Rechercher
Rechercher

Culture - Rencontre

Pablo Pérez-Mínguez, un photographe phare de la Movida, à Beyrouth

Invité à Beyrouth par l’ambassade d’Espagne et l’Institut Cervantès, le photographe Pablo Pérez-Mínguez, personnage phare de la Movida madrilène, a évoqué, au cours d’une conférence, cette période-clé de la culture contemporaine espagnole.

Pablo Pérez-Mínguez (debout) et son complice Jesús Ordovás racontant la Movida à Dar al-Moussawer. (Photo Hassan Assal)

Si Pedro Almodóvar, Rossy de Palma et Antonio Banderas sont les icônes emblématiques de la Movida, le photographe Pablo Pérez-Mínguez n’en a pas moins été un des protagonistes les plus importants de cette période d’explosion culturelle et festive qui a suivi, en Espagne, le décès de Franco.
Considéré comme le photographe témoin de cette phase transitoire qui dura approximativement cinq ans (de 1978 à 1984), Pablo Pérez-Mínguez (récompensé en 2006 du Prix national de la photographie) a présenté au cours d’une conférence à Dar al-Moussawer (secteur Wardieh) une sélection de ses clichés immortalisant les figures phares de cette Movida qu’il a vécue aux premières loges. En effet, c’est dans son immense studio de 10 pièces, en plein cœur de Madrid, que se réunissaient, souvent, les peintres, musiciens, photographes, acteurs, journalistes, écrivains et cinéastes de cette nouvelle vague qui a insufflé sur la scène artistique espagnole un vent de créativité et de liberté inégalé.
«C’est dans mon studio qu’Almodóvar tourna Laberinto de pasiones (Le Labyrinthe des passions), l’un de ses premiers films avec Banderas, dans lequel j’apparais en figurant», raconte-t-il. «À cette époque, tout le monde faisait tout», affirme Pérez-Mínguez, signalant que «l’une des caractéristiques de la Movida résidait, justement, dans la collaboration artistique à tous les niveaux. Il n’y avait pas d’artistes “spécialisés”, pas de clivages dans l’art comme aujourd’hui. Almodóvar, par exemple, avec qui je faisais des romans-photos, réalisait des films, jouait au théâtre et avait fondé avec Fabio MacNamara un groupe punk. Il avait, d’ailleurs, commencé à chanter alors qu’il était encore employé dans une société de téléphonie. Il se produisait sur scène toute la nuit et arrivait le matin au bureau avec des restes de maquillage sur le visage», se remémore le photographe espagnol, qui a immortalisé l’ensemble des protagonistes de cette avant-garde culturelle déjantée de laquelle sont issus les plus grands artistes espagnols contemporains.

Almodóvar et Banderas : jeunes anonymes
Œil affûté et caméra intuitive, Pablo Pérez-Mínguez savait repérer les étoffes de star chez les aspirants artistes qui l’entouraient. Les Rossy de Palma et autre Antonio Banderas qui, avec l’éminent Almodóvar, figurent dans les archives de sa galerie de portraits étaient alors loin d’être connus. «À l’époque, j’étais bien plus célèbre qu’eux», fait-il remarquer sans fausse modestie.
Ce que confirme son complice de ces années-là, le DJ et critique musical Jesús Ordovás qui l’accompagne dans sa visite beyrouthine, affirmant également que «Pablo possède une sorte de sixième sens qui lui fait déceler la star en devenir».

Clichés spontanés et couleurs saturées
«Et pourtant, l’un de mes grands credo photographiques a toujours été de rendre les personnes anonymes des stars et les célébrités des anonymes», dira l’intéressé. Qui signale avoir toujours été attiré par «la géographie faciale des êtres. Les rides, les cernes, les pores, les traces de fatigue qui expriment la vie d’une personne et qu’on voyait souvent dans les photos de la Movida». Les clichés d’alors étaient spontanés, libres et étaient pris sur le vif... On ne faisait pas poser les modèles – «Cela reste toujours le cas pour moi, car seuls les mauvais photographes sont des dictateurs», relève Pérez-Mínguez –, et les images, souvent de groupes, qui en résultaient étaient l’expression, avec leurs couleurs saturées, de l’intensité de la vie d’une communauté vibrante de liberté.
«L’Espagne sortait, alors, du blanc et noir de 40 ans de dictature franquiste et entrait, avec la Movida, dans un tourbillon de fiesta et de couleurs», résume l’artiste. Lequel, s’il dit avoir totalement évolué depuis et notamment être «devenu meilleur photographe», conserve de cette période de fêtes créatives, outre les milliers de clichés qu’il a réalisés et qui ont aujourd’hui valeur de témoignage, la conviction puissante que « la photographie est un art vital».
Si Pedro Almodóvar, Rossy de Palma et Antonio Banderas sont les icônes emblématiques de la Movida, le photographe Pablo Pérez-Mínguez n’en a pas moins été un des protagonistes les plus importants de cette période d’explosion culturelle et festive qui a suivi, en Espagne, le décès de Franco. Considéré comme le photographe témoin de cette phase transitoire qui dura...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut