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À La Une - Drame

Vif émoi après le crime abominable de Ras el-Nabeh

Un jeune homme a tué sa mère, ses frères et sœurs avant de se suicider.

C’est un homme fou de douleur que ses proches et les agents soutiennent, après le meurtre de sa femme et de ses cinq enfants et le suicide de son aîné.Photo Ibrahim Tawil

Tout un quartier de Ras el-Nabeh était en état de choc hier, après l’abominable crime de la veille. Quand il est rentré chez lui, dimanche en début de soirée, Ali Hajj Dib avait retrouvé son épouse et ses six enfants tués par balles. Selon les premiers éléments de l’enquête, le fils aîné de Ali, Hadi, a tiré sur sa mère et ses cinq frères et sœurs avant de se suicider.

Rien n’indiquait, hier en journée, que la rue Omar Ibn Kattab, située entre Ras el-Nabeh et Basta, avait été le théâtre d’un abominable crime... Rien, à part un policier posté à l’entrée d’un immeuble.

C’est au deuxième étage de ce bâtiment que Hadi Hajj Dib, 25 ans, aurait tué sa mère Nawal Younès, 55 ans, et ses cinq frères et sœurs Amine 23 ans, Maha, 20 ans, Manale, 18 ans, et les jumeaux Zahra et Zaher, 15 ans, avant de se suicider à l’aide d’un fusil de chasse. C’est en soirée, quand il est rentré de Aramta (Liban-Sud), village d’où il est originaire, que Ali a découvert le drame.

Hier à l’aube, la police a mis sous scellés l’appartement, alors que durant la journée, dans le palier de l’immeuble, les taches de sang, qui a coulé probablement lors du transport des victimes vers la morgue de l’hôpital gouvernemental de Beyrouth, étaient toujours visibles.

La famille Hajj Dib vit depuis plus d’une dizaine d’années dans cet immeuble de Ras el-Nabeh. Le père tient une boulangerie, à une centaine de mètres de l’appartement. Son frère aussi a une boulangerie à Basta.

 

Une famille trop discrète

Contrairement aux coutumes de la vie de quartier à Beyrouth, les voisins ne savent pas grand-chose de cette famille trop discrète. On sait que la femme était enseignante et qu’elle portait le voile, que la dernière née, Zahra (15 ans), était trisomique, que les deux aînés Hadi et Amine se rendaient très souvent pour prier à la mosquée du quartier et que le père, Ali, n’a jamais eu de problèmes avec qui que ce soit.

Les voisins ont entendu du bruit en fin d’après-midi puis en début de soirée, mais ils n’ont à aucun moment pensé qu’il s’agissait de coups de fusil. Ils ont cru entendre des pétards, comme c’est la coutume dans le quartier.

Le voisin de palier de la famille Hajj Dib a livré son témoignage à L’Orient-Le Jour, sous le couvert de l’anonymat.

« Je suis rentré des États-Unis en fin de semaine. Je souffrais donc toujours du décalage horaire. Hier dans l’après-

midi, je dormais. Je me suis réveillé car j’ai cru entendre des coups de feu. Mais mon épouse m’a dit qu’il s’agissait de pétards, j’ai donc poursuivi ma sieste. Puis, j’ai encore entendu des coups de feu, vers 19h30, les prenant pour des pétards. Ensuite, peu après vingt heures, j’ai entendu mon voisin crier : “Mais pourquoi ça arrive à ma famille ?” Il venait de rentrer du Liban-Sud. Il était à Aramta avec ses deux filles aînées, Maha et Manale. J’ai ouvert ma porte, la sienne était fermée. Je n’ai pas voulu le déranger. Je me suis dit qu’il a perdu peut-être un parent au Liban-Sud. Quelques instants plus tard, il appelait à l’aide. Je suis entré chez lui et j’ai tout vu... Ensuite, tout l’immeuble était là », indique-t-il.

Cet homme a vu l’un des enfants, Amine, atteint par une balle, étalé sur le carrelage de la cuisine. « Puis, il y avait quatre ou cinq corps au salon et dans la salle à manger. Tous touchés à la tête. Hier je n’ai pas dormi, la police et le procureur général sont restés chez moi jusqu’à 4 heures. »

Ce voisin, comme tous les autres qui habitent ou travaillent dans le quartier, dresse le même portrait des Hajj Dib. Une famille discrète et sans histoires. Peut-être aussi une famille trop repliée sur elle-même, dont les enfants, qui vont à l’école et à l’université, n’ont pratiquement pas d’amis.

 

Hadi, un introverti

Cet homme, tout comme les commerçants du quartier, souligne : « Les filles aînées ne sortaient jamais, à part pour aller à l’université. Les garçons n’avaient pas de camarades qui leur rendaient visite. Hadi, le type qui a tué la famille, n’avait pas d’amis. Parfois je le voyais en train de promener sa sœur trisomique dans la rue. Il était garagiste. Je l’ai vu une fois à mobylette. Il m’avait dit que c’était la sienne et je lui avais répondu que j’en avais une et que je ferai appel à lui si un jour j’avais besoin d’un mécanicien. »

En fait, les habitants du quartier ne sont pas du même avis sur le métier qu’exerçait Hadi. Certains indiquent qu’il était garagiste alors que d’autres affirment qu’il était technicien informatique.

Imad Beydoun tient un garage devant l’immeuble, théâtre du crime. « Ce sont des gens bien. Nous ne comprenons pas ce qui s’est passé. Leurs enfants sont bien élevés. Nous ne les avons jamais entendus. Et ce n’est pas évident quand un appartement abrite six enfants. Hadi était le plus calme. Il était bien élevé, mais il n’aimait pas parler aux gens. Je n’ai jamais entendu le son de sa voix. Quand il allait chez l’épicier, il préférait ne pas parler parfois. Il montrait l’objet qu’il voulait et puis d’un signe de la main il demandait combien cela coûtait », dit-il.

À côté du garagiste, un homme vend des plumeaux et des balais dans un magasin. « Je suis là depuis 40 ans. Mais je ne connais pas les personnes décédées, même si elles vivaient en face de moi. On ne les voyait jamais. Je ne saurais pas les reconnaître si je les croisais dans la rue. Je connais le papa par contre. Il a une boulangerie à deux pas d’ici. Au Sud, il élève des abeilles, d’ailleurs chaque année je lui achetais dix kilos de miel. Regardez au balcon, il a des ruches en bois », dit-il.

En effet, au balcon du deuxième étage, lieu du crime, on voit des ruches fraîchement repeintes, pour un usage ultérieur, du linge encore étalé, et un petit tapis exposé au soleil. Les volets et les portes donnant sur le balcon sont grands ouverts.

Un peu plus loin, la boulangerie de Ali Hajj Dib est fermée. Les personnes qui tiennent les commerces voisins qualifient le boulanger de correct et de bien élevé, mais tous disent qu’ils ne sauraient pas reconnaître Hadi s’ils le voyaient dans la rue. « Contrairement à ses frères, il se rendait rarement à la boulangerie, et quand il était là, il ne parlait à personne. S’il avait une livraison à faire, il regardait par terre, s’acquittait rapidement de sa tâche tout en restant poli », indique encore un voisin du boulanger.

Dans la nuit de dimanche à lundi, Ali Hajj Dib qui a perdu sa famille a passé de longues heures à la gendarmerie, où il a été interrogé. Il se trouve maintenant chez des proches à Beyrouth.

Selon les premiers éléments de l’enquête, Hadi a tué sa mère en premier lieu. Il a ensuite tué ses frères Amine et Zaher puis sa sœur Zahra. Une heure et demie plus tard, vers 19h30, il a abattu ses sœurs Maha et Manale, qui venaient de rentrer du Liban-Sud, avant de se suicider. L’arme du crime, un fusil de chasse, a été retrouvé à côté de lui.

Tout un quartier de Ras el-Nabeh était en état de choc hier, après l’abominable crime de la veille. Quand il est rentré chez lui, dimanche en début de soirée, Ali Hajj Dib avait retrouvé son épouse et ses six enfants tués par balles. Selon les premiers éléments de l’enquête, le fils aîné de Ali, Hadi, a tiré sur sa mère et ses cinq frères et sœurs avant de se suicider.
Rien...
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