-vie» qu’il caresse depuis des années, Shep est enfin sur le point de l’accomplir quand sa femme Glynis lui apprend qu’elle est atteinte d’une maladie rare et mortelle. Il devra désormais tout laisser tomber pour faire face à une situation d’une férocité absolue...
Autour du personnage central de Shep, doux rêveur au sens des responsabilités exacerbé, et de sa femme malade, par conséquent cruelle et irascible, Lionel Shriver fait graviter toute une galerie de personnages terriblement réalistes dans leur humanité. Le casting idéal pour se livrer, une fois de plus, à l’exploration d’un sujet tabou: les liens des êtres face à la maladie, la mort et l’argent. D’une plume aussi claire qu’affûtée (527 pages).
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