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Transsexualité : lorsqu’on est prisonnier de son corps

Coco : Je veux être une femme à part entière !

«Je suis une femme emprisonnée dans un corps d'homme!» C'est par ces mots que Coco, comme il/elle aime qu'on l'appelle, résume une condition qui le perturbe depuis sa tendre enfance. «Je n'ai jamais senti que j'étais un garçon ou un homme, bien que physiquement, je le sois, poursuit-il. Je me rappelle qu'à l'école, on se moquait de moi parce que j'avais une démarche, une voix et des manières "efféminées", et que je jouais avec les filles. C'est ma nature. On me rejette pour cela, mais je ne peux pas être autrement.»
Coco a grandi enfermé dans son corps. Il essayait toutefois de vivre sa féminité à sa façon. «Après avoir terminé mon service militaire et pendant six ans, j'ai vécu comme je le sentais, explique-t-il. J'avais les cheveux longs, je me maquillais, je m'habillais comme une femme. J'étais décidé à vivre en harmonie avec ma nature, jusqu'à il y a quelques semaines.»
Que s'est-il passé? «Mes parents ont menacé de me mettre à la porte, répond-il. J'avais 19 ans quand ils ont découvert que j'étais transsexuel. Ils sont devenus furieux. J'ai essayé de discuter avec eux, je les ai même mis en contact avec des spécialistes qui leur ont expliqué la transsexualité d'un point de vue scientifique. Ils refusent d'entendre raison. Pour eux, je suis un homme et je dois me comporter en conséquence. Ils ne disaient rien jusqu'au jour où ils ont pris connaissance de l'existence de mon copain. Ils ont alors renouvelé leur menace de me chasser si je ne respectais pas leur décision. Or ma situation financière ne me permet pas de quitter la maison familiale, d'autant que j'ai du mal à trouver du travail en raison notamment de la discrimination. J'ai dû donc me résigner. Actuellement, j'essaie de jouer leur jeu, du moins en leur présence, mais je vis un grand mensonge!»
Et Coco d'ajouter: «Mes parents ont peur que les gens jasent. Mais que puis-je faire si je suis né comme ça? Je suis une femme! Je joue la comédie en essayant de me comporter comme un homme. C'est ma nature et je n'y peux rien. Pourquoi cherche-t-on toujours à me faire la guerre? J'ai tenté de me suicider à cinq reprises. Que veut-on de plus?»

La comédie
Le souhait le plus intime de Coco est de pouvoir entamer le processus de transformation. « Je veux être une femme à part entière, insiste-t-il. Je ne supporte plus cette situation de ni homme-ni femme. Jusqu'à quand vais-je jouer la comédie? Les gens se rendent compte facilement que je mens! Tout en moi est féminin. Cette situation me fatigue sur le plan moral surtout. Les autres ne m'acceptent pas. On me rejette. On médit de moi. On m'insulte... La situation est insoutenable.»
Coco est convaincu que la transformation résoudra son problème, «si je réussis à quitter la maison parentale et que celle-ci se fait secrètement». Il est convaincu que ce processus représente son «salut» et se déclare prêt à subir toutes les conséquences de l'hormonothérapie et de la chirurgie. «Mais je ne voudrais pas de la technique appliquée au Liban, confie-t-il. Je sais par plusieurs de mes amies qu'elle est mal faite et que tout plaisir sexuel est ôté. Elles finissent par se prostituer. Je ne veux pas subir le même sort. Je veux vivre dignement.»
Dénonçant l'injustice et la discrimination sociales, Coco s'interroge sur les raisons pour lesquelles la communauté transsexuelle est montrée du doigt «au moment où de nombreux hommes mariés sont gays et vivent leur homosexualité clandestinement». «Pourquoi la société ne les condamne-t-elle pas? se demande-t-il. Ce sont eux qui sont dans leur droit et pas nous?»
«Je suis une femme emprisonnée dans un corps d'homme!» C'est par ces mots que Coco, comme il/elle aime qu'on l'appelle, résume une condition qui le perturbe depuis sa tendre enfance. «Je n'ai jamais senti que j'étais un garçon ou un homme, bien que physiquement, je le sois, poursuit-il. Je me rappelle qu'à l'école, on se moquait de moi parce que j'avais une démarche, une voix et des...