« Les quatre personnes accusées de l’assassinat de Rafic Hariri sont des résistants fidèles au Hezbollah et non de simples partisans », a affirmé le ministre de l’Agriculture, Hussein Hajj Hassan. Selon lui, les quatre membres son « injustement accusés ». Le ministre a ajouté que « la teneur de l’acte d’accusation vise le parti à tous les niveaux de sa hiérarchie ».
Dans un entretien accordé à l’AFP, Hussein Hajj Hassan a indiqué que l’acte d’accusation « vise clairement le Hezbollah », d’autant qu’il mentionne le fait que le parti « est une organisation militaire politique qui a été précédemment impliquée dans des actes terroristes ».
Le ministre a refusé les affirmations selon lesquelles le statut du tribunal prévoit le jugement d’individus et non d’un parti. « Les règles du tribunal n’écartent pas la possibilité d’engager des poursuites contre un parti, puisqu’elles prévoient la question de la responsabilité du supérieur hiérarchique. En somme, ils (les responsables du TSL) ciblent la résistance dans la région », a-t-il dit, soutenant que tous « les faits mentionnés dans l’acte d’accusation sont fabriqués de toutes pièces ».
À une question relative à la « disparition » des quatre accusés, le ministre a répondu : « La raison est que nous ne faisons pas confiance à la justice internationale qui est manipulée par les États-Unis et l’Occident en général. Nous ne faisons pas confiance à un tribunal dont le président est un ami d’Israël, et dont la commission d’enquête a sciemment laissé filtrer la teneur de l’enquête il y a de cela 5 ans. »
Lors d’une conférence de presse organisée au Parlement, le député du Hezbollah, Nawwaf Moussaoui, a évoqué de son côté la teneur de l’acte d’accusation, estimant qu’il s’agit « d’analyses et d’interprétations portant sur des faits non confirmés et non rigoureux ».
« Le fait de tabler sur les données des télécommunications, qui se sont avérées susceptibles de manipulation, ne peut inspirer la confiance. Que dire alors des informations sur certains noms fournies au procureur (du TSL) par Israël ? » s’est interrogé le député.
Pour sa part, le chef du comité législatif au sein du Hezbollah, cheikh Mohammad Yazbeck, a affirmé que « l’acte d’accusation n’a rien apporté de nouveau ». Cependant, a-t-il ajouté, « le peuple libanais est tout à fait conscient que ce document n’a rien d’une enquête sérieuse. Ce qui est demandé, c’est la propagation de la discorde et du chaos qui s’est emparé du monde arabe ».
« Que celui qui a été à l’origine de cet acte en assume la responsabilité. Les Libanais veulent connaître la vérité, et non pas voir des accusations collées à des résistants et des moujahidine », a ajouté le dignitaire chiite.
Et d’ajouter : « Il y a un moyen très simple de connaître la vérité par le biais du dossier des faux témoins », a-t-il dit, soulignant que cette question révélera clairement que le tribunal « est politisé ».
Lors d’un iftar, le député Ali Fayyad a mis en garde de son côté contre deux risques majeurs que représente le Tribunal spécial pour le Liban, à savoir tout d’abord le fait de tromper l’opinion publique en la noyant sous une pléthore d’informations « hypothétiques » sur lesquelles s’est fondé l’acte d’accusation, sachant que « le TSL s’est lui-même décrédibilisé, à cause notamment des fuites qui contredisent le principe du secret de l’enquête ». Le député a en outre critiqué les preuves circonstancielles, notamment celles relatives au réseau de téléphonie mobile qui, a-t-il dit, « est infiltré par l’ennemi ».
« Il s’agit d’une véritable guerre d’informations qui a actuellement lieu, d’où le danger de semer la confusion dans l’esprit des gens, et ce en dépit du fait que la grande majorité de l’opinion publique libanaise sait pertinemment que le tribunal est politisé », a ajouté le député.
Quant au Parti syrien social national, il a exprimé son étonnement du timing de l’annonce et de la divulgation de l’acte d’accusation qui, a-t-il dit dans un communiqué, coïncide avec « l’agression » menée par les puissances internationales contre la région. « C’est ce qui fait penser que le TSL sert d’outil pour viser la résistance et les forces de la moumana’a dans la région ». Pour le parti, l’acte d’accusation n’est autre qu’un « communiqué politique ».
Plus modéré dans sa réaction, le guide spirituel des chiites, sayyed Ali Fadlallah, s’est prononcé en faveur de « la justice qui rectifie le tir », à condition qu’elle soit « véritablement juste et équitable ». Le dignitaire chiite a appelé les responsables libanais à calmer le jeu et à s’abstenir de jeter de l’huile sur le feu.
Du côté aouniste, le député Nabil Nicolas a affirmé que l’acte d’accusation n’est plus valide depuis que sa teneur a fait l’objet de fuites. Et de se demander si l’acte d’accusation sert « à couvrir le piratage du réseau de téléphonie par Israël ».
Le député Alain Aoun a enfin appelé au calme et à la retenue, d’autant que la teneur de l’acte d’accusation était connue d’avance, a-t-il dit.
commentaires (13)
Ce que je veux dire est facile et peut-être un peu simple aussi, je l'avoue: S'ils volent, c'est au secours de la justice, du calme sociale et de la dignité que les ennemis et les "imprudents" cherchent à soustraire au Libanais!!!
Ali FARHAT
16 h 00, le 21 août 2011