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Couverture spéciale de la révolte en Égypte - Violences

L’armée s’excuse pour les tués à Tahrir, mais écarte un départ immédiat du pouvoir

Un ex-Premier ministre de Moubarak chargé de former un gouvernement ; appels à de nouvelles manifestations.
L’armée au pouvoir en Égypte a une nouvelle fois écarté l’hypothèse d’un départ immédiat du pouvoir comme le réclament les milliers de manifestants de la place Tahrir au Caire. « Le peuple nous a confié une mission et si nous y renonçons maintenant cela voudrait dire que nous trahissons ce peuple », a ainsi déclaré le général Moukhtar el-Moullah. Un autre membre du Conseil suprême des forces armées (CSFA), le général Mamdouh Chahine, a ajouté que « si nous quittons le pouvoir dans les circonstances actuelles, cela voudrait dire que le seul pilier de l’État qui reste s’effondre ».
Selon des télévisions égyptiennes privées, l’armée a néanmoins décidé de charger un ancien Premier ministre du président déchu Hosni Moubarak, Kamal el-Ganzouri, de former un nouveau gouvernement, en remplacement de celui de Essam Charaf, démissionnaire depuis lundi. Toutefois, le CSFA n’avait fait aucune confirmation dans la soirée, et selon d’autres médias, plusieurs candidats ont été reçus et les consultations se poursuivaient, à quelques jours du début lundi des premières législatives de l’après-Moubarak. Mais peine perdue : la possible nomination de cet économiste de 78 ans n’a pas convaincu les manifestants à Tahrir, où ce septuagénaire faisait hier soir l’objet de quolibets et de moqueries. « Je pense qu’il était populaire à son époque. Mais il n’est plus de notre temps », raillait Abdallah Ahmad, un étudiant de 22 ans.
Après les violences meurtrières des derniers jours, les affrontements ont cessé hier grâce à un accord passé entre manifestants et forces de l’ordre pour éviter les violences, l’armée s’étant excusée dans la matinée pour les 38 morts dans les affrontements des derniers jours. Il n’en reste pas moins que les appels à manifester aujourd’hui pour obtenir le départ du pouvoir militaire et de son chef, le maréchal Hussein Tantaoui, accusés de perpétuer de fait le régime Moubarak, se sont poursuivis.

Les abus, de nouveau...
En attendant, les abus, présumés ou réels, se sont de nouveau multipliés. Une éditorialiste américano-égyptienne, Mona al-Tahawy, a indiqué sur Twitter avoir été arrêtée dans la nuit de mercredi à jeudi lors des manifestations, puis relâchée après avoir été battue et sexuellement agressée par des policiers antiémeute. Une journaliste de la chaîne France 3 française, Caroline Sinz, a exprimé exactement la même plainte, incriminant des jeunes et des hommes en civil qui l’ont agressée alors qu’elle tournait un reportage aux abords de Tahrir.
Parallèlement, la justice égyptienne a décidé de libérer trois étudiants américains accusés d’avoir participé aux violences, tout en précisant que l’enquête sur leur cas se poursuivait. Sans toutefois confirmer leur remise en liberté, le département d’État américain s’est félicité du « traitement rapide de ce cas par les autorités égyptiennes », tandis que la mère de l’un d’eux s’est dit folle de joie à la perspective de son retour.
Notons que cette crise est la plus grave pour les militaires depuis qu’ils ont pris la direction du pays après la démission de M. Moubarak le 11 février. Cette violence semblait avoir créé un malaise même au sein des militants, beaucoup estimant que le mouvement de protestation devrait se concentrer sur la place Tahrir et ne plus provoquer la police près du ministère de l’Intérieur.
Signalons enfin que « la France est inquiète » de la situation en Égypte, mais incite « les autorités de transition égyptiennes à respecter les échéances électorales », espérant qu’elles se dérouleront « dans d’excellentes conditions », selon les souhaits exprimés par le ministre français de la Coopération, Henri de Raincourt.
(Source : AFP)
L’armée au pouvoir en Égypte a une nouvelle fois écarté l’hypothèse d’un départ immédiat du pouvoir comme le réclament les milliers de manifestants de la place Tahrir au Caire. « Le peuple nous a confié une mission et si nous y renonçons maintenant cela voudrait dire que nous trahissons ce peuple », a ainsi déclaré le général Moukhtar el-Moullah. Un autre membre du Conseil...