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L’alcool, élixir ou venin ?

L’alcoolisme au féminin

L’alcoolisme, notamment celui de la femme, demeure dans notre société un sujet tabou difficile à aborder. Dans les bars, une femme seule, accoudée au comptoir, buvant un verre d’alcool est considérée comme « mal vu ». La société sanctionne davantage une femme qui boit. Celle-ci perd toute considération. Une mère de famille cesse alors d’être « la petite fée du logis », qui apporte sérénité et confort. Son statut de « bonne mère » est remis en cause. Elle devient un objet de réprobation. Nous comprenons combien alors il est difficile pour ces femmes vivant dans la culpabilité de demander de l’aide. En revanche, un homme qui boit plusieurs verres par jour est « un bon viveur ».
L’alcool chez la femme est fortement favorisé en général par une situation de stress, de cumul des rôles (mère, épouse, travail) ou un événement individuel spécifique (divorce, amour malheureux...). Il crée une fragilité que l’alcool aide un temps à surmonter. Sur le plan biologique, le développement d’une cirrhose du foie est beaucoup plus fréquent que chez l’homme, à des quantités de consommation moindre. La femme est plus exposée que l’homme aux lésions vasculaires et aux maladies cardiaques entraînées par l’alcool, d’où une mortalité féminine plus importante.
« L’alcool l’a tuée ! déplore Jeanine, 20 ans. Depuis que j’avais 10 ans, ma mère a sombré dans l’alcoolisme. Pendant des années, toute la famille a fait front pour l’aider à retrouver une vie normale. Je ne compte plus le nombre de fois où je l’ai retrouvée presque à l’agonie ; le nombre de fois où je l’ai suppliée de faire quelque chose pour moi. Depuis peu, l’alcool en a décidé autrement. Ma mère est décédée à 50 ans, je n’en avais que 18... »
Bien moins nombreuses que les hommes à consommer de l’alcool avec excès, les femmes y sont plus sensibles. Cette vulnérabilité s’accroît pendant la grossesse. Le risque le plus conséquent sur le bébé est celui d’être atteint du syndrome d’alcoolisme fœtal. Il est la première cause de retard mental évitable dans le monde. Selon un questionnaire de dépistage entrepris par le psychiatre Sami Richa, 37 % de femmes enceintes (de niveau culturel avancé) croient qu’il existe un seuil de consommation acceptable, et pensent que la bière et le vin sont des alcools « peu forts » et donc permis durant la grossesse. Ainsi, les recommandations ne sont pas bien connues de toutes les femmes libanaises. D’où l’importance d’une meilleure diffusion de l’information et d’une prise en charge des comportements à risque.
L’alcoolisme, notamment celui de la femme, demeure dans notre société un sujet tabou difficile à aborder. Dans les bars, une femme seule, accoudée au comptoir, buvant un verre d’alcool est considérée comme « mal vu ». La société sanctionne davantage une femme qui boit. Celle-ci perd toute considération. Une mère de famille cesse alors d’être « la petite fée du...