Michel Khalifé, directeur du département technique de la Fédération des municipalités, assure que « malgré leur couleur bizarre et leur odeur, ces déchets ne sont pas dangereux ». Il ajoute qu’ils sont « riches en carbone, parce qu’ils proviennent principalement de la production de couches d’enfants ». Il reconnaît cependant que ces déchets sont un casse-tête. « Ils nous arrivent à l’état liquide, dit-il. Ils ont besoin d’être traités, mais nous n’avons aucune idée de la manière de procéder. Nous étudions actuellement la question avec le ministère de l’Environnement. »
Pas dangereux, ces déchets ? Tel n’est pas du tout l’avis de Fifi Kallab, experte en socio-économie de l’environnement. « Ces matières sont utilisées dans le blanchiment du papier, explique-t-elle. Elles sont de la famille des polluants organiques persistants (POP), interdits par une convention des Nations unies. Le Liban a signé cette convention et devrait les bannir de sa production d’ici à 2025. Le ministre de l’Agriculture a déjà interdit plusieurs pesticides qui en contiennent. Ces déchets sont particulièrement irritants : j’ai moi-même contracté une conjonctivite un jour où je m’en suis approchée, alors qu’une camionnée avait été fraîchement déversée dans le ravin. »
Selon elle, ces déchets ont la particularité d’être très friables. Ils ont déjà recouvert toute une pente et le lit d’un ruisseau. « Malgré tout ce qu’on en dit, il n’y a pas de réhabilitation possible parce qu’on ne peut pas les retirer de là où ils se trouvent, et on ne peut les recouvrir de quoi que ce soit », dit-elle.
Fifi Kallab se dit inquiète d’une potentielle contamination des sources d’eau de la vallée. « Il y a plus de huit puits creusés en contrebas de ce cours d’eau, dit-elle. Des citernes viennent remplir de l’eau et les vendre à plusieurs villages, allant de Amchit jusqu’à Ghadir, à Jounieh. Même si la fédération assure que l’eau n’est pas contaminée, on ne peut jamais être sûr quand elle pourrait le devenir. »
L’experte rappelle que les déchets industriels et certains autres déchets dangereux (piles contenant des métaux lourds, emballages de pesticides, médicaments périmés...), jetés à même la terre sans couche protectrice, ont des conséquences sur la santé humaine, pratiquement sur tout l’organisme : système nerveux, croissance, fertilité... Il faut donc, selon elle, les traiter de manière appropriée sur place.
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