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Nos Lecteurs ont la Parole

En marge de l’État de droit

Par Mona M. ASSAF
Comme les armes légères, le petit banditisme prolifère en marge de l’État de droit mais avec la protection de l’administration municipale et centrale.
« Les gens veulent vivre », nous dit-on. Peu importe si c’est aux dépens du citoyen respectueux du droit, aux dépens de l’État, avec la complicité de fonctionnaires véreux, ou, pire, de ceux qui pensent pouvoir en tirer profit.
Bien sûr, il y a les petits commerces qui occupent la chaussée pour assurer un parking à leurs clients au grand dam des habitants de l’immeuble. Ceux-ci doivent se mettre, au retour d’une dure journée de travail, à la recherche d’un espace pour garer leur véhicule. Cela est devenu un droit que personne ne peut contester à ces commerçants en raison du sempiternel « maalech ».
C’est la même logique qui pousse ceux qu’on peut qualifier de « prédateurs de la propriété d’autrui », collective ou privée, à recourir à des actes de piratage, couverts par une « autorisation » de l’administration.
Voici un exemple éloquent à Broummana, lieu de villégiature par excellence : un « prédateur de la propriété d’autrui » acquiert un dépôt dans un immeuble résidentiel. Il gère une sandwicherie de poulet prospère et veut établir son propre abattage de poulets, avec tout ce qui en découle, afin de fournir la matière première aux autres sandwicheries. Il se rend propriétaire d’un dépôt à prix réduit, étant donné que le local n’a pas d’autre usage possible. Il y établit son abattoir et sa cuisine industrielle, contrairement aux statuts de la propriété commune de l’immeuble. En effet, le dépôt n’a d’autre système d’aération que la porte, n’a pas de place pour un réservoir géant d’eau, etc.
Le réservoir d’eau est installé sur une parcelle appartenant à un des propriétaires de l’immeuble en question. Celui-ci proteste, mais le poste de police ne veut pas intervenir. « Allez présenter à Baabda une plainte écrite ;
ce n’est pas de notre compétence », lui répond-on. Or les agents ne trouvent pas d’inconvénient à accompagner le locataire du dépôt pour réclamer la clé du toit qu’il veut occuper. Un boyau d’aération des appartements est investi par une conduite géante avec turbine et aspirateur, placée au-dessus du dernier appartement de l’immeuble (le locataire, à défaut d’obtenir la clé du toit, a entre-temps forcé la porte). Il y a des vibrations constantes, un bruit de fond gênant la nuit, sans compter les odeurs qui empestent l’immeuble.
Une plainte urgente a été déposée par les habitants auprès du juge des référés il y a de cela... 15 mois, mais les audiences sont reportées systématiquement.
L’abatteur de poulets a, entre-temps, obtenu une autorisation du caïmacam, contrairement à la loi et sans qu’il n’y ait eu de visite préalable des lieux... Aucune mention du fait que le dépôt en question n’a pas d’issue de secours, pas d’aération, que des réservoirs géants de gaz y soient installés...
Les poulets cuisent à petit feu, en attendant une inévitable explosion des réservoirs de gaz. Comment toujours croire en l’État de droit ? Faut-il suivre l’exemple de ce locataire afin d’avoir l’appui de l’administration, de la police et des juges ? Ce sera à d’autres, alors, qu’on dira de se rendre à Baabda pour enregistrer une plainte !
Comme les armes légères, le petit banditisme prolifère en marge de l’État de droit mais avec la protection de l’administration municipale et centrale.« Les gens veulent vivre », nous dit-on. Peu importe si c’est aux dépens du citoyen respectueux du droit, aux dépens de l’État, avec la complicité de fonctionnaires véreux, ou, pire, de ceux qui pensent pouvoir en...

commentaires (1)

Article paru dans l'Orient Le Jour du mardi 23 août 2011

lilianekiameh@gmail.com; mardelli@inco.com.lb; drmardelli@gmail.com

06 h 56, le 23 août 2011

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Commentaires (1)

  • Article paru dans l'Orient Le Jour du mardi 23 août 2011

    lilianekiameh@gmail.com; mardelli@inco.com.lb; drmardelli@gmail.com

    06 h 56, le 23 août 2011

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