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Harcèlement sexuel, entre tabou et non-loi

La loi libanaise ne protège pas contre le harcèlement sexuel

Me Iqbal Doughan, une militante au service de la femme libanaise.

La loi libanaise ne protège pas les victimes adultes de harcèlement sexuel. Elle ne définit même pas le terme, ni ne sanctionne les coupables. Il n’existe d’ailleurs aucun texte de loi sur le harcèlement sexuel, mis à part quelques textes éparpillés dans le code pénal, qui exigent de la victime qu’elle fournisse des preuves, comme le fait remarquer l’avocat Ibrahim Traboulsi. Le seul recours des victimes sur leur lieu de travail est de donner leur démission sans préavis. En cas de non-paiement de leurs indemnités, elles ont la possibilité de présenter une plainte pour licenciement abusif, précise de son côté Me Nizar Saghyeh. Maigre droit dans un pays où le marché du travail est saturé.
La présidente de la Ligue de la femme travailleuse au Liban, l’avocate Iqbal Doughan, dénonce les lois machistes qui ne protègent ni la femme ni l’enfant. « Certes, la loi protège l’enfant du harcèlement sexuel, mais il n’existe aucune modalité d’application de cette loi », constate-t-elle. Faisant le lien entre violence domestique et harcèlement sexuel ou moral, elle indique que le harcèlement est une forme de violence contre la femme et l’enfant. La militante des droits de la femme montre aussi du doigt « les mentalités, elles aussi machistes, empreintes de violence et de soif de pouvoir ». Mais elle salue certains milieux professionnels locaux, notamment le secteur bancaire, où les femmes ont désormais la possibilité d’occuper des postes de cadres supérieurs, même si elles sont encore rares dans les conseils d’administration.
Me Doughan observe qu’il est très difficile pour une femme de prouver qu’elle a été victime de harcèlement sexuel au travail, comme le veut la loi. « Le harcèlement se passe généralement en milieu clos, sans témoins », explique-t-elle à ce propos. Elle raconte, à partir d’informations rapportées par une association, qu’une victime a été poussée à démissionner de son travail après avoir été menacée de représailles. D’autres victimes, qui ne peuvent se permettre de perdre leur emploi, choisissent de se résigner et d’accepter, constate-t-elle.
Face à cette réalité, les victimes portent-elles plainte ? « Il n’y a ni crime ni sanction sans texte de loi », regrette-t-elle, dénonçant les lois iniques et discriminatoires envers les femmes. Dans ce cadre, l’association qu’elle préside a mis à la disposition des victimes un numéro vert, le 03/237303, pour écouter leurs plaintes et leur porter assistance.
La loi libanaise ne protège pas les victimes adultes de harcèlement sexuel. Elle ne définit même pas le terme, ni ne sanctionne les coupables. Il n’existe d’ailleurs aucun texte de loi sur le harcèlement sexuel, mis à part quelques textes éparpillés dans le code pénal, qui exigent de la victime qu’elle fournisse des preuves, comme le fait remarquer l’avocat Ibrahim Traboulsi. Le...