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Nos Lecteurs ont la Parole

L’héritage de la corruption

Par Joseph CHREIM
Je n’ai pas pu ne pas remarquer cet article sur un gourou indien qui fait la grève de la faim pour encourager l’adoption d’une loi contre la corruption. Il s’appelle Anna Hazare et il a 74 ans. Son projet m’a fait réfléchir sur la disposition de ces individus à aller jusqu’au sacrifice de leur propre personne pour le bien des leurs. Plus étonnant aussi est que, depuis des années, plusieurs gourous ont tenté, sans grand succès hélas, de mobiliser le peuple indien contre le fléau de la corruption. La raison du succès relatif de Hazare et de l’échec de ces prédécesseurs sur la voie de la réforme me poussent à m’interroger sur un sujet qui touche de près notre société libanaise.
Ce qui peut étonner un Libanais confronté à ce qui se passe en Inde, c’est l’indolence qu’éprouvent ses compatriotes face au même problème. Sur ce sujet, il y en a qui considèrent l’État libanais comme une phase nécessaire pour le changement. En d’autres termes, ce changement ne surviendra qu’une fois les gens concernés n’en peuvent de supporter l’insupportable. Cela viendra un jour, c’est certain. Mais plus ça tarde, plus nous avons des problèmes.
Premièrement, à chaque jour qui passe, la corruption fait perdre à notre économie des sommes importantes, en raison soit du retard que prennent les projets en cours, soit de l’absence d’investissements à cause d’une telle réputation. D’autres dangers découlent aussi de la corruption, dont certains touchent à la vie quotidienne des gens ainsi que leur sécurité et leur santé – voitures impropres à la circulation, policiers passifs devant les infractions au code de la route, ou plus grave encore, prescription de médicaments par des personnes non qualifiées.
Et encore, cela ne représente que le côté pratique de la chose. Mais vivre dans un pays où la corruption est présente partout et au quotidien finit en quelque sorte par légitimer celle-ci dans l’inconscient des individus corrompus et par là même corrupteurs. C’est bien ce point-là qui est le plus dangereux. Quand le père raconte à son fils que tout fonctionne, ou à tout le moins fonctionne mieux, sur base du bakchich, quand une femme blâme son mari qui revient d’une longue journée d’attente devant le guichet d’une administration sans avoir obtenu un indispensable papier, et cela parce qu’il n’a pas graissé la patte d’un fonctionnaire, on ne peut que constater qu’il y a quelque chose de pourri au royaume du Liban. Cette impression qu’on a de se battre contre tous ceux qui cautionnent la corruption par leurs actes quotidiens nous laisse désemparés.
Quand la corruption redeviendra immorale sera venu le jour où notre société aura sa chance parmi les nations.

Joseph CHREIM
Stuttgart – Allemagne
Je n’ai pas pu ne pas remarquer cet article sur un gourou indien qui fait la grève de la faim pour encourager l’adoption d’une loi contre la corruption. Il s’appelle Anna Hazare et il a 74 ans. Son projet m’a fait réfléchir sur la disposition de ces individus à aller jusqu’au sacrifice de leur propre personne pour le bien des leurs. Plus étonnant aussi est que, depuis...

commentaires (1)

Excellemment décrit!

Petrossou

07 h 35, le 23 août 2011

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Commentaires (1)

  • Excellemment décrit!

    Petrossou

    07 h 35, le 23 août 2011

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