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Harcèlement sexuel, entre tabou et non-loi

L’entreprise pharmaceutique Algorithm met en place un code de conduite

Nicole Abboud Bakhache, consultante en ressources humaines.

L’absence de législation et le désintérêt des autorités libanaises à l’égard du harcèlement sexuel sous toutes ses formes n’encouragent pas les entreprises du pays à adopter des mesures adéquates. Certaines prennent pourtant les devants, après avoir été confrontées à des situations délicates. Comme l’entreprise pharmaceutique régionale Algorithm, basée au Liban, qui emploie 500 personnes au Liban et à l’export.
Depuis deux ans déjà, la consultante en ressources humaines, Nicole Abboud Bakhache, travaille avec un comité de managers d’Algorithm à l’élaboration d’un code de conduite ou d’éthique. Et ce dans le cadre de la lutte contre toute forme de harcèlement au travail, dont le harcèlement sexuel, mais aussi de la discrimination et des comportements non éthiques. Le projet devrait être terminé d’ici à un an et inséré au règlement intérieur. Chaque employé sera alors tenu de le signer, mesure indispensable pour mettre en place les bases légales de la procédure et envisager des sanctions, en cas de dérapage.
« Le code de conduite établit les bases essentielles du comportement des employés, hommes et femmes, dans le cadre de leurs fonctions, au sein ou à l’extérieur de l’entreprise », explique Mme Bakhache. Il met aussi en place un code vestimentaire, notamment pour les femmes prospectrices médicales. « Ces dernières reçoivent déjà des formations sur la tenue vestimentaire recommandée, précise-t-elle. Elles sont d’ailleurs contrôlées par leurs supérieurs à ce niveau. Car nombre d’entre elles s’habillent de manière trop aguicheuse », constate la responsable des ressources humaines, observant qu’une prospectrice sexy pense qu’elle sera rapidement reçue par les médecins, ce qui est hélas parfois le cas. « D’ailleurs, on m’a raconté que l’un d’entre eux n’hésitait pas à fermer la porte à clé, dès qu’il recevait une prospectrice médicale », affirme-t-elle. « On leur apprend à s’habiller élégamment tout en restant professionnelles. »
La formation ne se limite pas aux prospectrices médicales, mais elle est destinée à tous les employés. D’ici à 2012, l’ensemble du personnel, autrement dit les 500 employés de l’entreprise, devraient tous avoir reçu la formation, dit Nicole Bakhache. Une formation qui consiste notamment dans l’étude de cas. « Ils apprennent à réagir à certaines situations, comme en cas de harcèlement sexuel potentiel d’une employée de la part d’un collègue, précise-t-elle, ou lorsqu’un employé est confronté à un choix éthique. »
Les cas de harcèlement sexuel n’étaient pourtant pas nombreux au sein de l’entreprise, « seulement 3 cas ont fait l’objet de plaintes en 11 ans », indique la consultante. « Mais il devenait nécessaire d’éviter les dérives au niveau des comportements interpersonnels », explique-t-elle, précisant que « la communication en situation de stress était parfois empreinte d’une violence telle qu’elle en prenait la forme de harcèlement moral ». « Certains responsables ne savent pas s’empêcher de crier lorsqu’ils s’adressent à leurs employés, voire même à des collègues, fait-elle remarquer. Notre projet vise aussi à mettre des limites à ce genre de comportements. Ils doivent parvenir à comprendre la différence entre autorité et harcèlement », conclut-elle.
L’absence de législation et le désintérêt des autorités libanaises à l’égard du harcèlement sexuel sous toutes ses formes n’encouragent pas les entreprises du pays à adopter des mesures adéquates. Certaines prennent pourtant les devants, après avoir été confrontées à des situations délicates. Comme l’entreprise pharmaceutique régionale Algorithm, basée au Liban, qui...