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Liban - La situation

Brûlots mijotés à feu doux

Au milieu de ses échecs qui commencent à prendre ici ou là des aspects de déroute, le cabinet en place semble tout de même avoir réussi une vraie gageure : transformer la tergiversation en idéal de gouvernance.
La principale caractéristique des gouvernements que le Liban avait connus ces dernières années correspondait à la description imagée qu’en faisait l’ancien patriarche maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir : une charrette que tirent des bœufs vers l’avant et d’autres... vers l’arrière. Pour ce qui est de l’équipe actuelle, on a fait plus simple : la charrette a été purement et simplement supprimée. Le résultat est que les bœufs vont dans tous les sens.
Mais ce n’est pas tout : on cherche à donner le sentiment qu’il y a du mouvement. On crée des commissions, des sous-commissions, on passe d’une réunion à l’autre, on avance des projets de budget, de lois électorales, on charge à craquer l’ordre du jour du Conseil des ministres ; et tout cela au point où le secrétaire général du Hezbollah, se livrant l’autre jour à une arithmétique facile, s’est félicité de la « grande productivité » du gouvernement, sans paraître opérer la moindre distinction entre le fait d’accumuler des dossiers et celui de réussir leur mise en œuvre.
En vérité, rien d’essentiel ne bouge... pour l’instant. Les nominations administratives se heurtent, comme de coutume, aux rivalités des composantes gouvernementales. L’inhibition, sur ce plan, est d’ailleurs doublée par le fait que certaines de ces composantes, en particulier le bloc du Changement et de la Réforme du général Michel Aoun et le camp du chef de l’État, ont déjà en ligne de mire les législatives de 2013. Et il est bien connu qu’en campagne électorale, on ne fait pas de quartier.
La question des salaires, traitée avec un amateurisme d’écolier, a plongé tout le monde dans le désarroi. Certes, aussi bien la CGTL que le patronat ont vu, chacun à sa manière, une victoire dans l’avis négatif opposé par le Conseil d’État aux mesures décidées par le gouvernement. Mais c’est dire que ce dernier a raté le coche dans cette affaire, puisque tout le monde semble satisfait du retour à la case départ.
Les négociations doivent reprendre incessamment entre les partenaires sociaux sous l’égide du ministre du Travail, lequel devra en référer à la commission ministérielle formée à la suite de l’avis du Conseil d’État. Mais les positions demeurent aux antipodes les unes des autres. La centrale syndicale, dont le bureau exécutif s’est réuni hier, a insisté une nouvelle fois sur la nécessité d’englober tous les salaires dans le train de réajustements et mis en garde le cabinet contre toute « tergiversation » à ce sujet. Une prochaine réunion a été fixée au jeudi 10 novembre pour faire le point.
De son côté, le patronat, par la bouche du président du RDCL (Rassemblement des dirigeants et chefs d’entreprise libanais), Fouad Zmokhol, reçu hier par le Premier ministre, Nagib Mikati, estimait impératif pour le Liban de se rapprocher des « critères mondiaux en matière économique », lesquels limitent l’interventionnisme des pouvoirs publics au relèvement du salaire minimal.
Dans ce contexte, une solution médiane paraît pour le moment hors de portée, même si les milieux du chef du gouvernement se disent déterminés à hâter le processus.
C’est aussi le point mort pour le dossier du financement du TSL. Alors même que les positions en flèche pour ou contre au sein même de la majorité font qu’on n’a même plus besoin d’opposition, on insiste toujours, officiellement, pour que ce thème soit tabou, à n’en discuter qu’entre quatre murs et « en temps opportun ». Apparemment très sereins, les milieux gouvernementaux se donnent encore un mois pour trouver une parade à la quadrature du cercle, pendant que les avertissements contre le défaut de paiement fusent de partout, y compris à présent de Moscou.
Quant aux questions de sécurité, le minage de la frontière, les incursions, les rapts et le reste, elles sont encore à ce jour jugées « exagérées » par un gouvernement prêt à enfoncer davantage sa tête dans la terre pour ne pas entendre les appels – intérieurs comme extérieurs – qui le pressent de faire le nécessaire pour limiter les dégâts que pourrait causer au Liban l’évolution de la situation en Syrie.
À ce train, c’est tout entier qu’il risque de se retrouver ensablé.
Au milieu de ses échecs qui commencent à prendre ici ou là des aspects de déroute, le cabinet en place semble tout de même avoir réussi une vraie gageure : transformer la tergiversation en idéal de gouvernance.La principale caractéristique des gouvernements que le Liban avait connus ces dernières années correspondait à la description imagée qu’en faisait l’ancien patriarche...
commentaires (4)

Le bateau Liban est dans l'oeil du cyclone mais malheureusement n'a pour capitaines (Au pluriel car plus personne ne sait Kiéki ou kifékoi!) que des amateurs et des incapables. A ce jour nous n'avons vu aucune oeuvre mise sur pied venue, créée ou appliquée par ce gouvernement a la gomme. Soit ils reprennent les projets du gouvernement passé et ils ont le culot de clamer la réforme et le changement, soit ils prétendent voter des lois qui au final fâchent tous le monde et surtout le peuple dont il est clair ils n'en ont cure! Quand a 2013 beaucoup en parle mais auront elle lieu ces élections? D'ici la Bachar aura payé ou sera si affaiblit que je doute que le Hezbollah ne provoquent pas de troubles internes et comme a l'accoutumé, depuis déjà un demi siècle, on accuse les autres d’être des agents subversifs et des traîtres. Sauf que cette fois cela ne passe plus!!!

Pierre Hadjigeorgiou

06 h 15, le 01 novembre 2011

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Commentaires (4)

  • Le bateau Liban est dans l'oeil du cyclone mais malheureusement n'a pour capitaines (Au pluriel car plus personne ne sait Kiéki ou kifékoi!) que des amateurs et des incapables. A ce jour nous n'avons vu aucune oeuvre mise sur pied venue, créée ou appliquée par ce gouvernement a la gomme. Soit ils reprennent les projets du gouvernement passé et ils ont le culot de clamer la réforme et le changement, soit ils prétendent voter des lois qui au final fâchent tous le monde et surtout le peuple dont il est clair ils n'en ont cure! Quand a 2013 beaucoup en parle mais auront elle lieu ces élections? D'ici la Bachar aura payé ou sera si affaiblit que je doute que le Hezbollah ne provoquent pas de troubles internes et comme a l'accoutumé, depuis déjà un demi siècle, on accuse les autres d’être des agents subversifs et des traîtres. Sauf que cette fois cela ne passe plus!!!

    Pierre Hadjigeorgiou

    06 h 15, le 01 novembre 2011

  • Il n'y a pas de gouvernements populaires. Gouverner, c'est mécontenter. Et dans notre pays c'est toujours le gouvernement précédent qui est responsable des moeurs du suivant, alors on continuera à tourner en rond pour la question des salaires, et pour le TSL user de la ruse des gouvernants qui est vieille restera une arme à double tranchant en attendant de jours meilleurs . Antoine Sabbagha

    Sabbagha Antoine

    03 h 07, le 01 novembre 2011

  • Les boeufs, Monsieur Elie Fayad, non seulement ils ne tirent plus la charrette dans tous les sens, ni ils vont seuls dans tous les sens, mais ils se chargent, les uns les autres, à coups de cornes qui font trembler de jalousie les buffles les plus sauvages de la savanne africaine. Pour le financement du TSL, les coups pleuvent et les blessures saigneront déjà. Le troupeau, en entier, en souffrira très bientôt. Les uns sont obsédés par ce qui se passe chez le voisin et qui peut les emporter en son passage. D'autre dont le rêve, sans espoir, continue de malmener les nuits, l'occupation est d'essayer de dorer son blason pour les législatives de 2013. Gémissements et coups de cornes continueront jusqu'à l'épuisement prochain et total du troupeau. Anastase Tsiris

    Anastase Tsiris

    02 h 44, le 01 novembre 2011

  • - - Je retiendrai de votre article monsieur Elie Fayad , une vérité que certains intéressés et pas des moindres , cherchent à camoufler en niant les fait ! C'est quand vous dites et admettez , que le bloc du Changement et de la Réforme de GMA et le bloc du Chef de l'état , on déjà en ligne de mire les législatives de 2013 ! et il est bien connu qu'en campagne électorale , on ne fait pas de quartier . On comprend que les partis politiques fassent campagne , mais , est-il normal qu'un chef d'état en exercice , surtout consensuel comme le Président Sleiman , fasse une campagne électorale , et se mêle des listes électorales ? rumeurs qu'il a démenties lors des précédentes élections législatives et municipales , mais qui n'ont convaincu personnes !!

    JABBOUR André

    01 h 45, le 01 novembre 2011

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