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Nos Lecteurs ont la Parole

Analyse littéraire d’une contravention

Par Walid Khoury
Étant à ma cinquième contravention pour excès de vitesse, et cela en l’espace de deux mois seulement, les ayant toutes réglées aussitôt en suivant à la lettre toutes les procédures mises en place par le ministère, mais souhaitant toutefois en savoir plus sur toutes ces infractions commises en si peu de temps, je me suis penché scrupuleusement sur le « carton jaune » transmis par la poste, essayant vainement de déchiffrer l’écriture illisible d’un éventuel fonctionnaire oiseux et totalement désabusé.
Un gribouillage indescriptible, où seules les cases imprimées pourraient être considérées comme lisibles. Le reste, rédigé à la main, devrait être analysé en laboratoire pour pouvoir y saisir le sens et éviter de s’y méprendre...
Ce même ministère, qui fait appel aux services de la poste pour expédier ses contraventions, devrait charger parallèlement l’ordre des pharmaciens d’en déchiffrer le contenu... Pour cette administration, les radars, c’est « tout de suite » et les imprimantes pour le prochain millénaire.
Dans la première case de ce même carton figure l’intitulé des Forces de sécurité intérieure (FSI), comme si quelqu’un d’autre pouvait distribuer ce genre de constat...
La deuxième contient un numéro que je n’ai pas réussi à décrypter.
La troisième case, qui devrait ordinairement indiquer l’heure du délit, reste bizarrement vide de tout contenu comme pour vous laisser le choix des horaires.
Quant à la quatrième, elle mériterait une traduction littérale : « On a vu à cet endroit. » En fait, ils n’ont rien vu du tout, puisque c’est le radar qui a tout vu et qui en prime m’a flashé pour me taxer du montant indiqué en fin de carton.
Et comme précision de l’endroit du délit, ils n’ont rien trouvé d’autre à remplir que « autostrrrrrade ». À quel niveau de l’autoroute ? Dans quelle région plus précisément ?
L’énigme persiste.
Je passe outre les cases relatives à la description du véhicule, telle que la marque de fabrication traduite en cochinchinois, sa couleur que je ne risque pas d’oublier et la plaque d’immatriculation dont je n’ai pas encore vérifié la similitude, pour enfin atterrir sur d’autres cases où figurent mes nom et prénom que je connaissais déjà, ainsi que toute ma généalogie ascendante qui n’a rien à voir avec le sujet.
Un dernier détail quelque peu vexant et qui se situe dans la case adjacente à ma filiation généalogique : seule l’année de ma naissance y est mentionnée, sans aucune autre allusion au mois ou au jour. Si au moins ce fonctionnaire borné avait pris la peine d’approfondir ses recherches en fouinant davantage dans mes registres personnels, il aurait remarqué que la date du PV coïncidait exactement avec celle de mon anniversaire ; il aurait pu ainsi profiter de l’occasion pour m’adresser ses vœux sur ce même torchon. Ou mieux encore, le faire carrément sauter en guise de cadeau.
Étant à ma cinquième contravention pour excès de vitesse, et cela en l’espace de deux mois seulement, les ayant toutes réglées aussitôt en suivant à la lettre toutes les procédures mises en place par le ministère, mais souhaitant toutefois en savoir plus sur toutes ces infractions commises en si peu de temps, je me suis penché scrupuleusement sur le « carton jaune » transmis par...
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