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Nos Lecteurs ont la Parole

Prétention hypocrite

Par Jamale RIZKALLAH
On prétend qu'au Liban rien ne change.
On arpente les rues avec de grandes pancartes sur lesquelles on a gribouillé un slogan dépourvu de toute signification. On prétend alors être en quête de changement et puis on l'exige... hypocritement.
Quelle ironie, vraiment ! Exiger activement alors qu'on est de ceux qui se laissent faire, passivement, et activement quelquefois, quand c'est plus rentable.
Pitié ! Qu'on m'explique comment un pays comme le nôtre pourra guérir un jour, lui qui étouffe sous le poids des ruines mensongères sur lesquelles il a été reconstruit. Attardons-nous, à titre purement indicatif, sur son cancer métastatique, le fanatisme. En effet, on prétend vouloir vivre en paix avec son prochain et on arrive très souvent à le faire sur le plan individuel. Mais sur le plan collectif, il ne faut plus se faire d'illusions : la loi de la jungle l'emporte. Un pseudo-instinct de survie se réveille en nous une fois en collectivité et on cherche alors à mettre des bâtons dans les roues des autres sans jamais savoir pourquoi, sans jamais avoir d'autres raisons que celle de l'inconscient d'aïeux qui ont vécu toute leur vie dans la répression ottomane, française, syrienne, internationale, voire même universelle. On vit quotidiennement dans la peur que l'autre, le différent, l'arriéré ou le moderne-sans-valeur, ne dévore notre identité. Mais on oublie que cette identité n'aura bientôt plus de valeur, car notre schisme intraitable finira par dissoudre la terre de Phénicie.
C'est souvent un point commun qui réunit à nouveau un couple séparé. Et on a cru l'avoir, ce point commun, en ce beau jour du printemps de Beyrouth. On aspirait à la liberté ce jour-là, non pas à la liberté dans le sens d'indépendance, seule, mais à la liberté de l'esprit qu'a conférée la fameuse image d'une personne qui, d'une seule main, joignait les deux pôles du Liban. Mais ils ont parlé, nos politiciens, ils ont dû réveiller la peur qui s'était calmée dans nos cœurs, et nous voilà de nouveau en proie à la même hantise paranoïaque.
Beyrouth du pays du Cèdre, Beyrouth aux pays des merveilles, c'était avant-hier, « c'était avant tout ça, c'était avant l'enfer » (grand hommage à ceux qui ont chanté Beyrouth).
On prétend qu'au Liban rien ne change. On arpente les rues avec de grandes pancartes sur lesquelles on a gribouillé un slogan dépourvu de toute signification. On prétend alors être en quête de changement et puis on l'exige... hypocritement. Quelle ironie, vraiment ! Exiger activement alors qu'on est de ceux qui se laissent faire, passivement, et activement quelquefois, quand...

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