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Économie - France

Limiter l’immigration de travail, une décision qui surprend les experts

La décision controversée de limiter l'immigration de travail en France apparaît en contradiction avec la politique suivie ces dernières années et, surtout, avec les besoins de l'économie française, estiment des experts ainsi que le patronat.
« Il faut plus d'immigrés, en France comme en Europe », lance Michel Godet, professeur au Conservatoire national des arts et métiers. « On a besoin de bras et de cerveaux, et on s'enrichit de l'immigration », insiste cet économiste.
Selon lui, il va manquer « au moins 35 millions d'actifs d'ici à 2030 » à l'Europe. C'est donc « une erreur de dire qu'il faut limiter l'immigration de travail, il faut au contraire la renforcer », car « un quart des emplois dans l'industrie ne trouvent pas de preneur ».
Le ministre de l'Intérieur Claude Guéant a annoncé qu'il comptait réduire l'immigration légale, notamment en diminuant l'immigration de travail et le regroupement familial. C'est la première fois depuis l'élection de Nicolas Sarkozy que le gouvernement affiche une telle intention.
« Le président Sarkozy avait appelé à augmenter la part de l'immigration de travail dans l'immigration totale. Maintenant ils disent l'inverse, ce n'est pas cohérent », relève Christian Saint-Étienne, professeur d'économie à l'université Paris Dauphine.
Cette décision semble avoir surpris jusque dans les rangs de la majorité.
« Dans le long terme, on aura besoin de main-d'œuvre, on aura besoin d'effectifs salariés formés », a ainsi fait valoir la ministre de l'Économie Christine Lagarde, plaidant pour que l'immigration légale « soit protégée et sécurisée ».
Le secrétaire général de l'UMP Jean-François Copé, lui, a fait écho en défendant « l'immigration choisie » correspondant « à des critères économiques ».
« Il y a des métiers, des secteurs dans lesquels nous n'avons pas été suffisamment capables de pourvoir aux offres d'emplois, dans ce cas, il est assez logique d'accueillir » des immigrés, a-t-il justifié, rappelant la doctrine qui était celle du gouvernement depuis 2007.
Le patronat s'est montré tout aussi sceptique quant à ce revirement.
« C'est très dangereux un pays qui se ferme », a mis en garde la présidente du Medef Laurence Parisot, qui a également appelé de ses vœux la poursuite de la politique « raisonnable » de « ces dernières années ».
Au passage, la patronne des patrons a rappelé que « l'immigration liée au travail » ne représentait « chaque année en France en moyenne (...) que 20 000 personnes ». « Donc ce n'est pas ça l'enjeu », a-t-elle estimé.
Pour la Confédération générale des petites et moyennes entreprises (CGPME), « l'apport des travailleurs immigrés non européens est utile dans certains secteurs où il y a des tensions de main-d'œuvre ». « Il ne faut stigmatiser personne et regarder dans quels secteurs il y a des besoins, au cas par cas », plaide sa vice-présidente Geneviève Roy.
Christian Saint-Étienne estime d'ailleurs que la France pourrait s'ouvrir davantage. « Il faudrait que la France soit un aimant pour toutes les qualifications, dit-il. Si on veut s'inscrire dans une dynamique rapide de développement, on a intérêt à favoriser toutes les formes d'immigration de travail, un peu à l'américaine, comme le font les Australiens ou les Canadiens. »
Pour autant, certains économistes pensent qu'il faut parallèlement encadrer davantage le regroupement familial des travailleurs immigrés.
« Le taux de chômage des immigrés est deux fois plus élevé que la moyenne, notamment car un immigré peut faire venir sa famille même s'il ne travaille pas », affirme Michel Godet. Selon lui, le regroupement familial devrait n'être autorisé qu'au bout de trois ou quatre ans, « une fois que l'intégration par le travail a réussi ».
« Il faut plus d'immigrés, en France comme en Europe », lance Michel Godet, professeur au Conservatoire national des arts et métiers. « On a besoin de bras et de cerveaux, et on s'enrichit de l'immigration », insiste cet économiste.Selon lui, il va manquer « au moins 35 millions d'actifs d'ici à 2030 » à l'Europe. C'est donc « une erreur de dire qu'il faut limiter l'immigration...
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