Né à Massenzatico (Reggio d'Emilie) en 1946, l'artiste, issu d'une mère suisse, va longtemps vivre à Zurich, ce qui jouera un rôle essentiel dans sa formation. Fréquentant des peintres et des sculpteurs de renommée internationale, Ferrari va s'appliquer à travailler la peinture à l'huile et la technique de la «velatura».
Depuis plus d'une dizaine d'années, il se concentre à reproduire un monde floral où pétales en jupons et en étoffes se déploient en textures sur tout l'espace de la toile. À l'instar d'une caméra, l'artiste pénètre l'intérieur de ces fleurs en optimisant les couleurs et en mettant l'accent sur le jeu de lumière et de transparence. Tout en empruntant aux classiques le thème de la nature morte, Carlo Ferrari présente sa vision personnelle de ce sujet, teintée de modernité et de fantaisie.
Une fenêtre sur les rêves
L'artiste effectue donc un véritable bond dans le temps. Ce temps passé qu'il recompose à sa manière. Véritable metteur en scène, maître de son propre éclairage, il va croquer des clichés photographiques préalablement pris par lui, les dédoubler pour réaliser sa propre composition.
Sur fond noir comme du glacis, coquelicots, amaryllis, roses canines ou arums exposent leurs charmes. Telles des stars, elles étalent leurs atours devant le regard observateur de l'artiste qui va fixer ces belles du règne floral. Surdimensionnées, elles évoquent des images réalistes des supports médiatiques actuels (affiches, photos publicitaires ou de magazines), mais aussi un monde illusoire. Impalpable. En effet, ces fleurs d'apparence si réelles ouvrent la porte au rêve.
Depuis que Carlo Ferrari s'est lancé dans l'enseignement de la technique de la peinture à l'huile, il est devenu pour nombre de ses élèves une référence incontournable. À sa manière, il a réinventé le clair-obscur et sa démarche, loin d'une superposition contemporaine d'images prises sur le tas, est le fruit d'une longue réflexion esthétique sur l'art.
Nourri du travail des grands maîtres de la couleur, dans son atelier devenu un laboratoire de couleurs, Ferrari taquine les lueurs du jour et mélange les pigments. Les teintes comme le noir, le rouge et le blanc mais aussi le vert or «sont malaxées à l'antique», dit-il. Sous un éclairage naturel et un montage bien travaillé, nervures, pistils et bourgeons apparaissent dans leur nudité anatomique. La transparence nimbée de lumière, qui fait décliner les harmonies, reflète une tessiture soyeuse, presque charnelle.
L'artiste, qui travaille actuellement sur les déclinaisons d'harmonies comme un carnet de musique, avoue que son exploration est encore inachevée. «La fleur, dira-t-il, est un monde infini qui comprend dans ses pans des multitudes de réflexions de lumière encore inexplorées.»
* Galerie Aïda Cherfan, place de l'Étoile. Ouverte du lundi au samedi, de 10h30 à 19h30. Tél. : 01/983111 - 222.
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