La morosité continue d’envelopper la conjoncture économique et l’horizon demeure bouché, en partie à cause de la situation régionale, mais aussi du fait de l’incapacité du cabinet en place à rétablir le déficit de confiance qu’il traîne depuis sa formation, ou plutôt depuis le renversement de l’équipe précédente.
Au lieu de résorber la grogne sociale, les dernières mesures salariales du gouvernement l’ont aggravée et elle est à présent doublée d’une grogne patronale.
Les événements de Syrie pèsent de tout leur poids. Les incursions militaires du régime voisin se multiplient en territoire libanais sans que les autorités locales ne s’en émeuvent outre mesure. Certaines voix au sein du cabinet et dans les rangs du 8 Mars tentent même de justifier ces actions par la nécessité de mettre fin à un trafic d’armes présumé en faveur de l’opposition syrienne en provenance du Liban.
Bel argument, en vérité, lorsqu’on sait que depuis des décennies, le même phénomène est chose courante en sens inverse et que c’est la Syrie qui, pour des raisons notoires – « résistance » oblige –, entrave tout contrôle effectif à la frontière. En français, cela s’appelle l’arroseur arrosé.
L’affaire du rapt d’opposants syriens au Liban prend une tournure de plus en plus aigre, après les révélations sur des complicités de responsables libanais. Hier, une séance de la commission parlementaire des droits de l’homme consacrée à cette affaire a failli tourner au pugilat façon Far West, le député Ahmad Fatfat, du courant du Futur, annonçant avoir été mis au défi de « s’expliquer dans la rue » par son collègue du Hezbollah Ali Ammar.
Les amis de ce dernier ont bien tenté par la suite de minimiser l’incident, affirmant que M. Ammar voulait simplement « converser » avec M. Fatfat à l’extérieur de la salle de réunions pour ne pas troubler les débats, mais l’épisode n’en est pas moins demeuré une illustration de la montée des tensions.
Et que dire des derniers développements survenus dans les affaires de Lassa et de Tarchiche, montrant un Hezbollah résolument agressif sur le terrain, que ce soit au sujet de litiges fonciers ou bien a fortiori sur le sacro-saint réseau de télécoms du parti. Et cela se passe à l’heure où le secrétaire général du Hezb, Hassan Nasrallah, s’emploie à la télévision à présenter aux Libanais une image rassurante de lui-même, de son parti et de l’action gouvernementale.
À ces affaires, s’ajoutent les accusations en provenance du courant du Futur, selon lequel le Hezbollah procèderait à l’armement de ses alliés, notamment alaouites, à Tripoli, dans une tentative d’étendre le cercle de la confrontation que mène actuellement le régime syrien contre l’opposition et donc de traduire dans le concret les menaces syriennes de susciter un embrasement de la région afin de lever la pression pesant sur lui.
Dans ce cadre, il convient d’évoquer des informations puisées auprès du 14 Mars et faisant état d’une menace de reprise des attentats politiques contre des personnalités de ce camp. Ces informations sont d’ailleurs corroborées par des propos attribués récemment au ministre de l’Intérieur, Marwan Charbel, qui n’est pas à proprement parler un quatorze-marsiste, lors de son séjour en France. M. Charbel aurait lui aussi parlé de l’existence de cette menace.
Enfin, une solution à l’impasse à laquelle est parvenu le dossier du financement du Tribunal spécial pour le Liban, risquant de faire voler en éclats les assises du gouvernement, ne semble pas être pour demain. L’ambassadrice des États-Unis à Beyrouth, Maura Connelly, a clairement signifié hier au général Michel Aoun qu’un défaut de paiement de la part de l’État libanais aurait des « retombées sérieuses » sur ce pays. Quant au secrétaire général du Hezbollah, il a pour la première fois solennellement annoncé l’opposition de son parti à ce financement, tout en continuant à s’octroyer une marge de manœuvre pour ce qui est de la décision finale que prendrait le gouvernement à ce sujet.
Mais à côté de ce tableau noir de la situation libanaise, les observateurs ont perçu hier une rare convergence dans les déclarations de Mme Connelly et de Hassan Nasrallah. Tous deux ont, en effet, évoqué la nécessité de préserver la stabilité au Liban en cette phase. La première a souligné la nécessité de faire en sorte que les événements de Syrie n’aient pas d’effets négatifs sur cette stabilité. Quant au second, il est allé plus loin encore en affirmant que « la stabilité libanaise est une priorité locale, régionale et internationale ». En d’autres termes, le secrétaire général admet qu’elle est aussi, en quelque sorte, américaine.
Des Cassandre ou de Hassan Hasrallah, qui faut-il croire ?
Il faut que notre Cassandre locale cesse de prédire le malheur qui va s’abattre sur Troie ou sur notre pauvre pays et apllaudir le Roi voisin et au nom de la stabilité au Liban et en cette phase refuser d ’ insister toujours sur l’incrédulité humaine . Nazira.A.Sabbagha
05 h 32, le 25 octobre 2011