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À La Une - La situation

« Embarrassant », n’est-ce pas ?

Le vrai problème, c’est le terrible dilemme qui se pose à Nagib Mikati. Photo Dalati et Nohra

Si Israël avait été membre de la Ligue arabe, gageons que le Liban n’eut pas été seul ou presque dans son opposition à l’unanimité des Arabes sur la question syrienne : l’État hébreu eut très probablement voté à ses côtés.
C’est ce qui ressort des propos tenus ces jours derniers par le tout-puissant chef du service diplomatico-sécuritaire au ministère israélien de la Défense, Amos Gilad, véritable patron de la sécurité d’Israël, qui n’a pas hésité à évoquer l’éventualité d’une « crise dévastatrice » pour l’État hébreu en cas de chute du régime de Bachar el-Assad.
Pour cocasse que peut paraître la situation, le fait est là, indéniable et implacable : le gouvernement israélien ne semble pas très enthousiaste à l’idée de voir disparaître un régime qui, sous les prétextes les plus divers, vient de lui assurer trente-huit ans de stabilité quasi totale à sa frontière nord-est. Il est vrai qu’au cours de ces trente-huit dernières années, le régime en question était occupé ailleurs... à déstabiliser.
De cette concomitance syro-israélienne, qui n’est étrange qu’en apparence et qui ramène à leur juste mesure – c’est-à-dire à rien du tout – les prétentions selon lesquelles il y aurait un complot « américano-sioniste » pour renverser ce régime et sa politique de la « moumanaa », le gouvernement libanais ne paraît pas s’émouvoir outre mesure, alors même que dans cette affaire, le Liban, comme toujours dans pareil contexte, fait figure de dindon de la farce.
Tout le monde n’est certes pas content, au sein de la coalition gouvernementale, de l’attitude libanaise au conseil de la Ligue. Le ministre des Affaires sociales, Waël Bou Faour, l’a clairement signifié hier, en admettant que, sur cette affaire, le cabinet avait été mis « dans l’embarras ».
M. Bou Faour est, on le sait, joumblattiste, et on ne connaît que trop bien les positions actuelles de Walid Joumblatt au sujet de la contestation en Syrie, comme d’ailleurs sur nombre d’autres sujets faisant l’objet de désaccord sur le fond avec le camp du 8 Mars.
Or avec les rumeurs qui circulent sur une prochaine renaissance du Bloc démocratique (qui regroupait les sept députés joumblattistes actuels et les cinq qui s’étaient désolidarisés d’eux au moment du changement de majorité, en janvier dernier), le chef du PSP semble aujourd’hui traverser une phase tout à fait similaire, mais en sens inverse, à celle qu’il avait connue entre août 2009 et janvier 2011, période au cours de laquelle il avait de façon déclarée pris ses distances à l’égard du 14 Mars, mais sans quitter la majorité parlementaire d’alors.
Le camp du 8 Mars, et le Hezbollah en particulier, peuvent toujours compter sur la volonté apparente de M. Joumblatt d’exprimer de plus en plus sa différence politique sans pour autant recréer un climat d’hostilité ou de tensions entre druzes et chiites. La question est de savoir si cette entente minimale, qui est actuellement le fondement sur lequel continue de reposer la majorité parlementaire et donc le gouvernement en place, peut survivre longtemps à des moments de vérité de plus en plus pressants et porteurs de conflits.
La décision libanaise d’aller carrément à l’encontre de la quasi-unanimité arabe sur l’affaire syrienne – une première dans l’histoire de la diplomatie libanaise – est précisément l’un de ces moments de vérité qui, clairement, fragilise encore davantage la position d’un Premier ministre se démenant depuis son accession à ce poste pour essayer de persuader ses interlocuteurs que son gouvernement n’est pas le gouvernement du Hezbollah et du 8 Mars.
L’affaire de la Ligue a montré que sur les dossiers considérés comme vitaux, le 8 Mars ne s’embarrasse guère des états d’âme de ses alliés centristes, lesquels se seraient à l’évidence contentés dans ce cas d’une abstention du Liban, tout comme cela s’était fait précédemment à l’ONU.
Mais le vrai problème, c’est le dilemme terrible que doit affronter le Premier ministre après de tels couacs : soit essayer de suggérer le maintien de la cohésion gouvernementale en couvrant la décision prise, ce qui le place en porte-à-faux par rapport à ses convictions déclarées ; soit au contraire exprimer son désaccord, ce qui est censé l’amener à en assumer les conséquences et donc à présenter sa démission.
M. Mikati a, pour l’instant, opté pour la première formule. Agira-t-il de même sur les autres dossiers brûlants ?
Si Israël avait été membre de la Ligue arabe, gageons que le Liban n’eut pas été seul ou presque dans son opposition à l’unanimité des Arabes sur la question syrienne : l’État hébreu eut très probablement voté à ses côtés.C’est ce qui ressort des propos tenus ces jours derniers par le tout-puissant chef du service diplomatico-sécuritaire au ministère israélien de la...
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