Paul Eddé, président du conseil d’administration, explique ces excellents résultats de plusieurs manières. Il insiste tout d’abord sur la dimension humaine de ce centre et la façon dont le personnel répond aux besoins spécifiques de patients, âgés de quelques jours à une vingtaine d’années. Pour cela, le personnel soignant reçoit une formation adaptée à la fois à la maladie combattue et au profil des malades. Si tous les professionnels de l’établissements ont à cœur de soutenir enfants et famille, de nombreux volontaires ont choisi de donner de leur temps afin d’engager le dialogue avec les patients et partager certaines de leurs activités. Tous ont choisi le sourire et la bonne humeur comme arme fatale contre la maladie. Paul Eddé est farouchement convaincu de l’importance du moral dans la guérison de l’enfant, déstabilisé physiquement et psychologiquement par le cancer. Dès lors, tout est mis en œuvre pour son bien-être : infrastructures colorées, activités régulières et diversifiées, etc. Les familles ont à leur disposition une salle bien équipée à proximité du patient afin de pouvoir recréer une vie de famille et les enfants vont à l’école. Depuis peu, le centre a reçu une licence du ministère de l’Éducation à titre exceptionnel afin que les patients puissent passer leur brevet et leur baccalauréat au sein de l’hôpital.
Le président du conseil d’administration ajoute que cette réussite s’explique également par les excellentes relations entretenues avec l’AUB et l’Hôpital Saint Jude de Memphis, avec lequel la communication se fait, entre autres, par vidéoconférence. L’AUB a par exemple accepté d’accueillir le centre dans ses locaux, quand l’Hôpital Saint Jude accueille depuis le personnel infirmier du centre pour des stages de 25 jours à Memphis. Durant cette immersion, le centre a donc l’occasion de se familiariser avec les protocoles de Saint Jude, adoptés pour leur efficacité dans la capitale libanaise.
La pérennité du centre et son bon fonctionnement ne reposant que sur des dons privés, Paul Eddé se félicite que les Libanais soient la première source de financement du Children’s Cancer Center. Il ajoute toutefois que cette situation n’est pas acquise et que le centre « a toujours besoin de la compréhension de la société ». Les pays du Golfe et diverses personnalités représentent également une source de financement non négligeable, mais le centre a clairement ressenti les effets de la crise économique et financière de 2008.
Si le bilan est globalement très positif, le personnel du Children’s Cancer Center est également tourné vers le futur. Même si celui-ci se situe déjà à la pointe de la technologie dans les techniques de dépistage de la leucémie et de ses rechutes, le Dr Samar Muakkit Balaa espère tout de même pouvoir financer l’amélioration des machines. De même, le laboratoire de recherche du centre a pour ambition de mener des études pharmacogénétiques afin de comprendre l’influence du patrimoine génétique sur la manière dont un patient reçoit un traitement : cela permettrait de comprendre pourquoi deux patients ne réagissent pas de la même manière à un traitement identique. Cependant, toutes ces avancées technologiques ont un coût. À titre d’exemple, une opération permettant la mise en place d’une prothèse suivant la croissance de l’enfant à la place de l’os cancéreux – et évitant ainsi l’amputation – coûte entre 75 000 et 100 000 dollars. Le Children’s Cancer Center est l’un des seuls au monde à pouvoir offrir ce service aujourd’hui.
L’ensemble du personnel de l’hôpital est cependant bien décidé à garantir l’excellence tout en sauvegardant la gratuité. Pour cela, les opérations de sensibilisation se multiplient afin de récolter les 12 millions de dollars annuels nécessaires au fonctionnement du centre. Le prochain rendez-vous est pris le 8 septembre prochain, pour le traditionnel gala annuel.
Dans un pays ou se soigner est devenu un luxe , bravo pour le Children’s Cancer Center et surtout courage Nazira.A.Sabbagha
04 h 28, le 17 août 2011